Après plusieurs jours d'absence qui avaient suscité de vives inquiétudes dans les rangs de l'opposition camerounaise, Me Michele Ndoki a finalement donné de ses nouvelles. Dans une interview accordée à 7 info, l'avocate et figure de proue du mouvement des Bâtisseurs de la nation révèle avoir quitté précipitamment le Cameroun pour se réfugier en Côte d'Ivoire, fuyant ce qu'elle décrit comme des menaces d'interpellation et même de disparition.
Installée désormais à Abidjan, Me Michele Ndoki raconte un périple digne d'un thriller politique. Son exil forcé l'a conduite à traverser le Cameroun dans des conditions périlleuses, s'appuyant sur la solidarité de personnes qu'elle qualifie de "bonne volonté" qui lui ont offert hébergement et transport. L'avocate a quitté Yaoundé pour rejoindre Douala, avant de poursuivre sa route vers l'Ouest, puis le Nord et l'Extrême-Nord du pays, pour finalement gagner le Tchad d'où elle a pu prendre un vol vers sa destination finale.
Ce départ précipité intervient dans un contexte de forte tension postélectorale au Cameroun. En tant que leader des Bâtisseurs de la nation, Me Ndoki a joué un rôle central dans le suivi des élections présidentielles du 12 octobre dernier à travers la plateforme Disô, un système de collecte des données de vote qui a suscité la controverse et l'ire du pouvoir en place.
Malgré son exil, l'avocate affirme que sa priorité demeure intacte : "dire la vérité des urnes telle que collectée par la plateforme" qu'elle dirige. Cette déclaration laisse entrevoir que Me Ndoki compte bien continuer son combat depuis l'étranger, possiblement en révélant des données qui contrediraient les résultats officiels proclamés par le Conseil constitutionnel.
Cette fuite spectaculaire d'une figure majeure de l'opposition camerounaise illustre le durcissement du climat politique dans le pays après la réélection de Paul Biya. Elle soulève également des questions sur la liberté d'expression et la sécurité des acteurs politiques qui osent contester les résultats électoraux officiels.
Pour l'heure, les autorités camerounaises n'ont pas réagi officiellement à ces déclarations. Reste à savoir si Me Michele Ndoki, depuis son refuge ivoirien, procédera effectivement à la publication des données collectées par Disô, ce qui pourrait déclencher une nouvelle crise politique au Cameroun.









