Actualités of Sunday, 29 June 2025
Source: www.camerounweb.com
Pierre Emmanuel Binyam accuse l'organe électoral de manipulation et craint une intervention onusienne partiale, à l'image de la Côte d'Ivoire en 2010-2011.
Invité de l'émission Canal Presse sur Canal 2 International, Pierre Emmanuel Binyam, cadre du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), a livré une charge virulente contre Elections Cameroon (Elecam) et sa récente convention avec l'Organisation des Nations Unies. L'opposant dénonce ce qu'il qualifie de manipulation de l'opinion publique et exprime ses craintes d'une intervention onusienne partiale.
Pierre Emmanuel Binyam conteste frontalement la version officielle d'Elecam concernant la genèse de sa convention avec l'ONU. "Elecam dans sa sortie du 15 mai dernier, après la dénonciation du MRC à travers le président Maurice Kamto, annonce que la signature de la convention avec l'ONU c'est le résultat de la visite de la mission onusienne qui a eu lieu au Cameroun, instituée par le secrétaire général des Nations Unies du 1er au 7 juillet 2024", rappelle-t-il.
Pour le cadre du MRC, cette explication constitue "un gros mensonge". Il s'appuie sur le contenu même de la convention pour étayer ses accusations : "Le contenu de la convention parle plutôt de la sollicitation d'Elecam en mai 2024. C'est Elecam qui a sollicité les Nations Unies pour une assistance technique concernant le processus électoral."
Cette révélation, si elle s'avère exacte, inverserait complètement la chronologie officielle et suggérerait qu'Elecam aurait pris l'initiative de cette collaboration avant même la mission onusienne de juillet 2024.
Au-delà de cette question de chronologie, Pierre Emmanuel Binyam élargit sa critique aux pratiques générales d'Elecam et des autorités camerounaises. Il dénonce "une grosse privation des libertés individuelles, où les pouvoirs publics violent la loi, Elecam même viole la loi en l'occurrence l'article 80 sur la publication de la liste électorale nationale".
Cette accusation de violation de l'article 80, qui concerne la publication de la liste électorale nationale, constitue un grief majeur dans un contexte pré-électoral où la transparence du fichier électoral représente un enjeu crucial pour la crédibilité du scrutin.
La préoccupation majeure de Pierre Emmanuel Binyam concerne les risques d'une intervention onusienne partiale. "Nous ne voulons pas que le Cameroun se retrouve dans la même situation que la Côte d'Ivoire", prévient-il, faisant référence à un précédent qui reste traumatisant pour de nombreux observateurs africains.
L'opposant rappelle explicitement les événements ivoiriens : "Nous savons ce que l'opération des nations unies en Côte d'Ivoire a causé lors des élections présidentielles de 2010-2011, en prenant clairement position sur le candidat Ouattara." Cette référence n'est pas anodine, car elle évoque une période où l'intervention onusienne avait été perçue par certains comme partiale dans le conflit post-électoral opposant Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara.
Pour Pierre Emmanuel Binyam, "l'ONU n'a pas le droit de fonctionner ainsi, dans un pays où nous savons qu'il y a une grosse privation des libertés individuelles". Cette position questionne la légitimité de l'organisation internationale à intervenir dans un processus électoral national, particulièrement dans un contexte où l'opposant estime que les conditions démocratiques de base ne sont pas réunies.
Cette critique soulève des questions importantes sur le rôle des organisations internationales dans l'accompagnement des processus électoraux africains et sur les limites de leur intervention dans les affaires intérieures des États.
La démarche du MRC, à travers les déclarations de Pierre Emmanuel Binyam, s'inscrit dans une stratégie de défiance préventive vis-à-vis du processus électoral. En dénonçant dès maintenant les irrégularités présumées et en questionnant la neutralité de l'accompagnement international, le parti de Maurice Kamto semble préparer le terrain pour une contestation ultérieure des résultats.
Cette approche révèle le climat de méfiance qui entoure l'organisation de la présidentielle d'octobre 2025 et les défis auxquels font face les organisateurs du scrutin pour garantir sa crédibilité auprès de tous les acteurs politiques.
Les accusations portées par le MRC mettent en lumière les enjeux de transparence qui entourent l'organisation de l'élection présidentielle. La question de la publication de la liste électorale nationale, évoquée par Binyam, constitue notamment un test de la volonté des autorités d'organiser un scrutin transparent.