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Actualités of Wednesday, 21 March 2018

Source: quotidienmutations.cm

Opération Epervier: où se cache réellement Atangana Kouna

Il est interdit de sortie du territoire depuis le 07 février dernier Il est interdit de sortie du territoire depuis le 07 février dernier

Prolongement du quartier Bastos qui se dresse en contrebas du Palais des congrès de Yaoundé, Ntougou-Golf est réputé pour ses résidences cossues et ses servitudes bien tracées et entièrement bitumées. Cette enclave de l’opulence abrite plusieurs représentations diplomatiques dont la forteresse qui sert d’ambassade aux Etats-Unis d’Amérique. Présenté aujourd’hui comme l’un des principaux symboles de fierté dans la capitale camerounaise, ceux qui « comptent » rêvent tous d’y posséder une résidence.

Comme Basile Atangana Kouna, propriétaire d’un somptueux duplex à un jet de pierre de la résidence privée du président de la République, Paul Biya, et en face de l’ambassade de la première puissance mondiale. C’est d’ailleurs ici que réside officiellement l’ex-ministre de l’Eau et de l’Energie (Minee). Ce mardi, 20 mars, peu après 14h. Devant la maison de l’ancien membre du gouvernement et sous un soleil de plomb, un jeune, la trentaine environ, lave un véhicule Toyota 111 de couleur grise. Il s’agit de fait d’un employé d’une villa située en face.

D’expression anglaise, il donne d’emblée l’impression de quelqu’un qui parle très peu. Approché par le reporter de Mutations dont il ignore la qualité de journaliste, il confirme que la maison qui se trouve derrière est effectivement celle de Basile Atangana Kouna. A la question de savoir si le ministre est présent chez lui, notre interlocuteur se braque. « S’il vous plaît, je ne peux pas vous en dire plus. Je suis là uniquement pour mon business, je ne voudrais pas avoir de problème ». Il demande ensuite que nous allions nous renseigner auprès des personnes présentes dans la guérite de l’ancien directeur général de la Cameroon Water Utilities (Camwater).

Dans cette pièce fermée d’environ 2×2 mètres et devant laquelle est garée une moto de fabrication chinoise, au moins deux personnes en civil y devisent. Pendant au moins 30 minutes, personne n’entre ni ne sort de la résidence. Lorsque s’ouvre enfin le portillon, c’est une jeune fille au teint frais et lumineux (13 ans environ), qui affiche des traits de ressemblance avec le ministre, qui sort et se dirige vers une longue voiture de marque Toyota Yaris Sedan de couleur noire, visiblement stationnée devant le portail depuis des heures.

Deux autres filles visiblement plus âgées se glissent à leur tour dans le véhicule qui reste encore immobilisée, alors même que le chauffeur y a depuis longtemps pris place. La plus jeunes des filles ressort près de cinq minutes plus tard et prend la direction de la guérite. « Le chauffeur dit qu’il n’y a pas assez de carburant dans la voiture », lance-t-elle en direction des vigiles. Qui lui ouvrent de nouveau le portillon – le portail est resté hermétiquement fermé. Elle ressort de la maison le sourire aux lèvres et s’introduit de nouveau dans la grosse cylindrée qui s’ébranle en direction du rond-point Bastos.

Complicité

Cette ambiance plutôt ordinaire tranche net avec celle de la veille. Une dame qui tient un petit étal non loin de la résidence de Basile Atangana Kouna dit n’avoir pas vu le ministre passer depuis quelques jours. « Hier matin [lundi dernier, Ndrl], j’ai vu beaucoup de gendarmes devant sa maison. J’ai appris ensuite qu’on l’avait arrêté », souffle-t-elle. Et un employé de l’entreprise Razel qui réalise les travaux de réhabilitation de la route qui traverse l’ambassade des Etats-Unis de la « corriger ». « Ce n’est pas lui qu’on a arrêté, puisqu’il n’était pas là. C’est plutôt sa femme », croit-il savoir. Sa version se rapproche en tout cas des informations qui ont circulé sur la toile toute journée de lundi dernier. Celles-ci faisaient état de l’interpellation de l’épouse de l’ex-Minee, Aline Mengue Akono. Mais, elle aurait en réalité été conduite au Tribunal criminel spécial (Tcs) pour être entendue au sujet de la fuite supposée ou réelle de son époux.

Sur les réseaux sociaux, d’aucuns qui disent détenir leurs informations « de sources crédibles » affirment tantôt que Basile a été « exfiltré » via l’aéroport international de Douala et à bord d’un vol d’Air Maroc depuis une semaine avec la complicité de sa femme qui est cadre aux Aéroports du Cameroun (Adc). Ceux-ci croient d’ailleurs savoir qu’il se trouve actuellement au Canada, après une escale à Casablanca. Une réunion stratégique aurait été instruite par le chef de l’Etat pour voir clair dans cette affaire.

Ça va dans tous les sens sur la toile, sous le regard apparemment bienveillant des autorités judiciaires qui ne communiquent pas sur l’affaire. Interdit de sortie du territoire depuis le 07 février dernier, Basile Atangana Kouna intéresserait la justice, non seulement au sujet de la répartition du capital de la Camerounaise des eaux (Cde) et de la renationalisation de celle-ci, mais aussi sur sa gestion successive de la défunte Société nationale des eaux du Cameroun (Snec) et de la Camwater, entre 2002 et 2009.