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Actualités of Sunday, 20 February 2022

Source: www.bbc.com

Présidentielle en France: Emmanuel Macron, les autres candidats et leur chances

Emmanuel Macron, candidat à sa propre succession Emmanuel Macron, candidat à sa propre succession

La France se dirige vers une course présidentielle serrée, le président sortant Emmanuel Macron s'apprêtant à briguer un second mandat.

Les électeurs se rendront aux urnes pour le premier tour de l'élection présidentielle le 10 avril. Si aucun candidat ne remporte la majorité, les deux premiers candidats participeront à un second tour deux semaines plus tard.

Le vainqueur aura le pouvoir de façonner la France et son rôle clé en Europe pour les cinq prochaines années. Nous examinons ici les candidats en lice et leurs chances de remporter le poste suprême.

Emmanuel Macron, La République en Marche!



Le président de 44 ans n'a pas encore déclaré officiellement sa candidature, mais ce n'est qu'une question de temps.

Son ascension au sommet de la politique a été fulgurante, devenant le plus jeune président de l'histoire de la France en 2017, moins d'un an après avoir lancé un mouvement politique centriste défiant les partis traditionnels.

Il avait auparavant occupé le poste de ministre de l'économie sous le président François Hollande, mais était une quantité inconnue - un banquier d'affaires qui n'avait jamais brigué de mandat électif.

Pour de nombreux électeurs, cela l'a distingué de la classe dirigeante, et il est arrivé au pouvoir avec 66,1 % des voix, battant facilement la candidate d'extrême droite Marine Le Pen.

Il a dû naviguer dans des eaux politiques agitées, s'appuyant sur une majorité parlementaire pour faire passer des réformes controversées.

Il a facilité le licenciement des travailleurs par les entreprises, réduit les impôts et introduit des lois de sécurité strictes pour lutter contre le terrorisme. Mais il a été contraint d'abandonner une proposition de taxe sur les carburants en 2018 après des semaines de troubles alimentés par les manifestations des gilets jaunes.

D'autres réformes, dont la promesse de ramener le chômage de plus de 10 % à 7 % d'ici 2022, ont été frappées par la pandémie de Covid. La France a d'abord imposé l'un des verrouillages Covid les plus stricts d'Europe et a depuis entièrement vacciné une grande partie de sa population.

Une vulgaire attaque contre les Français non vaccinés n'a pas fait de mal à M. Macron, mais les tentatives de son gouvernement de transformer un laissez-passer sanitaire en laissez-passer vaccinal ont rencontré une forte résistance.

Quelles sont ses chances ?

M. Macron a de fortes chances de l'emporter, les sondages lui donnant 25 % des voix, loin devant ses principaux rivaux de droite et d'extrême droite. Mais un second tour contre l'opposante de droite des Républicains, Valérie Pécresse, pourrait donner lieu à une course serrée.


Marine Le Pen - Rassemblement National



La famille de Marine Le Pen est synonyme d'extrême droite en France depuis des décennies. En 2011, elle a succédé à son père, Jean-Marie Le Pen, à la tête du Front national, parti d'extrême droite français, qu'elle a rapproché du courant dominant en 2015.

Acteur politique en France depuis des années, elle est devenue eurodéputée avant de concrétiser ses ambitions présidentielles.

Dauphine d'Emmanuel Macron en 2017, elle a ensuite rebaptisé son parti Rassemblement national.

Marine Le Pen, 53 ans, a depuis élaboré un message anti-immigration et anti-UE cohérent qui a trouvé un écho auprès des électeurs mécontents.

Elle a promis de mettre fin aux abus du droit d'asile, avec un référendum sur la restriction de l'immigration. Elle cherche également à transformer l'Union européenne en une alliance de nations non soumises aux lois européennes.

Cependant, elle ne peut plus s'approprier le vote de la droite dure, en raison de la forte pression exercée par son féroce rival Eric Zemmour. Certains membres de son équipe ont fait défection.

