Actualités of Thursday, 4 September 2025

Source: www.camerounweb.com

Niat Njifenji, Jean Nkueté... Ces Bamilékés influents qui soufflent à l’oreille de Paul Biya et qui défient la thèse de la "bamiphobie"

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L'enquête exclusive de Jeune Afrique révèle un paradoxe troublant au cœur du débat sur la "bamiphobie" : alors que les accusations de discrimination se multiplient, certaines des personnalités les plus influentes du régime de Paul Biya sont issues de la communauté bamiléké. Une réalité complexe qui interroge la pertinence des théories sur l'exclusion systémique des "gens de l'Ouest".**

Dans les couloirs du pouvoir camerounais, l'enquête menée par Jeune Afrique révèle l'existence d'un cercle restreint de dignitaires bamilékés qui occupent des positions stratégiques dans l'architecture institutionnelle du pays. Ces "barons de l'Ouest", comme les surnomment discrètement leurs pairs, constituent un contre-argumentaire vivant aux thèses développées par Achille Mbembe et Patrice Nganang sur l'exclusion systématique de leur communauté.
Au sommet de cette pyramide bamiléké du pouvoir trône Marcel Niat Njifenji, président du Sénat depuis 2013. Les révélations de Jeune Afrique montrent que ce natif de Bafoussam occupe une position constitutionnelle unique : en cas de vacance du pouvoir présidentiel, c'est lui qui assurerait l'intérim jusqu'à l'organisation d'élections.

Cette proximité institutionnelle avec Paul Biya, que confirment nos sources au Palais de l'Unité consultées par Jeune Afrique, fait de Niat Njifenji l'un des hommes les plus puissants du Cameroun. Un statut qui contraste singulièrement avec les accusations de marginalisation politique des Bamilékés portées par les tenants de la "bamiphobie".

L'enquête exclusive de Jeune Afrique révèle que cette nomination au perchoir sénatorial n'était pas fortuite. Elle s'inscrivait dans une stratégie d'équilibres ethnorégionaux savamment orchestrée par le chef de l'État, soucieux de ménager les susceptibilités de l'Ouest camerounais tout en s'assurant de la loyauté de ses lieutenants.

Plus discret mais tout aussi influent, Jean Nkueté incarne la face cachée du pouvoir bamiléké au sein du système Biya. Secrétaire général du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) depuis 2018, cet ancien ministre originaire de Bandjoun détient, selon les informations exclusives obtenues par Jeune Afrique, l'une des clés du maintien au pouvoir du président camerounais.

Les révélations de Jeune Afrique montrent que c'est à lui qu'a été confiée, par circulaire présidentielle du 16 juillet dernier, la coordination nationale de la campagne de Paul Biya pour la présidentielle d'octobre 2025. Un choix qui en dit long sur le niveau de confiance accordé par le chef de l'État à ce technocrate de l'ombre, formé à l'École nationale d'administration et de magistrature (ENAM).

Cette désignation, révélée par Jeune Afrique, constitue un démenti cinglant aux théories sur l'exclusion politique des Bamilékés. Comment expliquer qu'un supposé "système bamiphobe" confie la coordination de sa survie électorale à un fils de l'Ouest ?

L'enquête de Jeune Afrique révèle l'existence d'une stratégie plus subtile que ne le laissent entrevoir les débats actuels. Le régime de Paul Biya a développé, au fil des décennies, un système d'intégration sélective des élites bamilékés, privilégiant la cooptation à la confrontation.

Cette approche, dont les mécanismes sont dévoilés par Jeune Afrique, consiste à identifier les personnalités bamilékés les plus influentes et à les associer étroitement au pouvoir, neutralisant ainsi toute velléité de contestation communautaire. Marcel Niat Njifenji et Jean Nkueté incarnent parfaitement cette logique d'absorption des élites régionales.

Les sources gouvernementales consultées par Jeune Afrique confirment que cette stratégie a largement contribué à la stabilité du régime. En offrant aux Bamilékés les plus ambitieux des perspectives de carrière au sein de l'appareil d'État, le pouvoir a longtemps réussi à canaliser les frustrations communautaires.

Cependant, l'analyse exclusive de Jeune Afrique révèle que cette stratégie d'intégration pourrait aujourd'hui montrer ses limites. La montée en puissance du discours sur la "bamiphobie" et la mobilisation autour du rejet de la candidature Kamto questionnent la représentativité de ces "barons bamilékés" au sein de leur communauté d'origine.
Les investigations de Jeune Afrique montrent que ces personnalités sont de plus en plus perçues par leurs compatriotes de l'Ouest comme des "supplétifs du système", des "Bamilékés de service" qui auraient trahi les aspirations de leur communauté en échange de positions privilégiées.
Cette évolution, que confirment nos sources dans les milieux intellectuels bamilékés contactées par Jeune Afrique, pourrait remettre en cause l'efficacité de la stratégie de cooptation traditionnellement utilisée par le pouvoir camerounais.