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Actualités of Thursday, 19 October 2017

Source: Patrice Nouma

Paul Biya a payé 15 milliards en 2013 pour rencontrer F. Hollande

Belinga Eboutou à la manoeuvre pour dilapider l'argent du Cameroun Belinga Eboutou à la manoeuvre pour dilapider l'argent du Cameroun

Regardez bien la photo du président de la République du Cameroun. Il est en compagnie d'un garçon né en 1981 (31 ans au moment de la prise de cette photo). Ce garçon est un escroc international. Il a escroqué 80 000 euros à 2 hommes d'affaires en 2011. Ce garçon est aussi recherché aux États-Unis pour faux et usage et de faux. Il a signé des chèques sans provision dans des casinos de Las Vegas.



Alors, comment a-t-il pu se filmer avec le président de tout un pays ? Peut-on imaginer François Hollande se retrouver et se laisser filmer en aparté avec un escroc africain fut-il fils de ministre ? Pourquoi le président Biya, qui ne rencontre que rarement ses propres ministres a-t-il prêté son image cette mascarade ? Nous avons décidé de vous raconter aujourd'hui l'histoire de ce président qui est capable de perdre tout sens de l'honneur, prêt à se laisser duper par ses proches (comme Belinga Eboutou) dès lors qu'il s'agit de faire allégeance à ses homologues de l'Elysée. Voici l'histoire.



Depuis son arrivée au pouvoir, le président Paul Biya soigne ses relations avec tous les présidents français. Il est très soucieux de ce que ses "patrons" parisiens pensent de lui ainsi que de la stabilité de l'axe Yaoundé-Paris. Voilà pourquoi, il est prêt à sacrifier argent et dignité pour rencontrer, le plus tôt possible, tous les nouveaux locataires de l'Elysée.

Dès le 6 mai 2012, quand François Hollande remporte l'élection présidentielle française, Paul Biya décide de rentrer en contact avec le président élu. 2 jours après la victoire de Hollande, la présidence envoie une lettre de félicitation. Il y écrit : "comme vous le savez, la France et le Cameroun entretiennent d'anciennes et étroites relations dans de nombreux domaines, notamment politique, économique, et culturel. Mon pays est reconnaissant à la France de l'aide et de la coopération qu'elle lui a généreusement accordée pendant des décennies. Je souhaite vivement que ces rapports amicaux continuent de se développer au bénéfice de nos deux pays.

Le peuple Camerounais porte à l'actualité politique française une attention particulière et partage, notamment à travers sa diaspora, les espoirs que les Français peuvent nourrir quant à leur avenir. C'est la raison pour laquelle je forme des vœux pour le succès de votre haute mission au service du peuple français ami."

Paul Biya croyait que le départ de Nicolas Sarkozy réchaufferait ses relations avec Paris. Sauf que, dans l'essentiel de la classe politique française (à Droite comme à Gauche), le paradigme est le même : on en a marre des vieux présidents africains cumulant plusieurs années de pouvoir comme Paul Biya qui est devenu encombrant.

François Hollande n'entend pas s'acoquiner avec ce vieux crocodile du marigot françafricain. Après sa prestation de serment, le président Hollande reçoit plusieurs chefs d'État africains. En premier. Il reçoit Yayi Boni le 29 mai 2012."C'est le premier chef d'Etat africain que j'accueille ici à l'Elysée depuis mon élection. C'est un double symbole. D'abord de reconnaissance de ce qu'est la démocratie béninoise, qui est exemplaire dans le continent africain, et symbole également de la considération que je porte à l'Union africaine" déclare Hollande lors de la conférence conjointe qu'il donne avec son hôte. Le ton est donné.

A Yaoundé, le message est passé mais Paul Biya active ses réseaux. Il contacte l'une de ses lobbyistes les plus connues de la place parisienne : Patricia Balme. Cette dernière va remuer tout ce qu'elle compte de relations avec les personnalités de gauche. Avec un certain succès. Elle obtient un tête-à-tête entre Biya et Hollande. Ce sera à Kinshasa, au sommet de la francophonie. Un sommet auquel Hollande a longtemps hésité avant d'y assister. Il ne veut pas servir de caution à Joseph Kabila et à son régime. Finalement, François Hollande se rend à Kinshasa et consent à accorder une audience à des chefs d'État africains. Parmi lesquels, Paul Biya. Patricia Balme jubile. Elle s'empresse de contacter la présidence camerounaise pour l'informer de la "bonne nouvelle".

Mais, ce que Paul Biya ne sait pas, c'est que Hollande a juste l'intention de serrer ses mains et d'échanger quelques civilités. Rien de plus. À Kinshasa, Paul Biya en fera l'amère expérience. Il est reçu dans l'informel. Son audience avec Hollande ne figure pas dans l'agenda officiel de l'Elysée. L'entretien, ou ce qui en tient lieu, va durer 10 minutes. Bref, François Hollande tient à se débarrasser au plus vite de ce demandeur encombrant. Mais, les communicants de Paul Biya essayent d'en tirer l'essentiel. Pour les symboles, les images de Biya et Hollande font la primeur de l'info sur la CRTV, Cameroon Tribune, sur le site web de la présidence camerounaise notamment.