Quelles sont ses chances ?

Il s'agit de sa troisième candidature à la présidence (elle est arrivée troisième à l'élection de 2012). Ses sondages sont bons, mais elle devra se battre pour atteindre le second tour.


Valérie Pécresse - Les Républicains



"Je suis prête à être la première femme présidente de la République", affirme Valérie Pécresse en déclarant sa candidature en juillet dernier.

Depuis 2015, elle est la première femme à diriger le conseil régional d'Île-de-France, qui couvre Paris.

Lorsque les Républicains de droite français l'ont choisie pour être leur toute première femme candidate à l'élection présidentielle, elle a rapidement grimpé dans les sondages, mais a depuis reculé au milieu d'une campagne terne et de défections dans son parti.

Parlant quatre langues, dont le russe, elle est entrée en politique dans l'équipe du président Jacques Chirac, mais a acquis sa réputation politique en tant que ministre de l'enseignement supérieur de 2007 à 2011 sous Nicolas Sarkozy.

Mme Pécresse a mené des réformes de l'enseignement supérieur qui ont été accueillies par une vague de grèves.

Considérée comme pro-européenne et modérée, elle a conquis une partie du territoire centriste de M. Macron, tout en adoptant une ligne dure sur des questions typiquement de droite telles que l'immigration, l'intégration et l'islam.

Certains collègues du parti l'ont accusée d'aller trop loin à droite, en se concentrant sur le nationalisme et en semblant adhérer à une théorie du complot anti-musulmans.

Selon ses propres termes, elle préfère se décrire comme "un tiers de Margaret Thatcher et deux tiers d'Angela Merkel".

Quelles sont ses chances ?

Initialement considérée comme le principal obstacle à une victoire de Macron, Valérie Pécresse a vacillé. Le discours qu'elle a prononcé lors d'un rassemblement en février devant 7 500 partisans du parti a été largement moqué comme étant de bois et maladroit.


Éric Zemmour - Reconquête



Un journaliste, auteur et commentateur de télévision sans expérience électorale et condamné pour incitation à la haine raciale n'est généralement pas considéré comme un candidat à la présidence dans la politique française.

Mais le challenger d'extrême droite Éric Zemmour, 63 ans, a construit une carrière en se positionnant contre ce qu'il appelle un "consensus politiquement correct" et propose maintenant une "reconquête" - Reconquête - de la France.

Il a fait irruption sur la scène politique en 2021 lors d'une tournée nationale pour promouvoir un livre déplorant le déclin de la France, qu'il impute principalement à l'immigration et à l'islam.

Il a fait un bond dans les sondages, avant même de déclarer sa candidature, offrant un nationalisme considéré comme plus dur que celui de Marine Le Pen.

Il a suscité la controverse en minimisant la culpabilité de Philippe Pétain, le chef du gouvernement collaborationniste français, dans les déportations de Juifs par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

M. Zemmour a demandé l'interdiction des prénoms qui ne sont pas français, déclarant à une femme en direct à la télévision que ses parents n'avaient pas le droit de l'appeler Zina. Il souhaite également que les récidivistes ayant la double nationalité soient déchus de la citoyenneté française et que le port du hijab soit interdit en public.

Ses opinions peuvent révolter ses détracteurs, mais il continue de dominer les ondes avec une campagne de division calquée sur celle de l'ancien président américain Donald Trump, et il est le seul candidat à avoir parlé à M. Trump dans le cadre de sa campagne.

Lors d'un rassemblement tapageur, au cours duquel il a été attaqué par un manifestant, il s'est insurgé contre les élites politiques et a déclaré que sa victoire électorale serait une "reconquête".

Quelles sont ses chances ?

Il obtient de bons résultats dans les sondages d'opinion, mais il pourrait davantage contribuer à anéantir les espoirs de Mme Le Pen d'atteindre le second tour qu'à réaliser les siens.


