En l'état actuel des choses, quel est le candidat capable de venir à bout de Paul Biya, homme mis en avant par le parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) ? La question peut se poser et une réponse ne doit pas être difficile à trouver, avec la campagne présidentielle en cours qui livre des vérités avant de passer aux urnes.

Le membre fondateur de la Ligue des droits et libertés (LDL), ancien conseiller juridique du Social democratic front (SDF), Amédée Dimitri Touko, y va de son point de vue. Un homme peut renverser le régime selon lui.

Depuis quelques semaines, nous sommes accrochés aux lèvres de deux des candidats majeurs à l'élection présidentielle, desquels on attend une « coalition » qui dit-on, mettra fin au règne interminable du plus vieux dictateur au monde. Cette attente est confortée par des leaders de l'opposition qui la présentent comme la panacée...

Pour ceux qui comme moi observent avec une certaine attention les jeux et enjeux politiques de cette élection, dans un contexte où les deux candidats desquels on attend la coalition sont issus du pouvoir, au nom de quels actes, de quelles déclarations, de quel projet peut-on aujourd'hui légitimement penser que Bello Bouba Maïgari ambitionnerait d'être dans un gouvernement nouveau régime, présidé par Issa Tchiroma Bakary ? À quels titres peut-on penser que Bello Bouba Maïgari exècre désormais le régime Biya au point d'envisager une « union diabolique » pour le faire tomber ?

Parfois, je me dis qu'il faut qu'on arrête de faire les cons... Comme j'aimerais bien pouvoir me tromper sur ce coup. N'est-ce pas finalement un moyen qui nous évite, nous le peuple et nos leaders un investissement politique dont on n'aimerait pas assumer les risques ? Très facilement comme toujours, on brandit l'indomptabilité de Biya. Pourtant on sait que sans la fraude, sa vulnérabilité est totale. Fru Ndi l'a battu Biya en 1992 et Kamto l'a également battu en 2018. Pourquoi ne sont-ils pas au pouvoir ?

Nous savons également que ces candidats n'ont pas les moyens de pourvoir en délégués et scrutateurs, les 36 000 bureaux de votes de cette élection. Supposons que par extraordinaire ils parviennent à un accord la semaine prochaine, alors que les accréditations des délégués auprès d'Elecam sont terminées, avons-nous été conséquents, quand on continue de les appeler à la coalition aujourd'hui sachant que nous ne pourrons plus leur fournir le nerf de la guerre ?

Pour ma part, je préfère y aller tout de suite et donner tous les moyens à celui qui me paraît plus apte à renverser la dictature même si j'ai tort in fine que de rien faire et avoir raison de n'avoir rien fait à la fin. Voilà de mon point de vue des réflexions froides, à mener, dépouillées des slogans qui enivrent inutilement le peuple.