Exclusif – Selon les informations de Jeune Afrique, le meeting de Maroua était une opération de survie politique pour le RDPC, alors que deux figures de l’opposition nordiste menacent de bouleverser le scrutin du 12 octobre.
Le déplacement de Paul Biya à Maroua, ce 7 octobre 2025, n’était pas un simple rassemblement de campagne. Selon les sources exclusives de Jeune Afrique, il s’agissait d’une réponse d’urgence à la montée en puissance de deux candidats nordistes : Issa Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maïgari, dont les meetings dans la région ont attiré des foules record ces dernières semaines. « Le RDPC a paniqué en voyant l’ampleur des rassemblements de Tchiroma à Garoua et de Bello Bouba à Mora », confie un proche du parti au pouvoir.
Jeune Afrique révèle que les services de renseignement camerounais ont alerté la présidence sur un risque de bascule électorale dans le Grand-Nord, traditionnellement acquis au RDPC. « Les rapports indiquent que Tchiroma a sécurisé des alliances avec des chefs traditionnels et des élites locales, ce qui pourrait lui assurer plus de 60 % des voix dans certains départements », précise une source sécuritaire. Face à cette menace, le meeting de Maroua était une tentative de reconquête symbolique, avec une mise en scène soigneusement orchestrée : fanfares, danses traditionnelles, et une foule « organisée » par les administrations locales.
Paul Biya a répété, comme en 2018, que « le meilleur reste à venir », évoquant le barrage de Nachtigal et la lutte contre Boko Haram. Pourtant, Jeune Afrique a appris que les promesses de 2018 – électrification rurale, routes, emplois pour les jeunes – sont loin d’être tenues. « Les populations sont excédées. Elles veulent des actes, pas des discours », témoigne un notable de Maroua. La présence remarquée de Franck Biya, fils du président, suggère une volonté de transmission dynastique, alors que le RDPC craint une défaite historique dans le septentrion.
Et après Maroua ?
Selon nos informations, aucun autre meeting n’est prévu pour Paul Biya avant le scrutin. « Il mise tout sur l’Extrême-Nord, mais si la région lui échappe, c’est la fin », analyse un expert politique. Pendant ce temps, Tchiroma et Bello Bouba multiplient les déplacements, avec un argument choc : « Biya ne peut plus vous protéger. Nous, si. » Un message qui séduit, alors que l’insécurité et le chômage explosent.