Actualités of Thursday, 18 December 2025

Source: www.camerounweb.com

Révélations exclusives : un paiement in extremis sauve Etoudi, honte évité à Paul Biya

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Dans une course contre la montre méconnue du grand public, le Cameroun a évité une humiliation diplomatique historique en réglant partiellement ses dettes envers l'Union africaine. Jeune Afrique révèle en exclusivité les dessous d'une opération financière d'urgence qui a permis à Yaoundé de retrouver ses droits au sein de l'organisation panafricaine.


Selon un document officiel exclusif obtenu par Jeune Afrique, daté du 16 décembre et signé par Yaouba Abdoulaye, ministre délégué auprès du ministre des Finances, le Cameroun devait initialement 2 803 988,75 USD à l'UA, soit plus de 1,5 milliard de francs CFA. Un montant considérable qui avait déclenché des sanctions préventives automatiques.



Jeune Afrique a pu établir que le régime de sanctions de l'UA, adopté en 2018 mais peu médiatisé, fonctionne selon un système gradué particulièrement strict. Après six mois d'impayés, un État perd automatiquement son droit de parole. Au-delà d'un an, c'est le droit de vote qui est menacé. Après deux ans, l'exclusion pure et simple devient possible.


"Le Cameroun se trouvait dans une zone rouge critique", confie une source diplomatique à Addis-Abeba contactée par Jeune Afrique. "Sans ce paiement du 10 novembre, Yaoundé aurait pu se retrouver dans une situation similaire à celle des pays ayant subi des coups d'État."

L'enquête de Jeune Afrique révèle que le 10 novembre 2025, dans la plus grande discrétion, le gouvernement camerounais a effectué un virement de 1 052 862 664 F CFA. Ce montant, soigneusement calibré, représente environ 37% de la dette totale, mais surtout le seuil minimal permettant de lever les sanctions immédiates.

"Ce n'est pas un hasard si le paiement a été effectué juste avant le sommet de février", analyse un expert des finances publiques africaines interrogé par Jeune Afrique. "Le timing était calculé pour permettre au Cameroun de participer pleinement aux discussions stratégiques à Addis-Abeba."

Des arriérés persistants sans conséquences... pour l'instant
Malgré ce déblocage, Jeune Afrique a appris que le solde restant d'environ 1,7 milliard de F CFA demeure impayé. Toutefois, selon les règles de l'UA, ce montant résiduel n'entraîne pas de nouvelles sanctions tant que de nouveaux arriérés ne s'accumulent pas.

Des sources gouvernementales, contactées par Jeune Afrique sous couvert d'anonymat, évoquent "des difficultés de trésorerie liées aux engagements multiples du Cameroun, notamment l'organisation de la CAN 2025 et les projets d'infrastructures". Une explication qui peine à convaincre les observateurs, le montant en jeu représentant moins de 0,01% du budget national camerounais.


Jeune Afrique peut confirmer que grâce à ce paiement partiel, le Cameroun sera bien présent et actif lors du prochain sommet de l'UA en février 2026 à Addis-Abeba. Le pays retrouve ainsi sa pleine capacité à participer aux décisions stratégiques continentales, notamment sur les questions de sécurité au Sahel et dans le Golfe de Guinée.

Cette affaire, révélée par Jeune Afrique, soulève néanmoins des questions sur la gestion des finances publiques et les priorités budgétaires du Cameroun dans un contexte économique continental tendu.