Le 31 décembre à 20 heures, le rituel républicain reprendra ses droits. Mais cette année, la parole présidentielle est attendue au tournant d’une triple transition : institutionnelle, économique et générationnelle. Après la « Grandeur et l’Espérance » proclamées lors de la prestation de serment du 6 novembre 2025, le Président Paul Biya doit maintenant donner une partition dont les premières notes se jouent déjà dans les portefeuilles et les mairies.

Le premier signal attendu concerne la Loi de Finances 2026, fraîchement promulguée. Ce texte n’est pas qu’une colonne de chiffres ; c’est le testament budgétaire du nouveau septennat. Le peuple attend que le Chef de l’État explicite les innovations fiscales destinées à booster l’auto-emploi des jeunes et à alléger la fiscalité sur les produits de grande consommation.

L’enjeu est clair : transformer les « Grandes Opportunités » en « Grandes Réalités » quotidiennes. Le message de fin d’année devra confirmer que le budget 2026 est celui d’un État stratège, capable de briser les monopoles communautaires pour libérer l’énergie entrepreneuriale de la jeunesse.

L’autre pilier de ce message sera sans nul doute la décentralisation. Avec des Conseils Régionaux aux mandats fraîchement renouvelés, le Cameroun entre dans une phase d’opérationnalisation critique. Le peuple n’attend plus des discours sur le transfert des compétences, mais des budgets de développement territorial palpables. Paul Biya devra insuffler à ces élus locaux la mission de l’équilibre régional : chaque région doit devenir un pôle de prospérité pour retenir ses enfants sur place.

La région ne doit plus être une simple instance administrative, mais le moteur de l’inclusion économique. Enfin, l’ombre des élections législatives et municipales de 2026 plane sur ce discours. Pour les femmes et les jeunes, ces scrutins sont le rendez-vous de la représentativité. Le Président est attendu sur la garantie d’un jeu politique ouvert et transparent.

Après avoir dédié son mandat à ces deux franges de la population, Paul Biya doit tracer le cadre d’une participation massive : comment permettre aux jeunes et aux femmes de ne plus être seulement des électeurs, mais des élus, des décideurs, des bâtisseurs de cités ? Le 31 décembre, Paul Biya ne pourra pas se contenter de dresser un bilan sécuritaire, aussi nécessaire soit-il. Face aux insatisfactions sociales persistantes, il doit opposer la force de la réforme. Le peuple attend un discours de combat contre l’inertie administrative qui freine l’application de la Loi de Finances et la pleine autonomie des Régions.

Monsieur le Président, en cette veille de 2026, la “Grandeur” que vous portez doit se mesurer à l’aune de la gamelle du citoyen, de l’emploi du jeune diplômé et de la place de la femme dans l’hémicycle. C’est sur ce terrain de l’équité et de l’action que le Peuple vous attend.