C'est avec une profonde tristesse que le monde culturel camerounais a appris la disparition d'Angeline Solange Bonono, écrivaine et figure intellectuelle reconnue de la diaspora camerounaise en France. Elle s'est éteinte le 15 mai 2025 à 16h15 à Évry, en Île-de-France, des suites d'une maladie, à l'âge de 50 ans.

Née le 2 mars 1975 au Cameroun, Angeline Solange Bonono était issue d'une famille d'intellectuels, ses parents étant enseignants et conseiller de jeunesse. Orpheline de père dès 1979, elle a néanmoins poursuivi un brillant parcours académique qui témoigne de sa passion pour les lettres et les arts.
Après des études secondaires au lycée bilingue d'Essos à Yaoundé sanctionnées par un Baccalauréat A4 option Allemand, elle a construit un solide curriculum universitaire : licence en lettres modernes françaises, maîtrise en études théâtrales, maîtrise ès lettres modernes françaises, diplôme de professeur des lycées d'enseignement général (DIPES II), et diplôme d'étude avancée (DEA) en littérature française.

Son talent artistique s'est manifesté très tôt. En 1981, alors adolescente, elle s'illustre déjà sur scène en jouant dans la troupe du collège bilingue d'application de Ngoa-Ekellé, dans la pièce "Kabeyene ou à qui la faute" de Julien Mfoulou, une œuvre qui sera ensuite diffusée à la télévision nationale. L'année suivante, elle poursuit son parcours théâtral en interprétant un rôle dans "La Secrétaire particulière" de Jean Pliya.

Sur le plan littéraire, Angeline Solange Bonono s'est particulièrement distinguée dans la poésie. Sa contribution au recueil collectif "D'aujourd'hui: 15 poètes camerounais", avec son texte intitulé "Que la poésie soit avec vous", l'a placée aux côtés d'autres talents reconnus de la littérature camerounaise tels qu'Anne Cillon Perri, Fernando d'Almeida, Marie Claire Dati, Edouard Kingué, Hervé Yamguen, Lionel Manga, ou encore Valère Epée.

Installée en France, Angeline Solange Bonono partageait sa vie à Évry avec son époux, l'essayiste Gaston Kelman, célèbre pour ses réflexions sur l'identité et l'intégration. Elle avait su maintenir des liens forts avec son pays d'origine tout en s'intégrant pleinement dans son pays d'adoption.

L'annonce de son décès a suscité de nombreuses réactions émues, notamment celle de l'écrivain Vincent Sosthène Fouda qui lui a rendu un vibrant hommage sur les réseaux sociaux : « Angeline Solange Bonono Kelman s'en est allée ce 15 mai à 16 heures 15. Je l'appelais tata sur les réseaux sociaux. J'ai visité son village et je lui disais dès que tonton Angeline Solange Bonono Kelman sera parti je serai l'unique neveu qui héritera de toi et de toi seule. Nous avons établi notre rituel, elle était un inconditionnel de Kylian Mbappé et moi je la suivais par amour depuis Évry. C'était tata solo avec honneur et respect ».
La disparition d'Angeline Solange Bonono laisse un vide dans le paysage littéraire camerounais. Figure de la diaspora intellectuelle, elle incarnait cette génération d'artistes et penseurs qui, depuis l'étranger, continuent d'enrichir la culture camerounaise tout en tissant des ponts entre l'Afrique et l'Europe.

Sa contribution aux lettres camerounaises, bien que discrète, n'en demeure pas moins significative, inscrite dans une tradition littéraire nationale riche et diversifiée. Les témoignages qui affluent depuis l'annonce de son décès révèlent l'impact qu'elle a eu sur ceux qui l'ont côtoyée, tant sur le plan personnel que professionnel.

La communauté camerounaise en France, ainsi que le monde culturel au Cameroun, s'unissent aujourd'hui dans le recueillement pour rendre hommage à cette femme de lettres dont le souvenir restera vivant à travers ses écrits et les cœurs de ceux qui l'ont connue et aimée.