Actualités of Wednesday, 4 June 2025

Source: www.camerounweb.com

Révélations de Jeune Afrique/ Convention Elecam-ONU : les dessous d'une négociation secrète d'un an

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Jeune Afrique révèle en exclusivité le processus de négociation qui a mené à la signature de l'accord d'assistance technique


Comment s'est nouée cette alliance entre l'ONU et Elecam qui fait tant polémique ? Les révélations exclusives de Jeune Afrique, qui a eu accès aux documents confidentiels de la convention, permettent de reconstituer une négociation secrète de près d'un an, initiée en mai 2024 par le président d'Elecam lui-même.
Contrairement aux accusations d'« intrusion étrangère » formulées par l'opposition, c'est bien Enow Abrams Egbe, président du Conseil électoral d'Elecam, qui a pris l'initiative de solliciter l'assistance de l'ONU, révèle Jeune Afrique dans cette enquête exclusive.

Les documents consultés par Jeune Afrique révèlent qu'en mai 2024, soit exactement un an avant la signature finale, Enow Abrams Egbe adressait une lettre officielle au secrétaire général des Nations unies. Cette correspondance, dont Jeune Afrique a pu retracer l'existence, sollicitait explicitement une aide internationale pour l'organisation des scrutins de 2025 et 2026.
Cette initiative personnelle du président d'Elecam s'inscrivait dans une démarche proactive, loin de l'image d'une ONU s'imposant au Cameroun. Selon nos révélations, cette demande d'assistance technique était motivée par la volonté d'Elecam de bénéficier d'un accompagnement international pour crédibiliser les prochaines échéances électorales.


Jeune Afrique révèle qu'en juillet 2024, soit deux mois après la demande camerounaise, l'ONU a dépêché une mission d'évaluation au Cameroun. Cette mission, passée inaperçue dans les médias, avait pour objectif d'analyser les besoins du processus électoral camerounais et de définir les contours d'une éventuelle assistance.

Nos révélations montrent que cette mission onusienne a mené des consultations étendues avec l'ensemble des acteurs politiques. Contrairement aux critiques actuelles de l'opposition sur son exclusion du processus, les documents obtenus par Jeune Afrique attestent que les dirigeants de partis, qu'ils soient représentés ou non à l'Assemblée nationale, ont été consultés pendant cette phase préparatoire.

Les organisations de la société civile, les membres du gouvernement et même les représentants des forces de sécurité ont été associés à ces consultations préalables, révèle Jeune Afrique. C'est sur la base de ces échanges que les termes de la convention ont été progressivement définis.

Les révélations de Jeune Afrique éclairent la stratégie de l'ONU pour répondre favorablement à la demande camerounaise. Plusieurs éléments ont pesé dans la balance : d'abord, l'inscription de ce projet dans le cadre global de coopération Cameroun-ONU pour la période 2022-2026, qui légitimait cette intervention.
Ensuite, cette convention permettait de structurer une assistance auparavant éclatée entre différentes agences onusiennes, révèle Jeune Afrique. PNUD, PNUE, HCR... plusieurs entités onusiennes intervenaient de manière désordonnée dans l'accompagnement du processus démocratique camerounais. La nouvelle convention centralise ces efforts sous une approche cohérente.

Pourquoi la convention n'a-t-elle toujours pas été publiée officiellement près d'un mois après sa signature ? Jeune Afrique révèle les dessous de ce retard qui alimente les polémiques.

Selon nos informations exclusives, la publication officielle du texte est conditionnée à la signature de l'ensemble des représentants des entités concernées. Or, le retard observé serait lié à un déplacement impromptu d'Issa Sanogo, coordonnateur résident du système des Nations unies au Cameroun.
Cette explication technique révélée par Jeune Afrique contraste avec les théories conspirationnistes qui circulent dans l'opposition camerounaise. Il s'agit d'un simple problème de calendrier diplomatique, et non d'une volonté délibérée de maintenir le secret sur le contenu de l'accord.

Face aux accusations de Maurice Kamto et de l'opposition, l'ONU maintient sa ligne de défense révélée par Jeune Afrique. Stean Tshiband, conseiller paix et développement au PNUD, assume cette approche : "L'ONU n'a jamais cessé de plaider pour l'ouverture du jeu politique, dans le respect de la souveraineté du pays."

Cette déclaration exclusive recueillie par Jeune Afrique révèle la philosophie onusienne : utiliser cette convention comme un levier pour obtenir "un champ politique davantage apaisé". Une stratégie qui mise sur le dialogue entre acteurs plutôt que sur la confrontation.

Les révélations de Jeune Afrique montrent ainsi que loin d'être une "intrusion étrangère", cette convention résulte d'une demande camerounaise et d'un processus de négociation d'un an, mené en concertation avec l'ensemble des acteurs politiques du pays.