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Actualités of Wednesday, 1 June 2022

Source: Mutations N° 5589

'Près de 12 millions d’hectares de terres sont dégradées au Cameroun' - Albertine Tchoulack

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La directrice du Centre d’appui aux femmes et aux ruraux (Cafer), présente l’importance de l’implication des femmes dans la restauration de ces espaces.

Vous avez organisé un atelier relatif au projet de recherche de restauration des terres pour l’autonomisation post-COVID-19 des femmes rurales et autochtones et la réduction de la pauvreté au Cameroun. Quel est l’état des lieux des terres dégradées au Cameroun ? On les trouve dans quelles régions ?

En 2021, il ressort qu'environ 1/3 des terres sont gravement ou moyennement dégradées. Selon les données du Minepded en décembre 2021 dans le cadre de l'initiative AFR100, un peu plus de 12 millions d’hectares de terre sont dégradés au Cameroun et nécessitent une restauration urgente. De cette superficie, plus de 60% dont 8 millions se trouvent dans la partie septentrionale du Cameroun. La superficie restante est majoritairement répertoriée dans les régions de l'Est, du Centre et de l'Ouest. Pour ce projet, nous allons nous intéresser sur trois régions : le Nord, le Centre et l’Ouest du Cameroun.

Jusque-là, que font les femmes pour résoudre
ce problème ?

Les actions de restauration entreprises par les femmes principalement en milieu rural, diffèrent selon les airs géographiques ou culturels. Dans le grand Nord, les femmes s’investissent de plus en plus dans les projets de restauration à travers l'introduction des plants d’arbres fruitiers tels que l'acajou, le bambou de chine, le neem afin de limiter la dégradation. Certaines intègrent progressivement dans leurs habitudes, l'utilisation des foyers améliorés qui permettent ainsi de réduire la pression due au couvert végétal.
Dans le Grand Sud, la réalité est tout autre. Les actions individuelles se situent autour de l'adoption des techniques culturales qui limitent l'érosion et l'appauvrissement des sols. En plus de cet aspect, elles s'orientent désormais vers l'exploitation et même la domestication des PFNL au détriment du terrassement des vastes superficies chaque année pour l'agriculture extensive. Dans le cadre de certains projets, les femmes rurales s'investissent dans la plantation d'arbres fruitiers au sein de leurs parcelles de terre.

Ces efforts sont-ils suffisants ?

Non ! Car malgré leur volonté et leur engagement, leurs efforts ne suffisent pas. Car elles se buttent à des problèmes majeurs tels que l'accès difficile à la propriété foncière, les pesanteurs socioculturelles qui réduisent la femme à la fonction de ménagère. Nous avons aussi le manque de leadership...

Que peuvent-elles faire pour plus de résultats ?

Elles doivent davantage prendre conscience du phénomène et de l'impacte de la dégradation et poursuivre avec les pratiques endogènes déjà mises en œuvre, à travers une agriculture qui n'offense pas l'environnement (Agro écologie), la mise en jachère des espaces longtemps exploités ainsi que la mise en terre des espèces d'arbres qui serviront à améliorer leurs moyens de subsistance (Agro foresterie) dans une perspective d'une santé écologique durable.
Pour se faire, un besoin de renforcement des capacités sur les questions en rapport à la gestion durable des sols ainsi que de toutes initiatives mises en place au niveau national pour prévenir la dégradation des sols qui semble nécessaire.

Disposent-elles des moyens pour atteindre ces objectifs ?

Avec un peu plus d'efforts, et un accompagnement technique et financier, les choses peuvent progressivement s'améliorer.