L’audience concernant Sisiku Julius Ayuk Tabe et neuf autres figures de la crise anglophone s’est ouverte et refermée ce jeudi devant la Cour suprême du Cameroun, pour être renvoyée au 15 janvier 2026. Leur principal avocat, le bâtonnier Akere Muna, a saisi cette occasion pour lancer un appel solennel au dialogue et à la réconciliation nationale, alors que le pays traverse une période de fortes tensions.
Huit ans après le début de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, ce procès hautement symbolique a repris dans un contexte « d’incertitude institutionnelle grandissante », a souligné l’éminent juriste. « La République ne retrouvera son cap qu’en s’attachant sans compromis à trois exigences: le dialogue, la réconciliation et la justice. Ce n’est pas un slogan; c’est la seule recette d’une paix durable », a-t-il déclaré.
Le bâtonnier Muna, défendant ses clients avec une équipe de quatorze avocats, a insisté sur le fait qu’une « justice retardée ne doit pas devenir une justice refusée ». Après une visite en prison à ses clients et une conférence préparatoire la veille de l’audience, la défense a exprimé sa détermination à poursuivre le combat judiciaire, tout en inscrivant celui-ci dans une perspective plus large de sortie de crise.
Citant l’archevêque Desmond Tutu et l’ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, l’avocat a appelé à une approche fondée sur les droits humains et le courage politique du dialogue. « Si vous voulez la paix, vous ne parlez pas à vos amis. Vous parlez à vos ennemis », a-t-il rappelé.
Le renvoi de l’affaire au début de l’année prochaine laisse en suspens le traitement judiciaire de ce dossier sensible. La défense a promis de revenir le 15 janvier 2026 « avec une détermination renouvelée », espérant que cette procédure pourra finalement « ouvrir la voie à un dialogue sincère ».
Cet ajournement intervient à un moment où les appels, tant nationaux qu’internationaux, se multiplient pour une résolution négociée du conflit qui dure depuis 2016. Le message du barreau, porté par l’une de ses figures les plus respectées, place délibérément l’exigence de justice au cœur du chemin vers la paix.









