Une nouvelle attaque attribuée au groupe terroriste Boko Haram a frappé la localité de Hile-Alifa, dans la région de l'Extrême-Nord du Cameroun. Le bilan provisoire fait état d'un militaire tué, plusieurs blessés et d'importants dégâts matériels. Cette offensive survient quelques jours seulement après l'attaque meurtrière contre la base militaire de Wulgo au Nigeria, suscitant de vives inquiétudes sur la résurgence des activités terroristes dans la région du bassin du lac Tchad.
Selon les informations disponibles, l'attaque s'est déroulée dans la nuit contre la localité de Hile-Alifa, située dans le département du Logone-et-Chari. Les assaillants, lourdement armés, ont pris pour cible différentes infrastructures de la ville, notamment la mairie. Le bilan provisoire communiqué fait état d'un militaire tué et de plusieurs blessés parmi les forces de défense.
Les dégâts matériels sont considérables. Les terroristes ont incendié la maison du maire ainsi que deux véhicules appartenant à la municipalité : une Toyota Land Cruiser Prado et un pick-up 4x4 récemment acquis. Les assaillants auraient également emporté un tricycle et une quantité importante d'armes, dont le type et le nombre n'ont pas été précisés par les autorités.
Des vidéos de l'attaque, circulant sur les réseaux sociaux, témoignent de la violence des affrontements et de l'ampleur des dégâts occasionnés dans cette localité frontalière du Nigeria.
Cette offensive n'est pas fortuite. Des sources locales avaient rapporté que les membres de Boko Haram avaient explicitement désigné Hilé-Alifa comme leur prochaine cible après l'attaque de la base militaire de Wulgo au Nigeria. Cette information fait écho à la stratégie de communication intimidante du groupe terroriste qui, avant l'assaut contre Wulgo, avait annoncé dans différents messages interceptés par la population "qu'ils fêteraient le ramadan" dans cette localité.
La concrétisation de cette menace soulève d'importantes questions sur la capacité des services de renseignement à anticiper et à contrer ces attaques, ainsi que sur l'efficacité du dispositif sécuritaire déployé dans cette région particulièrement vulnérable.
Cette nouvelle attaque survient dans un contexte de recrudescence des activités de Boko Haram dans le bassin du lac Tchad. Le 25 mars dernier, le groupe avait conduit une offensive particulièrement sophistiquée contre la base militaire de Wulgo au Nigeria, poste avancé des forces camerounaises en territoire nigérian et camp de base de la Force mixte multinationale.
Selon les informations révélées par des sources militaires, cette attaque s'était déroulée en deux temps, débutant par des frappes de drones, suivies d'un assaut terrestre. Les échanges de coups de feu avaient duré plusieurs heures avant de tourner à l'avantage des assaillants. Le bilan officiel communiqué par l'armée camerounaise fait état de onze militaires tués, tandis que des sources indépendantes évoquent au moins 19 victimes.
Le chef de la division de la Communication du ministère de la Défense a reconnu, dans un communiqué publié le 26 mars, "que des groupes terroristes du pourtour du bassin du lac Tchad, dotés d'un armement de pointe, montaient en puissance". Cette déclaration fait écho à une précédente attaque survenue le 8 mars à Darak, au cours de laquelle les membres de Boko Haram avaient conduit une opération particulièrement sophistiquée leur permettant de s'emparer d'un important stock d'armes.
Suite à l'attaque de Wulgo, les blessés ont été transportés à N'Djamena et les dépouilles des soldats tombés au combat ont été acheminées à Maroua par hélicoptère. Mathias Fombele, préfet du Logone-et-Chari, présent à Fotokol le jour des faits à l'occasion de la remise d'un don du président Paul Biya, a tenu une réunion de sécurité d'urgence dans cette ville.
Le porte-parole de l'armée a annoncé que les opérations de recherche allaient s'intensifier afin de neutraliser les assaillants responsables de l'attaque de Wulgo. Il est probable que des mesures similaires seront prises suite à cette nouvelle offensive contre Hile-Alifa, dans un contexte de vigilance accrue.
Cette succession d'attaques témoigne d'une évolution préoccupante des capacités opérationnelles de Boko Haram, qui semble désormais capable de mener des opérations complexes dans différentes localités de la région, tant au Nigeria qu'au Cameroun, avec un niveau de coordination et d'équipement sophistiqué.