Actualités of Saturday, 4 October 2025

Source: www.camerounweb.com

Présidentielle camerounaise : Issa Tchiroma Bakary s'impose comme le nouveau visage de l'opposition et mobilise à Yaoundé

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À huit jours du scrutin du 12 octobre, l'ancien ministre de Paul Biya a réussi son pari en rassemblant plusieurs centaines de sympathisants dans la capitale. Un meeting qui confirme son statut de principal challenger du président sortant, dans un contexte d'opposition fragmentée.

Vendredi 3 octobre, le stade de Yaoundé a vibré aux couleurs du Front pour le salut national du Cameroun. Issa Tchiroma Bakary, 76 ans, ancien ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, a réussi à mobiliser plusieurs centaines de personnes pour son grand meeting de campagne, selon les informations exclusives de Jeune Afrique.

Face à une foule enthousiaste, le candidat n'a pas caché ses ambitions. Dans des propos rapportés par Jeune Afrique, Issa Tchiroma Bakary a affirmé avec assurance : "Le peuple a organisé sa propre coalition, il a identifié son leader, et il a demandé à son immense majorité de voter pour Tchiroma."
Une déclaration qui résonne comme une réponse aux critiques sur l'incapacité de l'opposition à présenter un front uni. Alors que les tentatives de coalition ont échoué, l'ancien ministre estime que c'est désormais le terrain qui tranche et désigne le candidat le plus crédible face à Paul Biya.

Jeune Afrique révèle qu'Issa Tchiroma Bakary, qui a démissionné de son poste ministériel en juin dernier, a réaffirmé sa volonté d'incarner "le changement" face à Paul Biya, candidat à la réélection à 92 ans après 43 ans au pouvoir.
Ce positionnement comme homme du renouveau peut sembler paradoxal pour un ancien cadre du régime. Pourtant, sur le terrain, le message semble passer auprès d'une partie de l'électorat en quête d'alternative.

Les témoignages recueillis par Jeune Afrique lors du meeting témoignent de l'engouement autour du candidat. Frank Lontsi, 32 ans, ingénieur en génie civil, ne cache pas son enthousiasme : "Il n'y a aucun doute sur le fait qu'Issa Tchiroma est aujourd'hui le leader de l'opposition au Cameroun."

Yves Feussom, un ingénieur civil de 37 ans également présent dans l'assistance, explique à Jeune Afrique les raisons de cet engouement : "Si la majorité suit Issa Tchiroma, c'est parce qu'il a été clair dès le départ : il se présente pour un mandat de transition de trois à cinq ans afin d'assainir le système."
Cette promesse d'une présidence de transition semble séduire une partie de l'électorat camerounais, lassée par plus de quatre décennies de règne de Paul Biya.

Le meeting de Yaoundé intervient dans un contexte de recomposition de l'opposition camerounaise. Jeune Afrique rapporte que l'opposant Maurice Kamto, dont la candidature avait été rejetée début août, a appelé la semaine dernière les électeurs à "voter librement" dans une vidéo publiée sur sa page officielle Facebook.

Un message ambigu qui ne constitue pas un soutien explicite à Issa Tchiroma Bakary, mais qui laisse ses partisans libres de leurs choix. Dans ce vide stratégique, l'ancien ministre semble avoir su occuper l'espace disponible.

Si Issa Tchiroma Bakary mobilise, il n'est pas le seul bénéficiaire des recompositions de dernière minute. Jeune Afrique révèle que samedi dernier, au premier jour de la campagne, Ateki Seta Caxton du Parti de l'alliance libérale (PAL) et l'avocat Akere Muna, du parti Univers, ont annoncé leur retrait au profit de Bello Bouba Maïgari de l'Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP).

Ces mouvements tactiques témoignent de la fébrilité d'une opposition qui tente, dans les derniers jours de la campagne, de maximiser ses chances face au président sortant.


Le contraste est saisissant. Alors que tous les candidats de l'opposition multiplient les meetings dans les différentes régions du pays, Jeune Afrique constate que le président sortant Paul Biya, candidat à sa propre succession, n'a pas encore tenu de rassemblement public à huit jours du scrutin.
Après avoir été repoussé à plusieurs reprises, son premier meeting est désormais annoncé dans les prochains jours à Maroua, dans l'Extrême-Nord, une région longtemps considérée comme l'un de ses bastions électoraux, précise Jeune Afrique.

Cette absence prolongée du président sortant sur le terrain de campagne alimente les spéculations sur son état de santé et sa capacité à mener une campagne dynamique. Elle offre également une fenêtre d'opportunité à ses challengers pour occuper l'espace médiatique et populaire.

À huit jours du scrutin du 12 octobre, la mobilisation réussie d'Issa Tchiroma Bakary à Yaoundé pose la question de la dynamique électorale dans un pays où l'issue des élections présidentielles a rarement fait l'objet de surprises.
Le candidat du Front pour le salut national du Cameroun parviendra-t-il à transformer cette mobilisation urbaine en votes ? Réponse le 12 octobre, lors d'un scrutin qui s'annonce décisif pour l'avenir politique du Cameroun.
En attendant, comme le rapporte Jeune Afrique, les meetings se multiplient dans tout le pays, témoignant d'une campagne qui s'intensifie à l'approche du jour J, même si le principal intéressé, Paul Biya, semble encore observer de loin cette effervescence électorale.