Les ports africains, portes d'entrée du commerce continental, jouent aussi un rôle crucial de hubs pour les pays de l’hinterland. Soumis à des phénomènes endémiques de piraterie, de criminalité et de trafics illégaux, leur sécurisation est vitale pour garantir les échanges et assurer le développement. C’est le rôle que s’est assigné la société camerounaise PortSec SA, qui opère les deux principaux ports du pays, Douala et Kribi, sous la direction de Tsafir TZVI, ingénieur de formation, installé au Cameroun depuis plus de dix ans.

Situé sur l'estuaire du Wouri, le Port autonome de Douala (PAD) est un hub logistique majeur pour le Cameroun et les pays enclavés de la région. Avec un trafic annuel de plus de 13 millions de tonnes, il est essentiel pour l'économie régionale. À quelques dizaines de kilomètres au sud, le port en eaux profondes de Kribi, doté d’infrastructures récemment modernisées, se spécialise dans la logistique industrielle minière. Complémentaire, les deux ports, sont les poumons commerciaux du Cameroun mais aussi de la sous-région : le PAD assure à lui seul plus de 70% des échanges du Tchad et de la Centrafrique. Une position stratégique qui les expose à des défis sécuritaires majeurs, notamment la piraterie, la contrebande et le trafic illicite.

Pour relever ces défis, le port de Kribi, et surtout le PAD, ont entrepris des transformations majeures, notamment à travers le projet Douala Port Security (DPS), mené en partenariat avec PortSec. Ce projet, lancé en 2019 par le PAD, vise à moderniser et sécuriser les infrastructures portuaires en les alignant sur les standards internationaux de sûreté maritime.

Une sécurité intégrée et multidimensionnelle

Le DPS est un projet ambitieux qui se décline en plusieurs phases, chacune apportant des améliorations significatives en matière de sécurité. La phase 2, achevée en février 2025, a vu l'installation de systèmes de surveillance avancés, tels que des caméras de vidéosurveillance, des radars de navigation longue portée et des contrôles d'accès biométriques. Ces mesures ont permis de réduire les incidents de vol et d'améliorer la gestion des flux de marchandises.

La phase 3, actuellement en préparation, prévoit la construction d'une nouvelle porte principale à Youpwé, l'extension du réseau de vidéosurveillance et l'installation d'un simulateur de formation navale. Ces investissements visent à renforcer la sécurité opérationnelle et à optimiser la fluidité des flux logistiques.

PortSec ne se contente pas de sécuriser les infrastructures physiques : l'entreprise adopte une approche intégrée qui combine innovation technologique et formation des personnels. Par exemple, le déploiement de drones pour la surveillance aérienne, ainsi que l'utilisation de systèmes de suivi des navires (VTMIS) permettent une supervision en temps réel du trafic maritime. Sous la direction de Tsafir TZVI, l’entreprise a renforcé sa stratégie de sécurisation, en intégrant des solutions de pointe pour répondre aux défis sécuritaires croissants dans ces infrastructures à risque.

En outre, l’entreprise camerounaise a mis en place des programmes de formation pour les agents de sécurité et le personnel portuaire. Ces programmes incluent des simulations et des exercices pratiques pour préparer les équipes à réagir efficacement aux incidents de sécurité. Cette approche proactive a permis de réduire les pertes de marchandises et de minimiser les risques de corruption.

Bien que PortSec se soit initialement concentrée sur les ports maritimes, ses solutions sont également adaptables aux aéroports. Les défis sécuritaires dans les aéroports, tels que le trafic de drogue et la contrebande, nécessitent des mesures similaires de surveillance et de contrôle. Les technologies de vidéosurveillance, les contrôles biométriques et les systèmes de suivi des avions peuvent être adaptés pour répondre aux besoins spécifiques des aéroports.

Enjeux continentaux

PortSec, à travers son travail dans les ports camerounais, est à la pointe de la sûreté et de la sécurité des hubs portuaires africains. En combinant innovation technologique, formation du personnel et coopération régionale, la société contribue à faire des ports africains des acteurs clés de la sécurité maritime mondiale.

Les solutions de l’entreprise ont d’ailleurs contribué à crédibiliser le PAD en tant que pilier de l'Architecture de Yaoundé, une initiative régionale de lutte contre la piraterie et la criminalité maritime. Le PAD est chargé d’y coordonner les actions de patrouille et de renseignement entre le Cameroun, le Gabon, São Tomé-et-Príncipe et la Guinée équatoriale. Les résultats sont probants : les actes de piraterie dans la région ont chuté de 26 en 2019 à seulement six en 2024, selon le Maritime Information Cooperation & Awareness (MICA) Center.

En outre, la sécurisation des ports comme Douala a un effet d'entraînement sur l'ensemble de la chaîne logistique. Les marchandises transitant par des ports sécurisés sont moins susceptibles d'être détournées ou endommagées, ce qui réduit les coûts d'assurance et les risques pour les entreprises. C’est ainsi, qu’entre 2019 et 2023, on observe au port de Douala une diminution des vols de marchandises de l’ordre de 35 %. Sur la même période, on relève également une multiplication des investisseurs tels qu’Arise IIP ou Afisa Food Industry.

Mieux, PortSec contribue activement à la lutte contre la contrebande qui mine l’économie locale et les trafics illégaux, tels que les armes et les stupéfiants qui financent directement et indirectement les groupes armés terroristes tels que Boko Haram. Si tous les ports du monde sont les portes d’entrée de ce genre de trafics, il s’agit en Afrique d’un mal bien plus pernicieux qui encourage l’économie informelle et finance le chaos au Sahel et en Afrique centrale.

De ce point de vue, PortSec, en tant que leader dans la sécurisation des infrastructures stratégiques, devrait jouer à l’avenir un rôle crucial dans la transformation des ports africains en centres logistiques modernes et sécurisés. Leur approche intégrée et multidimensionnelle fait figure de modèle pour d’autres ports [et aéroports] à travers le continent, contribuant ainsi à la sécurité et à la prospérité économique de l'Afrique.