Actualités of Saturday, 6 September 2025

Source: www.camerounweb.com

Petit frère, ressaisis-toi: André Onana repris de volée

André Onana André Onana

"Petit frère, ressaisis-toi" : une lettre ouverte bouleversante au gardien des Lions Indomptables. Entre tendresse fraternelle et vérités difficiles, un proche d'André Onana lui adresse un message poignant depuis "le village" où résonnent encore les échos de ses exploits passés. Face au dilemme Trabzonspor-Manchester United et aux blessures des querelles politiques qui ont entaché sa carrière, l'auteur rappelle à l'ancien "mur d'Amsterdam" ses origines à Obili, sa grandeur perdue et l'urgence de se réconcilier avec l'essentiel. Un plaidoyer émouvant pour que la star déchue retrouve sa voie et honore à nouveau le maillot des Lions.



LETTRE A MON PETIT FRERE ANDRE ONANA
Mon cher petit,
Je t’écris depuis le village, là où les coqs chantent encore à l’aube et où les anciens prennent leur café en évoquant la gloire passée de nos Lions. Ici, tout le monde parle de toi. Les oncles, les tantes, même le vieux patriarche qui ne voit plus très bien, demande chaque matin si tu es enfin rentré comme tu l’avais promis. Tu sais bien que chez nous, une parole donnée, c’est une dette.
Mais venons-en à ce qui me pousse à t’écrire aujourd’hui. J’ai appris, non pas par toi – ce qui aurait été plus noble – mais par les médias étrangers, que Manchester United et Trabzonspor ont conclu, dans ton dos, un accord pour ton prêt. Apparemment, la balle est dans ton camp : soit tu vas en Turquie, soit tu restes en Angleterre pour être le remplaçant du gardien remplaçant. Oui, tu as bien lu… le remplaçant du remplaçant.
Alors, je ne te cache pas que ça fait un peu mal de voir celui qu’on appelait "le mur d’Amsterdam", celui qui a illuminé l’Europe avec l’Inter, réduit à devoir choisir entre l’ombre et l’oubli. Trabzonspor, c’est certes un club respectable en Turquie, mais passer de titulaire à Old Trafford à la Süper Lig… c’est comme troquer un lion pour un chat domestique. Tu vaux mieux que ça, André.
Mais si je t’écris, ce n’est pas pour te juger. C’est pour te rappeler qui tu es, d’où tu viens et surtout ce que tu peux encore devenir.
Petit frère, on ne construit pas une carrière sur les rancunes des autres. Tu étais au sommet, puis subitement, on t’a mêlé à des querelles politiques qui ne te concernaient pas. On t’a utilisé dans une guerre qui ne disait pas son nom contre ton grand frère Samuel Eto’o. Des gens t’ont flatté, chauffé les oreilles, poussé à te retourner contre quelqu’un avec qui tu n’avais, au fond, aucun différend. Résultat : tu as perdu ton focus, cette concentration qui faisait de toi un rempart infranchissable à l’Ajax et à l’Inter.
Tu te rappelles de tes débuts à Obili ? Quand tu courais derrière les ballons troués sur des terrains poussiéreux ? Aucun politicien n’était là à ce moment-là pour t’aider à manger ou à payer tes crampons. Alors pourquoi aujourd’hui te sacrifier pour leurs querelles ?
Tu peux ne pas être d’accord avec Samuel Eto’o, c’est ton droit. Mais être instrumentalisé pour le détester, c’est une erreur. Ce monsieur, qu’on le veuille ou non, t’a toujours porté dans son cœur et soutenu dans les moments clés. Il n’a jamais été ton ennemi.
Alors je te le dis franchement, avec toute l’affection d’un grand frère : ressaisis-toi. Ne laisse pas ta belle carrière se diluer dans les conflits d’ego et les choix mal inspirés.
Et si tu choisis finalement d’aller prendre un peu de recul en Turquie, loin des projecteurs de la Premier League, ce n’est pas une honte. Parfois, on a besoin de respirer pour mieux revenir. Mais avant de partir, appelle le coach Rigobert Song. Il connaît bien Trabzonspor, il y a joué entre 2008 et 2010, et il saura te dire ce qu’il faut éviter, ce qu’il faut rechercher. Le Capi Magnan ne t’a jamais fermé sa porte.
Ah, j’allais oublier : j’ai aussi entendu des échos au sujet de ton club de football féminin. Il paraît que ça grince un peu là-bas, mais je t’en parlerai plus longuement dans une prochaine lettre. Chaque problème en son temps.
Pour l’instant, concentre-toi sur ton match à Praia contre les Requins Bleus. J’espère que tu es bien arrivé et que tu es prêt à rugir à nouveau comme le lion que tu es.
Je te laisse ici, petit frère. Le village te salue, et moi, je prie pour que tu retrouves ta voie. #KAMERFOOT
Ton grand frère, depuis le village.