Actualités of Wednesday, 2 July 2025
Source: www.camerounweb.com
Alors que les deux pays se préparent pour des élections simultanées en octobre, les observateurs internationaux semblent davantage préoccupés par la situation ivoirienne que camerounaise
À quelques mois des élections présidentielles prévues simultanément en octobre 2025 au Cameroun et en Côte d'Ivoire, un paradoxe interpelle les observateurs de la scène politique africaine. Malgré des défis structurels plus importants au Cameroun, l'attention internationale se concentre davantage sur les risques liés au scrutin ivoirien.
Cette situation surprenante s'explique en partie par les trajectoires économiques contrastées des deux pays. Sous la présidence d'Alassane Ouattara, la Côte d'Ivoire a doublé son PIB entre 2011 et 2025, devenant la première puissance "francophone" d'Afrique de l'Ouest. En parallèle, le Cameroun, jadis considéré comme son "jumeau" en Afrique centrale, a vu son PIB devenir inférieur de 40% à celui de son homologue ivoirien.
Cette dégradation économique camerounaise intervient après 43 années de règne de Paul Biya, qui entame sa 93e année et reste le candidat "naturel" de son parti pour un huitième mandat de sept ans.
À 83 ans, Alassane Ouattara pourrait terminer un nouveau mandat à 88 ans, tandis que Paul Biya pourrait frôler les 100 ans en fin de mandature. Mais au-delà de l'âge, c'est la question de l'exercice effectif du pouvoir qui préoccupe.
Si personne ne remet en question la capacité d'Alassane Ouattara à gouverner son pays, des doutes persistent depuis longtemps sur l'identité de celui qui dirige réellement le Cameroun. L'absence prolongée du président camerounais, qui ne tient plus de conseil des ministres depuis des années, alimente les spéculations sur un exercice délégué du pouvoir.
Cette situation s'est illustrée de manière frappante lors de la parade du 20 mai dernier, jour de la fête nationale camerounaise. La "grande sensation" pour les téléspectateurs était de voir, dans de brèves séquences, le président capable de marcher, témoignant de l'état d'incertitude qui entoure sa condition physique.
Des défis sécuritaires multiples
Ces problématiques sécuritaires s'ajoutent aux traditionnelles questions liées au fichier électoral et au code électoral, créant un climat d'incertitude généralisée.
Face à l'interdiction systématique des meetings de l'opposition sur le territoire camerounais, certains leaders politiques ont choisi de tenir leurs rassemblements à l'étranger. Un candidat à l'élection présidentielle a ainsi organisé un meeting place de la République à Paris pour s'adresser à ses partisans, d'autres envisageant de suivre cette voie.
Malgré ces défis, le "désir de changement s'affiche désormais sans la moindre ambiguïté à tous les niveaux, y compris dans les fiefs du pouvoir", selon les observateurs. Cette année est qualifiée d'"année de tous les dangers" par les analystes politiques.
Face à cette situation, certains experts préconisent une "transition douce" avec une personnalité du sérail capable de mener les réformes nécessaires avant de futures élections. Plusieurs profils correspondraient à cette mission historique, mais la question demeure : Paul Biya a-t-il encore la main pour permettre un tel scénario ?
Le précédent gabonais plane sur cette situation. Ali Bongo Ondimba, lourdement handicapé, avait laissé son pays dériver en "pilotage automatique" avant d'être renversé par un coup d'État militaire célébré par la population.
Les prochains mois s'annoncent cruciaux pour déterminer si le Cameroun saura éviter une crise majeure ou si, comme le suggèrent certains observateurs, "le business as usual ne passera plus" et que "le rejet du pouvoir pourrait s'affirmer de manière plus frontale".