Actualités of Tuesday, 26 August 2025

Source: www.camerounweb.com

Paul Biya, Bello Bouba Maigari et Issa Tchiroma Bakary : le Grand Nord, un "swing state" à la camerounaise ?

La question mérite d'être posée au moment où plusieurs candidats multiplient les charmes et séductions auprès de l'électorat du Grand Nord. Tous sont convaincus qu'une victoire dans le Septentrion constitue un pas décisif vers la conquête du pouvoir.



Bello Bouba Maigari et Issa Tchiroma Bakary, deux poids lourds de la politique camerounaise originaires du Grand Nord, ont concentré l'essentiel de leurs énergies sur cette partie stratégique du territoire national. Cette stratégie s'inscrit dans une logique bien connue au Cameroun : "les frères du village sont au village pour convaincre".


Cependant, une interrogation demeure : sans une coalition entre ces deux figures emblématiques, peuvent-ils réellement renverser la machine politique de Paul Biya, au pouvoir depuis 1982 ?

De son côté, le président sortant Paul Biya mise sur ce qu'il appelle "la fille aînée du renouveau" - l'Extrême-Nord - et s'appuie sur ses lieutenants historiques de la région. Parmi eux, Cavaye Yegué Djibril, président de l'Assemblée nationale, et Manaouda Malachie, ministre de la Santé publique, constituent ses principaux atouts pour conserver son fief traditionnel.
L'objectif est double : maintenir l'adhésion de cette base électorale fidèle tout en arrachant des voix significatives à ses deux anciens ministres devenus adversaires politiques.

Cabral Libii, leader du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), représente une troisième voie dans cette bataille nordiste. Depuis le début de sa carrière politique, il a effectué plus de déplacements dans cette région que partout ailleurs au Cameroun.


Son parti, né symboliquement dans le Septentrion, entend bien "gratter sa part" dans ce qui s'annonce comme un scrutin serré dans cette zone géographique stratégique.

Cette bataille pour le Grand Nord illustre parfaitement les dynamiques électorales camerounaises, où les logiques régionales et ethniques continuent de structurer largement le vote. Comme les "swing states" américains, le Septentrion pourrait bien détenir une partie des clés de l'élection présidentielle.


La campagne électorale à venir promet donc d'être particulièrement intense dans cette région, théâtre d'enjeux qui dépassent largement les frontières locales.