Jean-Luc Mélenchon - La France Insoumise



Le candidat le plus fort de la gauche est l'agitateur vétéran Jean-Luc Mélenchon, un critique acharné des politiques économiques d'Emmanuel Macron et un soutien de premier plan des manifestations des gilets jaunes.

À 70 ans, il reste un militant fougueux, même si peu de gens pensent qu'il pourrait aller jusqu'à la présidence.

M. Mélenchon a abandonné une carrière dans l'enseignement et le journalisme pour la politique de gauche dans les années 1970. Il a été brièvement ministre de l'éducation sous le Premier ministre socialiste Lionel Jospin mais, au début des années 2000, il a été déçu par la dérive droitière du parti socialiste.

Après avoir créé un nouveau parti de gauche, il est devenu député européen et s'est présenté deux fois à la présidence sous le titre La France Insoumise - France Unbowed.

Il a galvanisé les électeurs en 2017 en promettant une augmentation des dépenses publiques, un taux d'imposition maximal de 90 % et une réforme constitutionnelle radicale pour une Sixième République française. Son programme n'est guère différent en 2022, avec un appel à une forte augmentation du salaire minimum.

Quelles sont ses chances ?

Il n'a pas réussi jusqu'à présent à atteindre l'élan qui lui a valu 19,6 % des voix en 2017, mais il est le plus fort parmi un ensemble de candidats de gauche.


Autres candidats dans la course à gauche



Ancien militant de Greenpeace et député européen depuis 2009, Yannick Jadot a été choisi par les Verts lors d'une primaire en ligne.

Il souhaite que la France sorte du nucléaire d'ici 20 ans, alors qu'Emmanuel Macron vient de soutenir le projet de construction de six réacteurs nucléaires supplémentaires.

Outre un changement radical de l'impôt sur le revenu, avec des niveaux supplémentaires pour les plus hauts revenus, M. Jadot souhaite qu'un revenu citoyen soit garanti pour tous les plus de 18 ans.

Il est en concurrence avec l'ex-maire de Paris Anne Hidalgo pour devenir le champion de la gauche traditionnelle, et pourrait influencer le vote des partisans de gauche lors de l'élection présidentielle.

Fabien Roussel: premier candidat communiste depuis 15 ans, son approche charismatique a connu un certain succès. M. Roussel, 52 ans, a demandé la nationalisation des grandes banques françaises et des augmentations de salaire pour les fonctionnaires, notamment les infirmières et les enseignants.

Christiane Taubira: ancienne ministre socialiste de la justice, elle a remporté une primaire populaire visant à rassembler la gauche sous un même toit. Cela n'a jamais eu lieu, les autres grands candidats l'ayant ignorée. Elle figure à peine dans les sondages.

Anne Hidalgo: choisie comme candidate des socialistes, sa lutte pour obtenir le soutien des électeurs reflète le profond déclin d'un parti qui dirigeait le pays il y a seulement cinq ans, sous la présidence de François Hollande.

Nathalie Arthaud: institutrice de la région parisienne, elle s'est présentée deux fois à la présidence du syndicat Lutte ouvrière, mais n'a pas encore obtenu plus de 1 % des voix.

Philippe Poutou: l'ancien ouvrier d'une usine de voitures se présente pour le Nouveau parti anticapitaliste et prône la redistribution des richesses.


Autres candidats de la droite :

Nicolas Dupont-Aignan: ce libertaire, qui a quitté le courant dominant de la droite pour fonder le parti Debout la France, considère Emmanuel Macron comme un danger pour la France et soutient une alliance avec la Russie.

Florian Philippot - Les Patriotes : ancien camarade de parti de Marine Le Pen, il a placé le Frexit, ou retrait français de l'Union européenne, au cœur de sa campagne. L'extrême droite est une scène encombrée et son message peine à être entendu.