Actualités of Thursday, 4 September 2025

Source: www.camerounweb.com

Procès Martinez Zogo : Un témoignage de cinq heures enfonce violement Justin Danwe

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Le tribunal militaire de Yaoundé a vécu mardi l'une de ses audiences les plus marquantes depuis l'ouverture du procès sur l'assassinat du journaliste Martinez Zogo. De nouveaux témoignages accablants ont été livrés, révélant des détails glaçants sur les circonstances de la mort de l'animateur de la radio Amplitude FM et pointant directement la responsabilité de plusieurs accusés.


L'audience de ce mardi 3 septembre a été dominée par l'audition de témoins à charge, dont les déclarations ont apporté un éclairage saisissant sur cette affaire qui secoue l'opinion publique camerounaise depuis plus de deux ans.


Le lieutenant-colonel César Daniel Dina Bell a ouvert le bal des témoignages avec une déclaration-fleuve de cinq heures qui a mis en cause son ancien supérieur hiérarchique, le lieutenant-colonel Justin Danwe, l'un des principaux accusés dans cette affaire.


Selon les informations rapportées par RFI qui a suivi l'audience, le témoin a révélé des détails troublants sur les agissements de Danwe dans les jours précédant et suivant la disparition du journaliste. Dina Bell a raconté comment son supérieur l'avait contacté par message à deux reprises : une première fois le 6 janvier 2023 pour lui demander l'adresse personnelle de Martinez Zogo, puis une seconde fois le 17 janvier, jour fatidique de la disparition du journaliste.
Cette seconde communication s'avère particulièrement révélatrice. Danwe aurait alors signifié à son subordonné qu'il n'était plus intéressé par cette "cible" - terme militaire qui prend ici une connotation sinistre - tout en lui demandant de manière pressante d'effacer tous leurs échanges relatifs à cette affaire.



Interrogé par les avocats sur son absence de réaction face à ces éléments troublants, le lieutenant-colonel Dina Bell a justifié son silence par sa "haute estime" pour Justin Danwe. Une explication qui a soulevé des questions sur la chaîne de responsabilités et la culture du silence au sein de l'institution militaire.



Le témoin a affirmé n'avoir établi le lien avec l'affaire Martinez Zogo qu'après la découverte macabre du corps du journaliste, plusieurs jours après sa disparition. Cette révélation tardive soulève des interrogations sur les dysfonctionnements potentiels dans la gestion de l'information au sein des forces de sécurité.


L'audience a également été marquée par le témoignage technique mais bouleversant du Dr Mogue, médecin légiste chargé de l'autopsie de Martinez Zogo. Son rapport a confirmé ce que les proches du journaliste redoutaient : la victime a subi des tortures physiques et sexuelles d'une violence inouïe avant de succomber.
Le médecin légiste a formellement établi que le lieu de découverte du corps, dans la localité d'Ebogo 3, constituait une scène de crime secondaire. Cette conclusion technique majeure signifie que Martinez Zogo a été assassiné ailleurs et que sa dépouille a été déplacée, suggérant une organisation criminelle sophistiquée et une volonté de brouiller les pistes.


La succession de témoignages et de preuves médico-légales présentés lors de cette audience dessine progressivement les contours d'un assassinat d'une violence extrême et manifestement prémédité. Les éléments recueillis tendent à démontrer l'existence d'un plan orchestré impliquant plusieurs intervenants et suggèrent une organisation criminelle structurée.


Ces révélations renforcent considérablement la gravité des faits reprochés aux accusés, notamment à Justin Danwe, dont l'implication semble de plus en plus avérée au regard des témoignages recueillis.

Le procès Martinez Zogo, suivi avec passion par l'opinion publique camerounaise et internationale, est encore loin de son épilogue. De nouvelles audiences sont programmées, et d'autres témoignages sont attendus pour éclairer définitivement les zones d'ombre de cette affaire qui a marqué le paysage médiatique camerounais.


L'espoir demeure que ces procédures judiciaires, malgré leur complexité, aboutiront à la manifestation de la vérité sur les circonstances exactes de la mort de Martinez Zogo et à la condamnation de tous les responsables de ce crime odieux contre la liberté de la presse.


Cette affaire reste un test majeur pour le système judiciaire camerounais et un symbole de la lutte pour la protection des journalistes dans un environnement médiatique souvent hostile aux voix critiques.