Paul Biya se sent ridiculiser mais encaisse le coup. Il fait réactiver ses réseaux informels pour une autre audience. Il veut être reçu à l'Elysée. Pour lui, fouler le sol de l'Elysée est toute une consécration. Il veut montrer qu'il reste un interlocuteur privilégié du nouveau patron des lieux. D'autres lobbyistes sont mis à contribution pour décrocher une rencontre Hollande-Biya à l'Elysée. Pour y parvenir, ils entrent en contact avec Thomas Fabius (voir photos), le fils de Laurent Fabius. Le jeune homme de 31 ans à l'époque (il est né en 1981) est un enfant pas très recommandable.

En 2009, il escroque 80 000 euros à deux hommes d'affaires qui souhaitent investir en Afrique par l'entremise de son cabinet "TF Conseils". L'affaire s'achève devant les tribunaux. D'ailleurs, ce n'est pas la seule affaire qui le traîne devant les tribunaux. Mais qu'importe ! C'est le fils du ministre des affaires étrangères de France. Il peut faire du lobbying auprès de son père qui, à son tour, décrochera la fameuse audience. C'est donc ce jeune homme peu scrupuleux qui va jouer le rôle décisif. Paul Biya obtient finalement son audience pour le 30 janvier 2013. Pour cette mission, la présidence camerounaise dépense sans compter. Thomas Fabius demande et obtient plus de plusieurs millions d'euros pour son entremise. Un beau pactole.

Le jeune homme de 31 ans qui vivait du(RSA), va blanchir cet argent. Mais il tient à réaliser un investissement durable. Il achète un appartement de 280 mètres carrés d’une valeur de 7 millions d’euros à Saint-Germain-des-Prés. Sauf que, la cellule anti-blanchiment du ministère des Finances de France va signaler son opération. L'affaire fera les gros titres de certains journaux en France. L'appartement sera perquisitionné par la police et il sera garde à vue pendant 12 heures. Depuis 2013 que la presse française traite de cette affaire, elle se contente de donner des fausses versions. Tantôt, il aurait reçu un prêt de la banque italienne Banca Monte dei Paschi di Siena.

Tantôt, il aurait gagné ce pactole dans les casinos. Les deux versions sont facilement démontables. D'abord, Thomas Fabius ne pouvait présenter aucune garantie hypothécaire pour que la banque puisse lui accorder un prêt d'une telle importance. La version du casino est aussi fausse. Au moment où il achète son appartement, Thomas Fabius est pourchassé par des casinos de Las Vegas aux États-Unis dans lesquels, il a signé de nombreux chèques sans provision. Ce qui lui a valu un mandat d'arrêt aux États-Unis. Alors, où Thomas Fabius a-t-il pris l'argent qui lui a permis de s'acheter son appartement de luxe ? Il s'agissait de l'argent versé par la présidence de la république du Cameroun pour son rôle de facilitateur dans le marchandage ayant abouti à l'audience entre Paul Biya et François Hollande le 30 janvier 2013.

Paul Biya a payé pour l'audience. Et quelle audience ! Attendu à Paris, Paul Biya fut une nouvelle fois humilié par les autorités Françaises. Il fut reçu au bas de la passerelle, à l'aéroport d'Orly, par l'ambassadeur de France au Cameroun de l'époque, Bruno Gain, accompagné par son homologue camerounais, Lejeune Mbella Mbella. En lieu et place du tête-à-tête qu'il espérait, Paul Biya aura droit à une séance de travail entre les deux chefs d'État et leurs ministres autour d'une table. Paul Biya deviendra la risée de certains journaux camerounais qui vont résumer son voyage parisien par ce titre : "Paul reçu par un planton en France".

Le récit que nous venons de vous livrer est révélateur. Il traduit le niveau de ridicule auquel le président camerounais peut être parfois soumis pour conserver son pouvoir. Obsédé par cette illusion de légitimité qu'il croit tenir de la France, le chef de l'État camerounais est prêt à dépenser des sommes folles et à accepter le chantage d'un jeune homme de 31 ans pour se sentir dans les bonnes grâces de l'Elysée. Toute une tragédie !

Si les collaborateurs du président Biya (Belinga Eboutou en premier) l'ont laissé s'embarquer dans cette histoire rocambolesque, c'est aussi parce qu'ils ont l'habitude de vendre des audiences pour s'en mettre plein les poches. Par exemple, le chef du Protocole d'État, Simon Pierre Bikele, demande souvent 10 millions de francs CFA à des particuliers pour leur obtenir des audiences avec le chef de l'État. C'est donc, habitués des magouilles de la même nature, que les collaborateurs du président Biya l'ont laissé prêter son image à cet escroc international nommé Thomas Fabius. Ne dit-on pas que qui se ressemblent s'assemblent ? En voici une autre preuve.