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Actualités of Monday, 15 April 2024

Source: www.camerounweb.com

Michel Thierry Atangana accuse la France d'avoir failli à son devoir de protection

Michel Thierry Atangana Michel Thierry Atangana

Dix ans après sa libération de la prison au Cameroun où il a été détenu arbitrairement pendant 17 ans, l'ingénieur français Michel Thierry Atangana continue de porter un lourd combat pour obtenir justice et réparation. Si une loi portant son nom a été adoptée en France pour protéger les Français emprisonnés à l'étranger, M. Atangana estime que les autorités françaises ne l'ont pas suffisamment soutenu et qu'elles l'ont en quelque sorte abandonné à son sort.

"Je dois admettre que la France s'est toujours mobilisée pour d'autres Français, mais pas pour moi", accuse-t-il dans un entretien avec Jeune Afrique. Il souligne que sous la présidence de François Hollande, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius s'était rendu au Cameroun pour obtenir la libération de la famille Moulin-Fournier enlevée par Boko Haram, mais qu'aucun geste similaire n'a été fait en sa faveur.

M. Atangana dénonce une "rupture d'égalité" de traitement de la part des autorités françaises, estimant que s'il n'avait pas été d'origine camerounaise, les autorités de ce pays n'auraient pas agi "avec la même rigueur et cruauté" à son encontre. Les militaires l'auraient même tourné en dérision en prison en insinuant que s'il avait été "un vrai Français", le président l'aurait fait libérer.

Malgré l'avis du Groupe de travail de l'ONU jugeant sa détention arbitraire, la France qui en est pourtant à l'origine "n'a pas davantage appliqué ces recommandations ni exigé de Yaoundé qu'il le fasse", regrette l'ingénieur. "Le silence et l'indifférence font des autorités françaises des complices", lance-t-il.

Après avoir obtenu l'adoption en France de la loi visant à protéger les Français détenus injustement à l'étranger, M. Atangana souhaite désormais porter ce combat au niveau européen. Il espère l'adoption d'une directive européenne sur ce sujet, car selon lui "c'est une première révolution" permettant enfin aux États d'assumer leurs responsabilités envers leurs citoyens.