Actualités of Friday, 26 December 2025

Source: www.camerounweb.com

Réunion explosive à Etoudi : quand les barons du régime se déchirent en pleine présidence

Jeune Afrique révèle les détails d'une confrontation inédite au sommet de l'État camerounais, où le ministre de la Communication René Emmanuel Sadi a violemment interpellé le secrétaire général de la présidence devant ministres et parlementaires.

Les murs de la présidence de la République du Cameroun ont rarement été témoins d'une telle scène. Le 8 juillet 2025, lors d'une réunion préparatoire à l'élection présidentielle du 12 octobre, l'impensable s'est produit : un affrontement direct entre deux poids lourds du régime, révèle Jeune Afrique dans son édition du 26 décembre.


Selon les révélations exclusives de Jeune Afrique, c'est Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, qui a mis le feu aux poudres en ouvrant la réunion par des "piques à peine voilées" contre René Emmanuel Sadi, ministre de la Communication. Le reproche ? Ses récentes déclarations médiatiques qui relèveraient de "l'improvisation".

La réponse de Sadi ne s'est pas fait attendre. Jeune Afrique rapporte ses mots cinglants : "Pour qui vous prenez-vous, Monsieur Ngoh Ngoh ? Votre imposture doit cesser. Voilà plus de quarante ans que nous servons le président de la République avec loyauté et abnégation."

Une charge frontale inédite qui témoigne de l'exaspération d'un baron historique du régime face à ce qu'il perçoit comme une confiscation du pouvoir.
La bataille de la communication présidentielle

Au cœur du conflit se trouve une question cruciale : qui a le droit de parler au nom du président Paul Biya ? Jeune Afrique dévoile que la veille de cette réunion houleuse, René Emmanuel Sadi s'était montré particulièrement prudent sur RFI concernant une éventuelle candidature du chef de l'État, déclarant : "Je ne suis pas un devin. Il se prononcera en son âme et conscience."
À l'opposé, Jacques Fame Ndongo, ministre de l'Enseignement supérieur, avait affirmé sur la même antenne que "Paul Biya sera candidat à 100%". Selon les informations recueillies par Jeune Afrique, c'est précisément cette cacophonie qui a alimenté la colère de Sadi lors de la réunion du 8 juillet.
"Le président ne vous a donné aucune instruction. Il faut que cela cesse", aurait lancé le ministre de la Communication à son collègue Fame Ndongo, rapporte le magazine panafricain.

Jeune Afrique révèle que Grégoire Owona, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, a pris la parole après Sadi pour regretter "une cacophonie au sommet de l'État". À l'inverse, Philippe Mbarga Mboa, ministre chargé de mission à la Présidence, s'est désolidarisé des propos du ministre de la Communication.
Il a fallu l'intervention de Joseph Beti Assomo, ministre de la Défense, pour ramener le calme. Selon Jeune Afrique, ce dernier a recentré le débat sur les difficultés sociales et mis en garde contre "l'arrogance du pouvoir", évoquant même le risque d'une "surprise désagréable" lors du scrutin.


Cette confrontation révélée par Jeune Afrique illustre une fracture plus profonde au sein du régime camerounais. D'un côté, les barons historiques qui ont accompagné Paul Biya depuis des décennies et qui estiment avoir gagné le droit de parler sans filtre. De l'autre, un nouveau cercle de pouvoir, incarné par Ferdinand Ngoh Ngoh et perçu comme proche de la première dame Chantal Biya.
La scène du 8 juillet, dévoilée aujourd'hui par Jeune Afrique, confirme que la transition au sommet de l'État camerounais ne se fera pas sans heurts. Elle montre également que certains caciques du régime ne sont plus prêts à courber l'échine devant ce qu'ils considèrent comme une usurpation de prérogatives.
Six mois après cet épisode explosif, les tensions n'ont fait que s'accentuer, comme en témoigne la récente sortie de Sadi sur les réseaux sociaux après le décès en détention de Georges Anicet Ekane. Le ministre de la Communication continue de défier, à sa manière, l'ordre établi par le nouveau cercle rapproché du pouvoir.