Actualités of Tuesday, 2 September 2025

Source: www.camerounweb.com

Procès Martinez Zogo : les langues se délient, des témoignages bouleversants révèlent les détails de la découverte

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Deux ans et demi après l'assassinat du journaliste Martinez Zogo, le procès franchit une étape décisive au tribunal militaire de Yaoundé. Les premiers témoins à charge ont livré des récits saisissants sur les circonstances tragiques de la découverte du corps.



Le lundi 1er septembre 2025 restera gravé dans les annales judiciaires camerounaises. Après des mois de procédures, l'affaire Martinez Zogo est enfin entrée dans le vif du sujet devant le tribunal militaire de Yaoundé. Une journée marquée par des témoignages poignants qui ont rappelé l'horreur de cette affaire qui continue de hanter la conscience nationale.


Le premier témoin à s'exprimer devant la cour est un jeune agriculteur du village d'Ebogo III, situé dans les environs de Yaoundé. Son témoignage, livré d'une voix tremblante, a replongé l'assistance dans l'atmosphère macabre du 21 janvier 2023.
Selon ses déclarations, c'est lors de son jogging matinal qu'il aurait fait cette découverte atroce : le corps sans vie de Martinez Zogo, abandonné dans une carrière désaffectée. "Le corps était nu, dans un état de décomposition très avancée", a-t-il confié à la barre, visiblement marqué par ce souvenir traumatisant.


Le témoin a également mentionné la présence troublante d'un fil de sèche-linge et de traces de pneus aux alentours, des indices qui pourraient s'avérer cruciaux pour l'enquête. Saisi d'effroi, le jeune homme avait alors pris la fuite avant d'alerter les autorités.



Cependant, le contre-interrogatoire a révélé certaines incohérences dans son récit, particulièrement concernant la chronologie des événements et la localisation précise des faits. Ces contradictions, soulignées par la défense, soulèvent des questions sur la fiabilité de ce témoignage clé.


Le témoin a également révélé avoir quitté son village pendant deux jours après sa découverte, avant d'être placé en garde à vue "pour sa protection", selon ses propres termes - un détail qui illustre l'atmosphère de peur qui a entouré cette affaire dès les premiers instants.


Le second témoin, chef traditionnel d'Ebogo III, a apporté une confirmation partielle du récit précédent. Il a déclaré avoir été informé de la découverte le soir même, vers 19 heures. Son témoignage a permis de reconstituer la chaîne des événements : deux déplacements sur les lieux le même soir, d'abord avec ses informateurs, puis avec les forces de l'ordre et du personnel médical.
Un détail troublant ressort de son récit : le corps est resté exposé toute la nuit sur les lieux de sa découverte. Ce n'est qu'au lendemain que les sapeurs-pompiers sont intervenus pour le transporter vers la morgue, après identification formelle.


Ces premiers témoignages, malgré leurs zones d'ombre, marquent l'ouverture tant attendue des débats de fond dans cette affaire qui a profondément marqué le paysage médiatique camerounais. Le directeur d'Amplitude FM, connu pour ses enquêtes sans concession sur la corruption, avait disparu le 17 janvier 2023 avant que son corps ne soit découvert quatre jours plus tard.
Le public camerounais, qui suit cette affaire avec une attention soutenue, attend désormais les témoignages des 42 autres témoins à charge. Chacun d'entre eux pourrait apporter une pièce supplémentaire au puzzle de cette enquête complexe.


Alors que la dépouille de Martinez Zogo demeure sous scellés à la morgue, l'espoir d'une vérité judiciaire se précise. Ce procès, qui mobilise l'attention nationale et internationale, représente un test crucial pour la justice camerounaise dans sa capacité à faire la lumière sur l'assassinat d'un journaliste qui dérangeait.


Les prochaines audiences s'annoncent décisives pour comprendre les circonstances exactes de ce crime qui a secoué non seulement la profession journalistique, mais l'ensemble de la société camerounaise. La quête de vérité pour Martinez Zogo ne fait que commencer.