L'Association des Fonctionnaires Internationaux Camerounais salue la victoire de l'opposant et appelle les autorités à respecter "la volonté populaire exprimée dans les urnes"


Depuis Beyrouth au Liban, une voix inattendue vient s'ajouter au concert des félicitations adressées à Issa Tchiroma Bakary. Dans un communiqué daté du 20 octobre et signé par son porte-parole Jean Claude Mbede Fouda, l'Association des Fonctionnaires Internationaux Camerounais (AFIC) félicite "chaleureusement" le candidat du FSNC "pour son plébiscite historique comme 3ème président de la République du Cameroun depuis 1960."



L'AFIC, qui regroupe des Camerounais travaillant au sein des missions diplomatiques, des organisations onusiennes et agences internationales de coopération, prend clairement position dans la bataille post-électorale qui secoue le pays. L'association affirme qualifier "ce scrutin d'historique et son résultat de net, clair et sans équivoque après leur publication dans chaque bureau de vote."


Cette prise de position intervient alors que les résultats officiels, issus de la Commission nationale de décompte des voix, créditent au contraire Paul Biya de 53 à 54% des suffrages contre 35 à 36% pour Issa Tchiroma Bakary. Un écart que l'AFIC semble totalement contester.


Le communiqué apporte son soutien aux positions de l'opposition en se référant à des sources alternatives. L'association dit "accueillir avec satisfaction le rapport détaillé présenté par les observateurs indépendants internationaux, dont le Réseau des Droits de l'Homme en Afrique Centrale – REDHAC, confirmant cette forte mobilisation."


Elle "prend acte des statistiques présentées par les observateurs indépendants, ainsi que les différentes postures des leaders politiques de l'Opposition dont ceux ayant directement pris part en qualité de candidat au dit scrutin."


L'AFIC lance un appel pressant aux institutions camerounaises. Elle demande aux "autorités administratives, sécuritaires, politiques et judiciaires à œuvrer avec patriotisme, responsabilité et équité, pour corriger les manquements relevés durant le processus."

Plus important encore, l'association exige "en mettant la machine publique au service du désir de changement fortement manifesté par la majorité de nos concitoyens, afin que la volonté populaire ainsi exprimée dans les urnes, soit respectée tout le long du processus d'institutionnalisation et de validation des résultats tel que prescrit par la constitution."


Le document commence par féliciter "le peuple camerounais pour sa forte mobilisation lors de l'élection présidentielle du 12 octobre 2025", suggérant que cette participation massive aurait été en faveur d'Issa Tchiroma Bakary.
L'association se joint ainsi "aux autres associations des Camerounaises et des Camerounais de la diaspora, qui se sont massivement exprimées pour se féliciter du résultat de l'élection présidentielle du 12 octobre."


Malgré ce positionnement tranché, l'AFIC "appelle les Camerounaises et les Camerounais au calme afin que le processus en cours se termine dans la paix", témoignant d'une volonté d'éviter toute escalade violente dans le pays.
L'association assure également "les nouvelles autorités du pays de sa disponibilité à collaborer étroitement afin d'apporter la contribution de la diaspora à ce nouveau départ pour développement du Cameroun", anticipant ainsi une alternance qu'elle considère comme acquise.


Le communiqué prend soin de préciser dans une note de bas de page que ce texte "est un acte d'engagement citoyen des membres envers leur pays d'origine" et "ne reflète en rien la position des organisations internationales et missions diplomatiques internationales qui les emploie."

Cette précision vise à protéger les membres de l'AFIC d'éventuelles représailles professionnelles, tout en leur permettant d'exprimer leur position citoyenne sur la situation politique de leur pays.


Ce communiqué vient s'ajouter aux nombreuses voix qui contestent les résultats provisoires donnant Paul Biya vainqueur. Il illustre la profonde fracture qui traverse la société camerounaise, y compris au sein de sa diaspora qualifiée travaillant dans les organisations internationales.


Reste à savoir si ces félicitations prématurées adressées à Issa Tchiroma Bakary trouveront une confirmation dans le verdict du Conseil constitutionnel, attendu au plus tard le 26 octobre. En attendant, elles alimentent un climat de tension et de contestation qui ne faiblit pas depuis l'annonce des résultats provisoires.