Le confrère Boris Bertolt se le demande. À l’approche de l’élection présidentielle, le RDPC a dévoilé l’homme qui portera sa candidature. Comme il se susurrait déjà, c’est Paul Biya qui a été désigné. Mais à son âge, qu’a-t-il de plus à offrir au pays ? Opinion !
L’annonce de la candidature de Paul Biya, 92 ans, à l’élection présidentielle de 2025, n’est pas seulement une curiosité politique. C’est une alarme nationale. Alors que la majorité des Camerounais ont moins de 30 ans, le pays est une nouvelle fois invité à se placer sous la gouvernance d’un homme très âgé, absent de la scène publique, et dont les capacités à diriger un État moderne sont de plus en plus remises en question.
Depuis plusieurs années, le président n’apparaît plus que rarement, lit ses discours d’une voix faible, reste enfermé dans son palais, et semble coupé des réalités du pays. Pour de nombreux observateurs, le Cameroun est déjà dirigé par procuration, entre les mains d’un cercle restreint de proches et de fidèles qui gouvernent au nom d’un homme affaibli.
Dans les faits, c’est Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence de la République, qui dirige le pays dans l’ombre, fort du soutien actif de la première dame Chantal Biya. Ce tandem, sans légitimité élective, contrôle les rouages de l’État, prend les grandes décisions, et verrouille toute velléité de réforme ou de transition. Le Cameroun est ainsi dirigé par délégation, sans transparence ni débat, dans un climat de concentration du pouvoir entre les mains d’un clan.
Pourtant, à l’âge où la plupart des gens sont entourés de soins, de calme et de sérénité en fin de vie, Paul Biya s’apprête à solliciter un mandat de plus, sept ans encore, pour diriger un pays à bout de souffle.
Les conséquences sont déjà visibles : paralysie de l’administration, nominations prolongées en intérim, absence de projets structurants, désertification des institutions, perte de confiance de la jeunesse, et effondrement des services publics. Dans un contexte mondial en mutation rapide, le Cameroun est figé, incapable d’évoluer, pendant que les autres pays africains investissent dans la jeunesse, le numérique et les transitions.
Ce n’est pas une question d’âge pour discriminer, mais une question d’aptitude, de lucidité et de responsabilité. Peut-on sérieusement demander à un homme de 92 ans d’être l’artisan de la modernisation du Cameroun ? D’assurer la sécurité, la réforme de la justice, la relance économique et la transition énergétique ? La réponse est non.
Il est temps de dire clairement ce que beaucoup murmurent : le Cameroun est en danger. Ce danger ne vient pas de l’opposition, ni de l’extérieur, mais d’un système qui refuse obstinément de tourner la page, au prix de la stagnation nationale.
Même au sein du RDPC, de plus en plus de voix s’élèvent en silence. Des caciques comme René Sadi, Laurent Esso, et d’autres dignitaires du régime manifestent leur mécontentement, déplorant un pilotage du pays par des forces non constitutionnelles. Certains dénoncent une instrumentalisation du président, une dérive clanique du pouvoir, et un mépris croissant des équilibres internes du régime.
Les Camerounais doivent se poser une seule question : le pays peut-il survivre à sept années supplémentaires d’immobilisme, d’absence de vision, de gestion à distance par un homme de 100 ans ? Le destin d’un peuple ne peut plus être suspendu à la survie physique d’un seul homme.