Vendredi 10 juillet dernier, Maître Caroline Wassermann, avocate de Lydienne Yen Eyoum dans l’affaire qui l’oppose à l’Etat du Cameroun déclarait sur les ondes de RFI que sa cliente « va demander une grâce amnistiante, ce qui signifie que dans son esprit, elle sollicite une amnistie qui va lui permettre, et c’est ce que nous espérons tous, d’être réintégrée dans ses droits, puisque Lydienne n’a jamais détourné un centime d’argent public ».
Condamnée par la Cour Suprême du Cameroun le 6 juin 2015 à 25 ans de prison ferme pour détournement de fonds publics, Lydienne Yen Eyoum est accusée d'avoir détourné un milliard de francs CFA dans une affaire de recouvrement entre l'Etat camerounais et la banque SGBC, une filiale franco-camerounaise de la Société Générale. Dans une interview publiée par Médiapart sur son site internet ce 13 juillet, Me BLACK YONDO Mandengué s’est dit quelque peu embarrassé quant à l’exercice du recours en grâce qu’il faut adresser au chef de l’Etat.
Pour cet avocat du barreau du Cameroun, la déclaration du président Paul Biya lors de la conférence de presse à l’occasion de la visite du président Hollande donne à penser qu’il est convaincu que Me Yen EYOUM a commis le crime de détournement de deniers publics qui lui est reproché. « Dans ces conditions, accorder la grâce serait verser dans l’arbitraire, alors que d’autres camerounais, coupables du même crime continuent de croupir dans les geôles de la République. Ce n’est pas de ce Cameroun, ni de cette justice que nous voulons », pense Me Yondo Black.
« J’aurais été plus à l’aise en sollicitant le recours en grâce si le Président Paul Biya avait répondu au journaliste que le Président français l’a saisi du cas de Me Yen EYOUM, mais, sachant que nous sommes dans un Etat de séparation des pouvoirs, il avisera lorsqu‘il aura le dossier en mains », poursuit-il avant d’ajouter : « une telle réponse laissait la porte grande ouverte pour un recours en grâce, convaincu comme je suis que la Cour Suprême a dénaturé les faits, forçant les portes pour aboutir à la condamnation ».
Or, Paul Biya a pris soin de rappeler les faits et de dire l’indépendance de la justice camerounaise. Cependant, en déclarant que : « Je verrai ce que je pourrais faire si tel (la grâce présidentielle, ndlr) est le souhait de l’intéressée, et si la constitution me donne les moyens de faire quelque chose, c’est de bon cœur que je le ferai le moment venu », Paul Biya a ouvert une brèche.
Pour Me Yondo Black la décision de la Cour Suprême doit être respectée et appliquée : « Quoi qu’il en soit je vais solliciter une audience auprès du Chef de l‘Etat, en espérant que ses sbires ne feront pas barrage, comme à l’accoutumée, afin de lui expliquer de vive voix mon obstination quant à voir libérer Me Lydienne Yen EYOUM… », conclut-il.