Actualités of Saturday, 6 September 2025

Source: www.camerounweb.com

RDPC: violente guerre entre cadres à Douala, Paul Biya interpellé

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La commune d'arrondissement de Douala 2ème connaît une crise politique majeure qui oppose frontalement des conseillers municipaux RDPC à leur maire, Denise Fampou. Au cœur du conflit : des accusations de tentative de détournement de terrains publics destinés à un projet de réhabilitation évalué à plus de 20 milliards de FCFA.


Menés par Charles Elie Zang, quatre conseillers municipaux ont pris l'initiative rare de dénoncer publiquement leur propre maire. Dans une correspondance adressée simultanément à Denise Fampou, au ministre de la Décentralisation et à la Présidence de la République via le ministre d'État Ferdinand Ngoh Ngoh, ils accusent l'édile de vouloir "détourner au profit personnel des terrains de l'État destinés à un projet de réhabilitation structurant".



Cette démarche, qualifiée de "hautement responsable" par ses auteurs, vise selon eux à "protéger leurs populations" et à "honorer la volonté et les promesses du Chef de l'État Paul Biya". Les conseillers affirment refuser de voir "l'image du Président de la République associée à des pratiques de corruption et d'enrichissement illicite".


Le différend porte sur l'affectation de terrains publics dans le cadre d'un vaste projet de réhabilitation urbaine. Les conseillers dénoncent particulièrement la situation des "commerçants déguerpis sans aucun préavis" et évoquent les destructions au marché de la gare de Newbell en 2023, toujours non réhabilité.
Ils soulignent l'impact social de ces démolitions, mentionnant "le désarroi des populations locales qui auront des milliers d'emploi à travers ce projet validé par les autorités compétentes" et critiquent les "casses illégales" de plusieurs marchés : celui de la Gare, de Nkolouloun et du Marché des Femmes au quartier Funkel.


Les conseillers dirigent également leurs critiques vers Jean Stéphane Biatcha, président des Synergies Africaines et figure influente du RDPC local. Ils l'accusent d'avoir "déformé sciemment" leurs propos et d'avoir "transformé une démarche patriotique en arme de diversion politique à des intérêts personnels".
Dans une lettre de réponse particulièrement virulente, les conseillers questionnent les motivations de Biatcha : "Qu'est-ce que vous y gagnez ?" et suggèrent l'existence d'"un gain à partager" qui expliquerait son soutien à la maire. Ils l'accusent même d'être arrivé "dans le RDPC par la toiture" et de n'avoir manifesté son militantisme qu'à partir de 2004.


Le conflit prend une dimension plus grave avec des accusations croisées de trahison. Les conseillers rappellent que lors des élections présidentielles de 2018, "votre protègée ainsi que certaines figures de votre clan, percevaient de l'argent d'un célèbre opposant dans le but de faire perdre Notre Candidat Naturel".
Cette accusation de collaboration avec l'opposition pendant une campagne présidentielle constitue l'une des charges les plus graves dans ce conflit interne au parti au pouvoir.


Les conseillers revendiquent une légitimité historique au sein du RDPC, certains militants depuis 1987, et dénoncent l'arrivée tardive de leurs adversaires dans le parti. Ils évoquent leur parcours "des Cellules, Comités de Base jusqu'à la Section" et leurs fonctions dans diverses commissions de campagne depuis 2002.
Cette bataille d'ancienneté révèle les tensions profondes au sein de l'appareil du RDPC local, où les "barons" historiques s'opposent aux nouveaux venus soutenus par la hiérarchie nationale.


Le conflit s'inscrit dans la perspective des élections municipales de 2026. Les conseillers accusent Biatcha de "contraindre certains Conseillers Municipaux à rejoindre le train de la magouille" en leur "promettant une potentielle investiture lors des élections municipales".
Cette dimension électorale transforme le conflit local en enjeu de positionnement pour les futures échéances, chaque camp tentant de sécuriser ses positions.


Cette crise à Douala 2ème illustre les fractures internes du parti au pouvoir à quelques semaines de l'élection présidentielle. Alors que Paul Biya brighe un huitième mandat, ces divisions locales risquent de fragiliser la mobilisation du parti dans l'une des principales villes du pays.


Les conseillers rebelles concluent leur lettre en rappelant que "Le Président National du RDPC, Son Excellence PAUL BIYA, à travers le Comité Central, est le SEUL GARANT des investitures dans le RDPC", suggérant un recours à l'arbitrage suprême du parti.


Cette guerre ouverte entre militants du même parti révèle les tensions entre intérêts locaux et discipline partisaniste, entre légitimité historique et soutiens hiérarchiques, dans un contexte où les enjeux financiers considérables attisent les convoitises et exacerbent les rivalités politiques.