Actualités of Thursday, 18 December 2025

Source: www.camerounweb.com

Paul Biya prend un gros risque : il signe un prêt de 59,8 millions d'euros avec la Chine pour étendre son système de vidéosurveillance

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Le président Paul Biya a signé le décret n° 2025/602 autorisant un accord de prêt majeur avec la China Citic Bank Corporation pour financer l'extension nationale du système de vidéosurveillance urbaine. Ce crédit-acheteur de 59 821 390,95 euros (environ 39,2 milliards de francs CFA) marque une nouvelle étape dans la modernisation sécuritaire du pays.



Le décret présidentiel du 17 décembre 2025 habilite le ministre de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire à signer avec la China Citic Bank Corporation Ltd (CITIC BANK), succursale de Shenzhen, un accord de prêt sous forme de crédit-acheteur d'un montant total de 59 821 390,95 euros, soit environ 39 240 260 143 francs CFA.

Ce financement est destiné au financement complémentaire du projet d'extension au plan national du Système Intelligent de Vidéosurveillance Urbaine, un projet d'envergure qui vise à couvrir l'ensemble du territoire camerounais.
Un crédit-acheteur, qu'est-ce que c'est ?

Le crédit-acheteur est une forme de financement dans laquelle une banque du pays exportateur (ici la Chine) accorde un prêt au pays importateur (le Cameroun) pour lui permettre d'acheter des équipements et services auprès d'entreprises du pays prêteur. Ce mécanisme lie donc étroitement le financement à l'achat de technologies et matériels chinois.

Ce type d'accord présente l'avantage de faciliter l'accès à des technologies modernes tout en bénéficiant de conditions de financement souvent avantageuses. Toutefois, il implique également une dépendance technologique vis-à-vis du fournisseur étranger pour la maintenance et les évolutions futures du système.


Le terme "financement complémentaire" employé dans le décret indique que ce prêt vient s'ajouter à des financements antérieurs déjà obtenus pour ce projet. Le Cameroun dispose déjà de systèmes de vidéosurveillance dans plusieurs grandes villes, notamment Yaoundé et Douala. Cette nouvelle enveloppe permettra d'étendre ce dispositif à l'échelle nationale.

Le projet vise à installer des caméras intelligentes de surveillance dans les villes et axes stratégiques du pays, avec des capacités de reconnaissance faciale, de détection d'incidents et de transmission en temps réel aux centres de commandement sécuritaires.

Les autorités camerounaises justifient ces investissements massifs dans la vidéosurveillance par plusieurs objectifs :

Lutte contre la criminalité urbaine : détection et dissuasion des actes de délinquance dans les espaces publics

Gestion du trafic routier : surveillance et régulation de la circulation dans les grandes agglomérations

Prévention du terrorisme : identification de personnes ou activités suspectes
Sécurisation des infrastructures critiques : protection des sites sensibles (administrations, installations stratégiques)


Si le gouvernement met en avant les bénéfices sécuritaires de ce système, des voix s'élèvent régulièrement pour s'interroger sur les implications en termes de protection de la vie privée et des libertés individuelles. Les technologies de reconnaissance faciale et de surveillance de masse soulèvent des préoccupations dans de nombreux pays sur le risque de dérives autoritaires.
Au Cameroun, aucun cadre légal spécifique ne régit actuellement l'utilisation de ces technologies de surveillance intelligente, ni ne définit les limites de leur usage par les forces de sécurité. L'absence de débat public sur ces enjeux interroge les défenseurs des droits humains.

Ce nouveau prêt s'inscrit dans une longue tradition de coopération entre le Cameroun et la Chine dans le domaine des infrastructures et des nouvelles technologies. La Chine est devenue ces dernières années un partenaire privilégié du Cameroun pour le financement de grands projets d'équipement.
La China Citic Bank Corporation, l'une des principales banques chinoises, est spécialisée dans le financement de projets d'infrastructure à l'international. Sa succursale de Shenzhen, centre technologique majeur de la Chine, est particulièrement active dans le financement de projets liés aux nouvelles technologies.