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Actualités of Tuesday, 17 July 2018

Source: La Détective 1049

Ministère des Transports: Paul Biya table du poing sur la table

Paul Biya a instruit le ministère des transports sur l'insécurité routière Paul Biya a instruit le ministère des transports sur l'insécurité routière

Le chef de l’Etat siffle la fin de récréation dans le domaine des transports. A travers un communiqué rendu public en tout début de semaine écoulée, le président de la République a prescrit un accroissement de la prévention routière et une répression absolue des infractions de toute nature constatées en matière de circulation routière sur le territoire national. Aussitôt, le ministre des Transports a procédé à la suspension de six agences de voyages qui exerçaient en situation clandestine.


l faut des mesures plus fortes ! Telle est la volonté exprimée par le chef de l’Etat dans ses instructions relatives à l’assainissement du secteur des transports au Cameroun. Car, malgré l’organisation des campagnes cycliques de prévention routière et la multiplication des barrières de contrôle, le nombre d’accidents n’a pas diminué de façon significative sur nos axes routiers. L’histoire du bus assassin parti, en toute illégalité, de Yaoundé au petit matin du 6 juillet dernier pour Bafoussam, traversant toutes les barrières de contrôle jusqu’au lieu du drame à Boutourou I dans le Mbam-et Inoubou, est édifiant à cet égard.

Selon les premières investigations sur cet accident qui a coûté la vie à 31 personnes et fait quatre blessés, il ressort que le chauffeur du véhicule n’était pas titulaire d’un permis de conduire. De plus, l’agence de transport ne dispose pas d’une licence de deuxième catégorie qui l’autorise à opérer dans le transport interurbain. Ce qui fait de ce bus et de la compagnie Takala pour laquelle il roulait des clandestins.

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De nombreux dysfonctionnements à régler Mais à l’observation, il s’agit là de lieux communs en matière de circulation routière dans notre pays. C’est que les clandestins et autres contrevenants du Code de la route sont légion. Et malgré les différents mécanismes mis en place pour mettre définitivement un terme à leurs activités, ils se font ingénieux au quotidien, tout en bénéficiant de complicités parmi les éléments des structures qui doivent combattre le crime, pour passer à travers les mailles du filet. Du coup, la prévention routière avec son opération phare, «Contrôle-surveillance-répression des infractions à la circulation routière» menée conjointement par le ministère des Transports et la Gendarmerie nationale, est appelée à revoir ses méthodes de travail.

Comment veut-on qu’il en soit autrement si en 2018, un aventurier, sans être en possession de tous ses moyens, ni autorisations incontournables, peut prendre la route, avec à bord de son véhicule de précieuses vies ne demandant qu’à arriver à destination en un seul morceau ? Sur les routes, chaque usager peut constater à loisir la circulation de bus à l’ergonomie contrefaite, surchargés, des pneus usés, carrosserie en mauvais état, présentant curieusement une fiche de visite technique conforme. Et que dire du non-port de la ceinture de sécurité et de l’excès de vitesse qui sont le sport favori de bien d’automobilistes ?

C’est clair que de nombreux dysfonctionnements demeurent dans notre système de lutte contre l’insécurité routière. Faire de nos routes des espaces sûrs où circulent personnes et biens est-il mission impossible ? Les solutions sont connues et la panoplie de textes y relatifs adoptés, publiés même, pour que nul n’en n’ignore. En effet, pour épargner des vies supplémentaires, des mesures ont été prises depuis plusieurs années relativement à la réduction de la vitesse, la consommation de l’alcool et des drogues
avant de prendre le volant, le repos des chauffeurs et la limitation des courses entre les villes desservies, l’état des véhicules…

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Mais, la recrudescence des accidents sur nos axes routiers montre clairement que quelque chose coince. Et selon les observateurs avertis, la faille se trouve dans l’application des textes, de l’ensemble des mesures proposées par les différents acteurs du secteur et susceptibles d’arrêter l’hémorragie. «Il ne sert à rien d’avoir de bons textes si l’on ne peut pas les appliquer. Où sont les contrôles mieux ciblés, les alcootests, les éthylotests anti démarrage pour les chauffeurs, les radars mobiles au quotidien sur tous les axes, les dossiers de suivi des automobilistes ayant déjà commis des infractions et sous le coup des sanctions ?», demande avec insistance l’un d’eux.

Six agences de voyages sanctionnées Une soixantaine d’infractions est listée et doit être sanctionnée par la Gendarmerie sur les grands axes routiers, mais ce n’est pas toujours le cas. A cause des indulgences et des passe-droits qui se multiplient. L’expérience a montré effectivement que dès lors qu’on commence à laisser passer certains contrevenants, on laissera passer tout le monde. D’où la dilution de l’efficience de ces campagnes de sécurité routière, après tant d’années de mobilisation. Et puis, les responsables des accidents mortels s’en tirent généralement sans des poursuites pénales, alors même qu’ils laissent des vies sur le carreau.

Autres curiosités : des chauffeurs et promoteurs de compagnies de voyages récidivistes en matière d’infractions bénéficient régulièrement d’une simple mise en garde, malgré leur implication dans de graves accidents. La suspension de la licence intervient rarement. Quand bien même, des pressions externes font généralement que la sanction n’aille pas jusqu’à son terme. Par ailleurs, des entreprises de transport opérant en marge de la légalité tardent à se conformer à la règlementation en vigueur. L’on ne peut pas faire dans la sensibilisation perpétuellement !

A un moment, il faut frapper les responsables de ces morts inutiles. Ils n’offrent ni une première, ni une seconde chance aux personnes qu’ils tuent. Pourquoi leur en donne-t-on à eux ? C’est clair que si l’on veut plus de résultats, il faut réprimer, durement, durablement et à tous les coups. Et parlant de répression, Jean Ernest Masséna Ngallè Bibéhè, ministre en charge des Transports vient d’avoir la main lourde en procédant à la suspension, mardi, d’une demi-douzaine de compagnies de voyages : Charité Voyages, Elégance du Noun, Alliance Voyages, Super Grand Mifi Plus Voyages, Fako Travelers et Butrans Voyages. Six compagnies de transport au total sur 32 qui exerçaient leurs activités sans agrément. Situation qui, selon le ministre des Transports, s’apparente à la pratique du transport clandestin.

Sauver des vies Nul doute que dans la foulée des premières sanctions prises, celles qui vont suivre viseront les centres de contrôle technique automobile peu rigoureux voire fantaisistes dans la délivrance des certificats de conformité, les gendarmes commis à la prévention et à la sécurité routières qui brillent par laxisme et surtout par la corruption, les propriétaires de véhicules qui sont de réels dangers (pneus usés, pare-brise en lambeaux, clignotants et feu de signalisation inexistants), mais aussi tous ces chauffeurs qui mettent en péril la vie des personnes sur nos routes par l’excès de vitesse, la surcharge de passagers ou de bagages, le chevauchement de la ligne continue, les dépassements dangereux ou par la consommation d’alcool.

A travers la répression, il est question de sauver des vies humaines dans un pays où 1 200 personnes meurent sur la route chaque année d’accidents causés à 70% par erreur humaine, 20% par la défaillance mécanique et 10% à cause des infrastructures routières