Politique of Wednesday, 17 December 2025

Source: www.camerounweb.com

Rébellion au RDPC : un proche Paul Biya compte sur le remaniement pour sauver le parti

Le climat de sérénité affiché par le RDPC, lors du processus électoral pour la présidentiel d’octobre 2025 qui vu la réélection de Paul Biya à la tête du Cameroun, semble être totalement compromis à l’issu des régionales tenues sur toute l’étendue du territoire nationale le 16 décembre.

En effet, dans certaines régions du pays, notamment le Sud et l’Est, les candidats présentés par le comité central du RDPC, avec à sa tête Jean Nkuété, ont été fortement contestés. Mécontents des choix du parti, des militants ont eux-mêmes présentés des candidats à ce scrutin.

Cette situation fait réagir des barons du parti de Paul Biya. C’est le cas de Christophe MIEN ZOK. Dans une tribune publiée à l’issu du scrutin, ce dernier tire la sonnette d’alarme et parle de rébellion au sein du parti. Pour lui, « il s’agit d’un mauvais signal, d’autant plus mauvais et dangereux qu’il provient du Sud, région natale du président de la République, président national du RDPC, longtemps considérée comme « socle granitique » du parti ».

La rédaction de CamerounWeb vous propose, ci-dessous, l’intégralité de la tribune

Mauvais signal

Chaque militant du RDPC pourra se faire son opinion et tirer des leçons, bonnes ou mauvaises, de ce qui s’est passé hier mardi 16 décembre 2025 au cours de la session de plein droit au sein des conseils régionaux issus des élections du 30 novembre 2025.

Conformément à ses traditions et à ses textes statutaires, le RDPC a désigné des mandataires dans les dix régions pour encadrer et superviser les opérations en vue de la mise en place des exécutifs régionaux. En dépit de quelques rodomontades et coups de menton dans les réseaux sociaux, les directives du Parti ont été globalement respectées, à quelques exceptions près.

Ainsi, les candidats ayant reçu l’investiture du Parti, confirmée au sein du groupe régional composé des élus du RDPC, ont été pour la plupart élus haut la main, avec des scores proportionnels à la confiance que les militants accordent au Président national et aux instances dirigeantes du Parti.

Dans la région de l’Est, un candidat non investi a cru devoir maintenir sa candidature en bravant les consignes de discipline. Il a été régulièrement battu.

Le cas qui interpelle le plus reste celui de la région du Sud où la session de plein droit a dû être reportée sine die par le gouverneur de la région, représentant de l’État. Quelle image ! En effet, certains conseillers régionaux ont décidé de rejeter ce qu’ils appellent, de manière péjorative, le « pli fermé » du Comité central, autrement dit les camarades choisis par la hiérarchie du Parti.

Quelle que soit l’issue de ce bras de fer entre le Parti et certains de ses élus qui pourtant eux-mêmes ont bénéficié de l’investiture pour être sur la liste des candidats, il s’agit d’un mauvais signal, d’autant plus mauvais et dangereux qu’il provient du Sud, région natale du président de la République, président national du RDPC, longtemps considérée comme « socle granitique » du parti.

Déjà en 2020, aux élections municipales, Sangmélima n’avait pas brillé par le bon exemple. Bengbis lui emboîtera le pas dans le mauvais sens à l’occasion des opérations de renouvellement des bureaux des organes de base.

Suite à la multiplication de ces incidents, nous dénoncions il y a quelques années dans ces colonnes le mauvais exemple venu du Dja-et-Lobo qui, pour beaucoup de militants du RDPC, était pourtant considéré comme « le cœur du réacteur » de la centrale nucléaire du parti. Après le Dja-et-Lobo, voici venu le tour de la Mvila. Une telle défiance, qui frise la rébellion, interroge les dessous et les motivations de ces actes d’indiscipline notoires. Gare aux réactions en chaîne.

Entendons-nous bien : les investitures et la discipline figurent dans les textes du parti comme autant de gages en vue du bon fonctionnement et de la cohésion dans les rangs du RDPC. Les militants ont parfaitement le droit d’exprimer leurs ambitions, leurs frustrations et leur mécontentement, mais en aucun cas ils ne doivent mettre en péril l’existence même du parti et son unité. L’investiture n’exclut pas l’expression démocratique.

En cette entame de septennat dont les débuts sont plutôt tumultueux, le RDPC devrait montrer le bon exemple et présenter aux Camerounais le visage d’un parti uni, soudé, apaisé, rassemblé autour de son chef et focalisé sur ses objectifs.

Les couacs enregistrés dans le Sud et à l’Est méritent d’être pris au sérieux et traités comme tels : des avertissements sans frais en vue des prochaines échéances électorales qui arrivent à grands pas. Chapeau aux huit autres régions qui ont scrupuleusement suivi les consignes de la hiérarchie du parti.

Dans l’Adamaoua, le RDPC a effectivement (re)pris la présidence du Conseil régional, alors qu’il y a un changement dans l’Extrême-Nord. Dans toutes les autres, c’est la prime aux sortants. À la fin de leur deuxième mandat, les militants seront en droit d’être encore plus exigeants par rapport à leurs performances.

Quant à la promesse du président Paul Biya de consacrer ce septennat aux femmes et aux jeunes, elle reste timide au regard des changements opérés dans les bureaux des exécutifs régionaux. Mais l’espoir n’est pas perdu au moment où tous les yeux des Camerounais restent rivés sur le Palais présidentiel d’Etoudi en attendant le big-bang du remaniement ministériel maintes fois annoncé et toujours espéré.

C’est dans ce climat d’attente et d’espérance que la Rédaction prend congé de vous pour une pause bienfaisante de deux semaines environ. Retrouvons-nous, si vous le voulez bien, et avec un plaisir renouvelé, le 5 janvier 2026.

Bonnes et heureuses fêtes de fin d’année et tous nos vœux de bonheur, de santé et de prospérité pour 2026.

Par Christophe MIEN ZOK