Actualités of Tuesday, 7 October 2025
Source: www.camerounweb.com
Après plus d'une semaine d'absence sur le terrain, le chef de l'État camerounais de 92 ans effectue son unique descente de campagne dans la capitale de l'Extrême-Nord
"Me voici donc à Maroua." C'est par ces mots simples, presque familiers, que Paul Biya a entamé son unique bain de foule de la campagne présidentielle 2025. Ce mardi 7 octobre, le vol présidentiel transportant le Chef de l'État et candidat à sa propre succession, accompagné de la Première Dame Chantal Biya, a atterri à l'aéroport international de Maroua-Salak vers 13h30. Lebledparle.com rapporte qu'un accueil qualifié de "chaleureux et hautement symbolique" a été réservé au couple présidentiel par les autorités locales.
"Me voici donc à Maroua." Ces six mots, prononcés par le doyen des chefs d'État en exercice, résonnent comme une justification. Après avoir lancé sa campagne par une vidéo générée par intelligence artificielle, après dix jours passés en Europe pour un "séjour privé", après avoir laissé ses ministres sillonner le pays en son nom, Paul Biya se présente enfin physiquement devant les électeurs camerounais.
Le choix du verbe "voici" est significatif. Il évoque une présence longtemps attendue, presque une apparition. Pour un président qui n'avait pas effectué de meeting depuis le début de la campagne il y a plus d'une semaine, cette formule minimaliste tranche avec la grandiloquence habituelle des discours de campagne.
Maroua, un choix hautement stratégique
Le déplacement dans la capitale de l'Extrême-Nord n'est pas anodin. Cette région, l'une des plus peuplées du Cameroun avec plus de 4 millions d'habitants, représente un réservoir de voix crucial pour le scrutin du 12 octobre. Selon Lebledparle.com, il s'agit de "l'unique étape de campagne du président du RDPC" avant l'élection.
Paul Biya avait déjà organisé un meeting présidentiel à Maroua en 2018, lors de la précédente élection. Sept ans plus tard, le contexte est différent. La région, autrefois considérée comme un bastion du pouvoir, a vu plusieurs de ses figures politiques historiques rejoindre l'opposition. La défection d'Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre originaire de l'Extrême-Nord, et le ralliement de Bello Bouba Maïgari dans le camp adverse ont redistribué les cartes.
L'organisation de ce meeting n'a pas été de tout repos. Lebledparle.com révèle que "l'arrivée du Chef de l'État à Maroua, prévue de longue date, [a été organisée] par un dispositif militaire d'une extrême urgence". Cette formulation suggère une préparation dans la précipitation, contrastant avec l'image d'un pouvoir maître de son agenda.
La "haute sécurité" déployée pour cette visite témoigne des tensions qui traversent la région. Entre menaces sécuritaires liées à Boko Haram et climat politique tendu, la venue du président sortant nécessite des mesures exceptionnelles.
Au-delà du symbole de sa présence, Paul Biya devra convaincre les électeurs de l'Extrême-Nord qu'il a encore "beaucoup à offrir" après près de 43 ans à la tête de l'État. Le président a promis de "donner la priorité à la situation des femmes et des jeunes lors de son prochain mandat et de s'attaquer aux principaux problèmes socio-économiques".
Des promesses qui résonnent particulièrement dans une région confrontée à l'insécurité, au chômage massif des jeunes et à la pauvreté endémique. Reste à savoir si, à 92 ans, le candidat du RDPC parviendra à incarner le renouveau qu'il prétend représenter.
Paul Biya aborde ce scrutin avec la confiance d'un homme qui n'a jamais connu la défaite électorale depuis le retour du multipartisme en 1990. Favori annoncé pour remporter l'élection du 12 octobre, notamment après l'éviction de son principal rival Maurice Kamto, le chef de l'État peut compter sur la puissante machine du RDPC, parti qui domine la scène politique camerounaise.
Toutefois, ses victoires ont toujours été entachées d'allégations de fraude électorale, que son parti et le gouvernement ont systématiquement niées. Cette fois encore, l'opposition promet une vigilance accrue pour garantir la transparence du scrutin.
Après une campagne marquée par son absence physique – vidéo IA, délégation aux ministres, séjour européen –, Paul Biya devait absolument faire acte de présence sur le terrain. "Me voici donc à Maroua" devient ainsi une réponse aux critiques qui ont fusé durant toute la première semaine de campagne.
Cette unique descente sur le terrain vise à "démontrer, après des semaines d'absence, une adhésion populaire incontestable dans une région stratégique", souligne Lebledparle.com. Pour le président sortant, il s'agit de prouver qu'à 92 ans, il reste capable de mobiliser et d'incarner physiquement le pouvoir.
À cinq jours du scrutin, tous les regards sont tournés vers Maroua. L'accueil réservé à Paul Biya dans cette région du Nord sera scruté par les observateurs comme un indicateur de sa capacité à maintenir son emprise sur ses anciens bastions. Les images de ce meeting unique, les réactions de la foule, l'ampleur de la mobilisation seront analysées et décortiquées.
"Me voici donc à Maroua." Ces premiers mots du président à son arrivée pourraient résumer toute sa campagne : une présence minimale, une apparition nécessaire, un effort consenti à quelques jours du vote. Reste à savoir si cette visite éclair suffira à convaincre les électeurs de l'Extrême-Nord de lui accorder un huitième mandat.