Le Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC), formation politique dirigée par Issa Tchiroma Bakary, est secoué par une défection de poids. Ousmanou Aman Saa'ly, plus connu sous le nom de Yerima Dewa, a officiellement annoncé son départ du parti, provoquant une onde de choc dans les rangs de cette formation émergente.


Cette scission retentissante, intervenant à quelques mois seulement de l'élection présidentielle d'octobre 2025, fragilise considérablement le FSNC. Yerima Dewa emporte avec lui une part non négligeable de la base militante dans la région de la Bénoué, ainsi que le soutien de plusieurs élites locales qui avaient rejoint le parti sur sa recommandation.

Le départ de cette figure influente survient dans un contexte particulièrement délicat pour Issa Tchiroma Bakary, qui vient tout juste d'annoncer sa candidature à la présidentielle après avoir quitté le gouvernement. Dans sa "lettre aux Camerounais" publiée le 25 juin, l'ancien ministre de l'Emploi appelait à une "refondation démocratique" et dénonçait un système "à bout de souffle".

Ce départ constitue un coup dur pour Issa Tchiroma Bakary, dont l'ancrage et l'influence dans le Grand Nord reposaient en grande partie sur l'impact et les vastes réseaux de ce fidèle désormais dissident. Yerima Dewa était considéré comme l'un des principaux artisans du maillage territorial du FSNC dans les régions septentrionales, zones stratégiques pour toute ambition présidentielle au Cameroun.

La défection intervient alors que la bataille pour le contrôle de l'électorat du septentrion s'intensifie. Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), mise également sur cette région pour consolider ses chances face au pouvoir en place. L'affaiblissement du FSNC pourrait paradoxalement servir les intérêts du RDPC au pouvoir, en fragmentant davantage l'opposition dans ces régions clés.

Bien que les motifs officiels du départ n'aient pas été rendus publics, des sources proches du dossier évoquent des divergences stratégiques majeures concernant l'approche à adopter face à la présidentielle. Certains cadres du parti auraient remis en question la pertinence de la candidature de Tchiroma Bakary, estimant qu'elle risquait d'affaiblir l'opposition globale face au candidat du pouvoir.
Ces tensions internes reflètent les défis auxquels font face les nouvelles formations politiques au Cameroun, prises entre la nécessité de se démarquer du système en place et les impératifs de rassemblement de l'opposition.

Cette scission pourrait annoncer d'autres mouvements au sein du paysage politique camerounais. D'autres figures du FSNC pourraient suivre l'exemple de Yerima Dewa, fragilisant encore davantage une formation qui peinait déjà à s'imposer face aux mastodontes que sont le RDPC et le MRC.

L'avenir dira si Issa Tchiroma Bakary parviendra à maintenir la cohésion de son mouvement et à préserver ses ambitions présidentielles, ou si cette défection marque le début d'un effritement plus large de son projet politique. Dans tous les cas, cette scission redessine une fois de plus les contours d'une campagne présidentielle qui s'annonce déjà complexe et imprévisible.