Le Cameroun et le monde de l'humour sont en deuil. L'honorable Narcisse Kouokam, vétéran de l'humour camerounais, nous a quittés. Né le 29 mars 1962 à Bafoussam dans la région de l'Ouest Cameroun, Narcisse Kouokam a marqué plusieurs générations par son talent unique et son engagement à utiliser l'humour pour refléter la société. Son histoire, écrite en lettres d'or dans les annales de l'humour camerounais, reste une source d'inspiration pour beaucoup.

Dès son plus jeune âge, Narcisse Kouokam se distingue par un esprit pétillant et un talent inné pour faire rire. Dans les années 70, alors qu'il n'est encore qu'un écolier à l'école publique de Tsinga à Yaoundé, il fait sensation avec un sketch mémorable intitulé "L'homme pressé". Au collège, il perfectionne son style et s'illustre avec "La voiture diplomatique", un sketch qui deviendra une référence.


Grand admirateur d'Ambroise Mbia, Narcisse Kouokam nourrit son art en s'inspirant des grands noms de la scène. Bien qu'humoriste dans l'âme, il excelle également dans le sport, notamment en volleyball, où il se distingue par ses performances de haut niveau.


Son entrée dans le monde des médias se fait au début des années 80, à travers l'émission radiophonique "Roue Libre" de Lucien Mamba sur Radio Cameroun. Précurseur, il est l'un des premiers humoristes à présenter des sketches à la radio. En 1985, il est invité sur la scène internationale par la télévision ivoirienne, marquant ainsi le début d'une reconnaissance au-delà des frontières camerounaises. Il devient également, avec François Misse Ngoh, l'un des premiers invités de l'émission culte "Tam-Tam Week-end".

Les productions humoristiques de Narcisse Kouokam témoignent de son immense créativité et de son engagement à utiliser l'humour pour réfléchir sur la société. Parmi ses œuvres les plus connues figurent "Le match Nord-Sud", "Le Mbongo Tchobi" et "Ahmed au Paradis". En 1984, il enregistre son premier disque vinyle au studio Satel à Cotonou, lançant une carrière discographique prolifique. Ses autres titres, comme "La coupe est pleine", "Le Discours dort" et "Appelez-moi honorable", enrichissent un catalogue qui reflète son regard acéré sur la société.

Parmi ses créations les plus mémorables, on trouve "Le téléphone circulaire", un sketch hilarant où il campe un député appelant son fils à Paris, illustrant à merveille son aptitude à mêler satire et comédie. Un autre de ses chefs-d'œuvre, "Coup Franc", explore les travers de la société à travers une émission fictive, alliant humour et critique sociale avec une finesse rare.

Narcisse Kouokam n'a jamais hésité à s'attaquer aux sujets sensibles avec audace. Son humour dépasse le simple divertissement pour devenir un outil de réflexion et d'éveil des consciences. En dehors de la scène, il a mené une carrière professionnelle diversifiée, travaillant comme chargé des relations publiques à la Société de Transport Urbain du Cameroun (SOTUC) et comme responsable de la communication au Crédit Agricole du Cameroun.
Il est également auteur et a publié "J'apprends vite à rire, mon livre unique de comique", un ouvrage qui mêle humour et observations sociales. Passionné de musique, il s'adonne au chant, notamment au blues, dans ses moments de loisir.

Narcisse Kouokam, avec son humour percutant et intemporel, reste un visionnaire dont les créations continuent de résonner avec l'actualité. À travers ses sketches, il divertit mais éveille aussi les consciences, laissant un héritage riche et précieux au patrimoine culturel camerounais. Son départ laisse un vide immense, mais son œuvre continuera d'inspirer et de faire rire les générations futures.