Actualités of Tuesday, 18 November 2025

Source: www.camerounweb.com

PAUL ATANGA NJI : Les dessous d'une stratégie pour éliminer les rivaux de Paul Biya

Au-delà de son rôle de ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji s'est imposé comme le véritable architecte des manœuvres ayant permis d'affaiblir l'opposition avant et pendant la présidentielle du 12 octobre. Des révélations exclusives de Jeune Afrique publiées ce lundi dévoilent l'étendue de son influence sur le processus électoral et ses ambitions personnelles.



Selon Jeune Afrique, le ministre ne s'est "pas interdit d'intervenir dans les carrières politiques" de ses adversaires. Le cas de Cabral Libii, président du PCRN et quatrième de la dernière présidentielle, est particulièrement révélateur. L'hebdomadaire rapporte que l'opposant "accuse [Atanga Nji] d'avoir manœuvré pour le déposséder de son parti, afin d'empêcher sa candidature".
Le magazine précise que Libii a dû "engager une bataille judiciaire pour conserver sa place", la Cour suprême ayant finalement tranché en sa faveur en août 2025. Cette intervention du ministre dans les affaires internes d'un parti d'opposition illustre l'étendue de son pouvoir de nuisance et sa volonté d'éliminer préventivement les candidats jugés dangereux pour le régime.



Mais c'est l'éviction de Maurice Kamto qui révèle toute la sophistication des méthodes d'Atanga Nji. Jeune Afrique expose le mécanisme : "Sa candidature a été invalidée après que Dieudonné Yebga, un inconnu ou presque, a déposé un dossier concurrent au nom du même parti (Manidem), revendiquant — avec opportunisme — le titre de président reconnu par le ministère de l'Administration territoriale."
L'hebdomadaire révèle que cette manœuvre a été fatale : "Le Conseil électoral, puis le Conseil constitutionnel, ont constaté la double candidature et invalidé les deux dossiers." En reconnaissant Yebga comme président légitime du Manidem, le Minatd dirigé par Atanga Nji a créé artificiellement une situation de confusion qui a permis d'écarter le principal rival de Paul Biya sans que le pouvoir n'apparaisse directement responsable.



Jeune Afrique dresse un bilan sans appel : "De la pré-campagne à la crise post-électorale, en passant par les batailles autour des candidatures, l'empreinte de Paul Atanga Nji aura marqué tout le processus." Cette omniprésence témoigne d'une centralisation inédite du contrôle politique entre les mains d'un seul homme.

Le magazine révèle également un détail troublant concernant la région d'origine du ministre. Dans le Nord-Ouest, Paul Biya aurait obtenu "un score historique de 86,31%", une performance que Jeune Afrique qualifie d'énigmatique. L'opposition "parle de fraude et pointe une hausse spectaculaire du nombre de votants, notamment une augmentation de 800% dans la région lors de la dernière présidentielle".



Selon Jeune Afrique, cette hyperactivité cache une ambition personnelle considérable. "Pour ses proches, il s'est imposé comme l'homme de la situation. Et certains l'imaginent désormais grimper plus haut dans la hiérarchie du régime, évoquant même la primature", révèle l'hebdomadaire.
Le magazine rappelle que "le poste de Premier ministre est, il est vrai, souvent accordé par Paul Biya à un anglophone", ce qui placerait Atanga Nji en position favorable. Toutefois, Jeune Afrique tempère : "Mais rien n'est moins sûr dans un système où les équilibres sont compliqués à trouver et où les ascensions s'avèrent rarement linéaires."


L'hebdomadaire souligne le paradoxe de la situation : alors que "nombre de ministres se montrent prudents à l'heure où le Cameroun est scruté par la presse internationale et les ONG, Atanga Nji tranche dans le vif". Cette posture offensive, si elle a permis d'affaiblir l'opposition avant le scrutin, pourrait coûter cher au régime en termes d'image.

Jeune Afrique conclut sur une interrogation : Atanga Nji "obtiendra-t-il vraiment la récompense qu'il espère ?" Pour l'instant, une certitude demeure, selon le magazine : "Personne n'oserait aujourd'hui lui contester son statut d'homme fort du moment." Reste à savoir si ce statut survivra à la crise qu'il a contribué à créer, ou si le ministre de l'Administration territoriale deviendra, à terme, le bouc émissaire d'une répression qui pourrait échapper au contrôle du pouvoir.Retry