Au Cameroun, des élections régionales dominées par le RDPC de Paul Biya
Les conseillers municipaux et chefs traditionnels ont élu dimanche les membres des conseils régionaux dans un climat de tension post-électorale. Le scrutin, boycotté par l'opposition, confirme l'hégémonie du parti présidentiel.

Le Cameroun a organisé ce dimanche 30 novembre ses élections régionales dans un contexte politique tendu, marqué par la contestation de la récente réélection du président Paul Biya. Le scrutin indirect, qui s'est ouvert à 8 heures locales, a vu environ 10 000 grands électeurs se rendre aux urnes pour désigner 900 conseillers régionaux répartis dans les dix régions du pays.

Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti du président Paul Biya, affiche une domination écrasante avec plus de 9 000 grands électeurs sur les 10 000 appelés à voter. Cette suprématie numérique se traduit également par la présence du RDPC dans les dix régions du pays, une performance unique parmi les neuf formations politiques en lice.

Chaque conseil régional est composé de 90 membres : 70 délégués issus des partis politiques et 20 représentants des chefferies traditionnelles. L'organisme électoral Elecam a validé 75 listes pour ce scrutin, provenant de formations telles que l'UNDP, le PCRN, l'UDC, l'UMS, le FPD, le BRIC et Univers.

Le Front pour le salut national du Cameroun (FSNC) d'Issa Tchiroma Bakary a choisi de ne pas participer à ces régionales. L'opposant, qui conteste les résultats de la présidentielle d'octobre dernier, refuse toute "normalisation institutionnelle" dans le contexte actuel qu'il qualifie de "deuil national" et de "crise post-électorale majeure".

Depuis la fin octobre et la réélection de Paul Biya pour un huitième mandat, le pays connaît des tensions importantes. Le président camerounais, âgé de 92 ans et au pouvoir depuis 1982, fait face à une contestation qui s'est traduite par des manifestations dans les grandes villes, réprimées par les forces de l'ordre.
Alice Nkom, porte-parole d'Issa Tchiroma Bakary actuellement en Gambie, a appelé à trois journées de "villes mortes" à partir de ce dimanche pour protester contre la réélection présidentielle.

Les conseils régionaux disposent de compétences principalement consultatives et de gestion locale, notamment en matière de développement économique, d'aménagement du territoire et de coopération intercommunale. Lors du précédent scrutin de 2020, le RDPC avait déjà remporté neuf conseils régionaux sur dix.
Pour cette édition, les dix présidents sortants, tous réinvestis par leurs formations respectives, briguent un second mandat. Les résultats sont attendus dans les prochains jours et devraient confirmer l'hégémonie du parti présidentiel sur les institutions régionales camerounaises.

Le déroulement calme du scrutin contraste avec le climat de tension politique qui règne dans le pays depuis la présidentielle, illustrant la fracture entre l'appareil institutionnel contrôlé par le pouvoir et une partie de l'opposition qui refuse de reconnaître sa légitimité.