Actualités of Thursday, 15 May 2025

Source: www.camerounweb.com

RÉVÉLATIONS : 104 milliards de Fcfa dépensés par la famille Biya en Suisse

Une série de rapports et l'affaire judiciaire impliquant Brenda Biya mettent en lumière les dépenses colossales du président camerounais et de sa famille en Suisse, alors que le pays fait face à de multiples crises.

L'ampleur des dépenses de la famille présidentielle camerounaise à l'étranger continue de susciter l'indignation. Selon une enquête approfondie publiée par l'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), le président Paul Biya aurait dépensé près de 177 millions de dollars (environ 104 milliards de FCFA) pour ses séjours privés à Genève entre 1982 et 2018.

Ces révélations surviennent dans un contexte où le Cameroun traverse de graves crises sécuritaires, économiques et sociales, avec une grande partie de la population vivant sous le seuil de pauvreté.L'étude de l'OCCRP révèle également que le président Biya a cumulé durant tous ses mandats plus de 1600 jours de séjour privé hors de son pays, soit l'équivalent de 4,38 années d'absence pour des motifs non officiels. Une situation qui pose question quant à la gouvernance effective du pays pendant ces périodes prolongées.

"Comment un chef d'État peut-il prétendre diriger efficacement un pays aussi complexe que le Cameroun en étant physiquement absent pendant des périodes aussi longues?", s'interroge Dr. Martin Ebongue, analyste politique et enseignant à l'Université de Yaoundé II.
La récente condamnation de Brenda Biya, fille du président camerounais, par la justice suisse pour "diffamation" après un différend avec la chanteuse Dencia, a involontairement mis en lumière le train de vie luxueux de la famille présidentielle à Genève.

Lors des audiences, il est apparu que Mlle Biya fréquente depuis de nombreuses années l'hôtel Intercontinental de Genève, où une suite lui est réservée à l'année. Elle a d'ailleurs déclaré voyager entre le Cameroun et la Suisse depuis l'âge de 12 ans, un privilège inaccessible à l'immense majorité des Camerounais.
Ces dépenses somptuaires sont directement prélevées sur les caisses de l'État camerounais, comme le confirment plusieurs sources concordantes. "Ce qui signifie que c'est l'argent du contribuable, des Camerounais ordinaires, qui finance ce train de vie", souligne Me Alice Nkom, avocate et militante des droits humains.

Pendant ce temps, les infrastructures de base comme les hôpitaux, les écoles et les routes demeurent dans un état de délabrement avancé dans plusieurs régions du pays. Le taux de chômage des jeunes atteint des sommets et l'insécurité alimentaire touche de nombreuses familles.

Face à ces révélations embarrassantes, certains observateurs notent une tendance de l'administration Biya à détourner l'attention vers d'autres cibles. "Aujourd'hui, le pouvoir veut nous faire croire que le problème du Cameroun c'est l'opposition politique et les ONG qui dénoncent ces abus", analyse Jean-Pierre Mbida, éditorialiste politique.

Les autorités camerounaises ont récemment durci le ton contre plusieurs organisations non gouvernementales et figures de l'opposition, accusées de "déstabiliser" le pays.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux citoyens camerounais expriment leur indignation face à ces révélations. "Comment peut-on accepter qu'un seul homme et sa famille dépensent l'équivalent du budget annuel de plusieurs hôpitaux pour des séjours de luxe à l'étranger?", s'interroge un internaute.

D'autres pointent le contraste saisissant entre le faste des voyages présidentiels et la réalité quotidienne de la majorité des Camerounais. "Pendant que des milliers d'enfants étudient assis par terre dans des salles de classe surchargées, notre président séjourne dans des suites à plus de 40 000 euros la nuit", déplore un autre.

Face à ces révélations, plusieurs voix s'élèvent pour demander plus de transparence dans la gestion des fonds publics au Cameroun. Des organisations de la société civile réclament la publication détaillée des dépenses présidentielles et la mise en place de mécanismes de contrôle plus rigoureux.
"Il est temps que les Camerounais sachent exactement combien coûte leur président et si ces dépenses sont justifiées au regard de la situation économique du pays", estime Jean-Marc Bikoko, président de la Centrale syndicale du secteur public.