Actualités of Thursday, 6 November 2025

Source: www.camerounweb.com

'Ne perdez pas votre chance, cher Paul': l'émouvante lettre d'Obasanjo à Paul Biya

Olusegun Obasanjo donne des conseils à Paul Biya Olusegun Obasanjo donne des conseils à Paul Biya

L'obstination de Paul Biya de s'accrocher au pouvoir commence par faire réagir certains anciens chefs d'Etats africains. Olusegun Obasanjo, ancien président nigérian a décidé de lui écrire une émouvante lettre.

Dans sa missive, l’ancien président nigérian invite le chef de l’État camerounais à céder la place.

Dans un continent trop souvent marqué par des dirigeants s’accrochant au pouvoir jusqu’à leur dernier souffle, une voix s’élève, tranchante et chargée d’une autorité morale incontestable. L’ancien président du Nigeria, Olusegun Obasanjo, s’adresse directement à Paul Biya, président du Cameroun depuis 1982, dans une lettre ouverte qui est bien plus qu’un simple conseil : c’est une réprimande diplomatique déguisée en bénédiction fraternelle.

Le ton est courtois, presque affectueux. « Cher Paul », commence Obasanjo. Mais derrière cette déférence de façade se cache un argument aussi simple qu’accablant : le temps est irréversible. Obasanjo, lui-même octogénaire, rappelle leur âge avancé et le bonheur simple qui devrait être celui de leur génération : « Les personnes de notre génération qui sont encore en vie tirent joie des sourires et de l’affection de nos arrière-petits-enfants, petits-enfants et enfants. » Une image puissante qui contraste violemment avec l’opiniâtreté d’un Biya, âgé de 91 ans, à se maintenir à la tête d’un pays en proie à de multiples crises.

Le génie de la missive réside dans son contraste. Obasanjo se met en scène en exemple : il a connu le pouvoir militaire, est revenu démocratiquement, et l’a quitté conformément aux règles. « Cela fait 18 ans que j’ai quitté les couloirs du pouvoir, tandis que vous restez le Grand Président du Cameroun. » La phrase, d’une froideur statistique, est un coup de poignard. Elle n’a pas besoin d’accuser ; elle constate, et ce constat est une condamnation sans appel.

L’ancien général nigérian ne parle pas de coup d’État, de sanctions internationales ou de révolte populaire. Il invoque quelque chose de bien plus précieux pour un homme à l’aube de sa vie : la postérité. « Ne perdez pas votre chance, cher Paul, il est entre vos mains d’écrire votre nom dans les annales de l’histoire du Cameroun. » Sous-entendu : votre chance est encore là, mais elle s’amenuise chaque jour où vous restez. Votre héritage, au lieu d’être célébré, risque d’être entaché à jamais par votre incapacité à passer la main.

Cet appel n’est pas isolé. Il résonne avec les inquiétudes d’une grande partie de la jeunesse camerounaise, qui n’a connu qu’un seul président et aspire à un renouveau dans un pays fracturé par des conflits séparatistes et des défis économiques immenses. La lettre d’Obasanjo donne une légitimité et une portée internationale à ces frustrations longtemps étouffées.

En concluant par un vibrant « Vive la République du Cameroun », Obasanjo opère un magistral retournement. Il ne s’attaque pas à l’homme, mais il célèbre la nation, soulignant que son auteur, en sage retraité, place l’intérêt du pays au-dessus de tout, y compris des amitiés personnelles.

La balle est désormais dans le camp de Paul Biya. Restera-t-il sourd à cette leçon de sagesse venue d’un pair, préférant la triste litanie des présidents à vie ? Ou saisira-t-il cette perche tendue pour sortir par la grande porte et, peut-être, sauver in extremis sa place dans l’Histoire ? Le continent entier, lassé des transitions tragiques, attend sa réponse.