La coalition pro-Biya accueille d'anciens militants du MRC et affiche une "ferveur presque mystique" à l'approche du scrutin
Monatele – À quelques jours de la présidentielle du 12 octobre, le G20 refait surface avec fracas. Selon des révélations exclusives de Jeune Afrique, cette coalition de partis pro-Biya, qui avait sombré dans l'oubli après 2018, annonce avoir recueilli l'adhésion de quinze nouveaux partis, portant ainsi son total à 35 formations politiques.
Parmi les nouvelles recrues figure Célestin Djamen, ex-militant du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, dont la candidature à la présidentielle a été rejetée par le Conseil constitutionnel, rapporte Jeune Afrique. Cette adhésion illustre la stratégie du pouvoir : récupérer des déçus de l'opposition pour renforcer l'image d'ouverture du régime.
Le magazine panafricain rapporte qu'à Monatele, dans la région du Centre, les membres du G20 ont affiché une "ferveur presque mystique" lors d'un rassemblement récent. "Nous soutenons sans ambiguïté un homme, une légende, un patrimoine national… Le président Paul Biya est une énigme, un élément sacré. Toute autorité vient de Dieu", a proclamé Célestin Djamen devant une foule conquise.
Jeune Afrique souligne que le G20 se revendique comme un mouvement "patriote et indépendant", mais agit en réalité comme un satellite du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir). La coalition, née au début des années 2010, avait déjà annoncé son soutien à Paul Biya lors du scrutin de 2018, mais était passée inaperçue à l'époque.
C'est l'activisme de Jean de Dieu Momo, ministre délégué à la Justice et nouveau chef de file du G20, qui lui a donné une seconde vie, révèle le magazine. Lors de la récente réunion de Monatele, Momo a renchéri sur le discours de Djamen : "Nous renforçons notre dorsale pour soutenir la stabilité, la démocratie apaisée et l'émergence."
Jeune Afrique rapporte qu'en 2018, les arguments du G20 étaient avant tout sécuritaires : crise anglophone, menace de Boko Haram, instabilité régionale. "Nous avons choisi la paix et la stabilité", plaidait déjà Jean de Dieu Momo à l'époque.
Dans le sillage du ministre délégué, le magazine identifie plusieurs personnalités qui s'étaient jointes au mouvement : Bapooh Lipot (UPC), Banda Kani (Nouveau mouvement populaire), Benz Enow Bate (Parti démocratique camerounais) ou encore Assana Marie Gisèle (Révolution camerounaise du peuple uni). Tous plaidaient pour une continuité au sommet de l'État.
Selon Jeune Afrique, le discours du G20 consistait à expliquer que l'opposition étant divisée, aucune alternative crédible n'existe et que, par conséquent, Paul Biya demeure le garant d'une nécessaire stabilité. "Le pays est en crise. Une alternance pourrait créer plus de problèmes qu'elle n'en résoudrait. Dans les moments critiques, le chef a besoin du soutien de tous", justifiait Joachim Tabi Owono, président national de l'Action pour la méritocratie et l'égalité des chances (Amec), décédé en 2021, rapporte le magazine.
Jeune Afrique note que les déclarations quasi-religieuses du G20 ont déclenché une vague de réactions sur les réseaux sociaux, oscillant entre ironie et fascination. Le magazine révèle également que les membres de la coalition concèdent, en coulisses, y trouver leur compte : un portefeuille ministériel pour les plus en vue, une visibilité accrue pour tous, ou un ancrage local renforcé et des accords locaux avec le parti au pouvoir pour certains autres.
"Ce sont des boutiquiers politiques", tranche David Lobe, cadre de l'Union des mouvements socialistes (UMS) de Pierre Kwemo, cité par Jeune Afrique.
Face à ces accusations, Bapooh Lipot, membre historique du G20, se défend auprès de Jeune Afrique : "Tant que l'opposition ne proposera pas une alternative crédible, nous refusons de livrer le pays à l'aventure".
Le magazine souligne que cette position intervient alors que la présidentielle du 12 octobre est marquée par le retour dans l'opposition de deux anciens membres de la majorité – Bello Bouba Maïgari et Issa Tchiroma Bakary. Malgré ces défections symboliques, le G20 persiste et signe dans son choix de continuité absolue derrière Paul Biya.
Jeune Afrique conclut que le G20 remplit une fonction stratégique pour le régime : offrir au parti au pouvoir l'occasion de présenter des alliés venus de l'opposition et de combattre l'image d'un RDPC tout-puissant et d'un système politique verrouillé. Une vitrine d'ouverture qui masque mal la concentration du pouvoir autour d'un seul homme depuis plus de quatre décennies.Retry