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Actualités of Thursday, 14 March 2024

Source: L'Œil du Sahel N°1917 du 13 mars 2024

Mokolo : un paysan pris au dépourvu dans son sommeil par Boko Haram

Mort par balle Mort par balle

Mamtsaï Flime, 35 ans, habitant de la localité de Ziver, arrondissement de Mokolo dans la région de l'Extrême-Nord, a été froidement assassiné par des combattants de Boko Haram. La scène s’est déroulée dans la nuit du 10 au 11 mars dernier.

Il était un peu plus de 22h quand ces visiteurs d’un autre genre, armés de fusils et d’armes blanches, ont investi le village. Ils ont passé toutes les concessions au peigne fin, les dépouillant systématiquement de leurs contenus. Ces hors-la-loi ont surpris la victime dans sa demeure et lui ont ôté la vie.

« Il était dans un état d’ébriété ce soir-là. Il était donc saoul et s’est endormi. Il a donc été surpris dans son sommeil. Or, tout le monde avait vidé le village à la tombée de la nuit pour se retrancher dans des cachettes. Sous l’effet de l’alcool, il n’a pas quitté sa maison. C’est comme ça que ces gens l’ont surpris et lui ont ôté la vie en lui administrant des coups de poignard dans le thorax. Il n’a pas résisté à ses blessures. Il en est mort », raconte Wandala, habitant de Ziver.

Lors de cette attaque, d’importants stocks d’effets vestimentaires et de denrées alimentaires ont été emportés par les assaillants. « Ils ont fouillé toutes les concessions. N’ayant rencontré aucune résistance comme toute la population a fui le village, ils les ont vidées toutes de leur contenu. Ils ont tout emporté avec eux. Nous n’avons rien, surtout qu’ils ne sont pas à leur première attaque. Cela fait exactement 10 ans que nous partageons nos cachettes avec les animaux des champs. Nous avons perdu la notion de vie paisible. D’ailleurs je peux dire que nous n’avons pas de vie. Nous peinons à nous nourrir et nos enfants ont complètement oublié le chemin de l’école. Nous ne savons pas à quoi ressemblera leur avenir », se demande Wandala.

Il est à préciser que la localité de Ziver est limitrophe à la localité d’Oupaï qui est située dans l’arrondissement de Mayo Moskota, en pleine montagne. C’est une localité difficilement accessible. « Ziver est une localité montagneuse dont l’accès est difficile aux forces armées. C’est en réalité ce facteur qui constitue un obstacle à l’intervention des forces armées lors des attaques de Boko Haram. Il n’y a pas de route leur permettant de circuler et de traquer ces ennemis de la paix », explique un habitant de cette localité.

« Compte tenu de cette réalité, l’administration doit leur tenir un langage de vérité au lieu de demander aux populations de rentrer alors que leur sécurité n’est pas assurée. Ou l’État implante un poste militaire fourni en éléments ou on leur demande de partir. C’est une localité régulièrement attaquée. Je crois que les politiques et élites du département devront se pencher sur cette question », penche Zebaï Vanagolda, habitant d’Oupaï.