Dans une intervention remarquée lors de l'émission "Club d'Elite" diffusée ce dimanche sur Vision 4, Charlemagne Messanga Nyamding a appelé l'opposition camerounaise à mettre en place des "commandos politiques" en vue de la présidentielle de 2025. L'homme politique a dressé un diagnostic critique des échecs successifs de l'opposition depuis trois décennies, pointant du doigt l'absence récurrente de stratégie politique cohérente.
"Il faudrait des commandos politiques, surtout pour la présidentielle de 2025," a déclaré Messanga Nyamding dans une analyse qui a rapidement suscité de nombreuses réactions dans la sphère politique camerounaise.
Pour étayer son propos, l'intervenant s'est appuyé sur une analyse chiffrée des résultats électoraux depuis le retour au multipartisme. "En 1992, le président a difficilement obtenu 39%. En 1997, il a obtenu presque 97%. C'était sans alliance préparée par l'opposition," a-t-il souligné, établissant une corrélation entre la désunion de l'opposition et les scores écrasants du président en exercice.
Selon son analyse, ce schéma se serait répété lors des scrutins ultérieurs : "En 2004, il est redescendu. En 1997, sans une coalition de l'opposition, vous allez voir que le président, à lui tout seul, a fait 70%. En 2011, rebelote. En 2018, rebelote : il a 71%, sans stratégie commune de l'opposition."
L'originalité de l'intervention de Messanga Nyamding réside dans sa proposition d'une double approche stratégique. "Pour gagner une élection, il y a deux instruments : l'instrument politique — l'opposition est en train de le mettre en place — et le deuxième instrument, c'est l'institutionnel," a-t-il expliqué.
Sur le plan institutionnel, il a particulièrement insisté sur deux leviers juridiques : l'article 3 de la Constitution et l'article 147 du Code électoral. Ce dernier, selon lui, offre une marge de manœuvre stratégique souvent négligée par l'opposition. "Vous allez voir que les candidats peuvent tous se présenter. C'est ce qui échappe au pouvoir. Les candidats peuvent aussi renoncer avant l'impression des bulletins," a-t-il précisé.
Cette analyse intervient dans un contexte où l'opposition camerounaise tente de s'organiser pour proposer une alternative crédible au pouvoir en place depuis plus de quatre décennies. L'appel à des "commandos politiques" semble suggérer une approche plus structurée et coordonnée que lors des précédentes échéances électorales.
Messanga Nyamding a conclu son intervention par une attaque directe contre le parti au pouvoir : "Le RDPC n'a plus de gens forts. Ils sont faibles, ces complotistes." Une déclaration provocatrice qui illustre la montée des tensions à l'approche de l'échéance présidentielle de 2025.
Reste à voir si l'opposition saura tirer les leçons de ses échecs passés et mettre en œuvre cette stratégie de "commandos politiques" prônée par Messanga Nyamding pour faire face au parti au pouvoir dans les urnes.