Après l'invalidation de sa candidature par Elecam, Maurice Kamto se retrouve seul face à ses difficultés, ses anciens alliés sur le code électoral ayant tous obtenu leur qualification pour la présidentielle du 12 octobre.
L'éviction de Maurice Kamto de la liste provisoire des candidats à la présidentielle camerounaise a mis en lumière un phénomène politique révélateur : l'isolement croissant de celui qui était considéré comme le principal opposant au régime de Paul Biya. Une situation que Valère Bessala a décryptée sans détour dans l'émission "Le Club" sur Bnews1.
"Tous ceux avec qui Maurice Kamto partageait l'idée d'un nouveau code électoral consensuel sont aujourd'hui candidats. Personne ne le soutient dans ce qui lui arrive. Je n'ai vu aucune dénonciation", a observé Valère Bessala, pointant du doigt l'attitude de l'opposition camerounaise face aux déboires de l'ancien candidat du MRC.
Cette analyse met en perspective un paradoxe saisissant : alors que Maurice Kamto était au cœur des revendications pour une réforme électorale, ses anciens compagnons de lutte se sont tous retrouvés sur la liste des candidats retenus par Elecam, sans qu'aucun ne prenne publiquement sa défense.
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L'absence de solidarité observée par Valère Bessala est d'autant plus frappante que l'invalidation de Maurice Kamto soulève des questions sur les manipulations politiques présumées. Le document d'Elecam fait état de soupçons concernant l'intervention du ministre Paul Atanga Nji dans l'émergence soudaine de Dieudonné Yebga au sein du Manidem, créant la "pluralité de candidatures" qui a servi de prétexte au rejet du dossier de Kamto.
Malgré ces éléments troublants, aucune voix significative de l'opposition n'a publiquement dénoncé ce qui pourrait s'apparenter à une manœuvre d'éviction orchestrée.
Cette situation révèle peut-être une recomposition profonde de l'opposition camerounaise. Après des années à graviter autour de la figure de Maurice Kamto, les autres leaders semblent désormais prêts à assumer leur propre destin politique, quitte à laisser derrière eux celui qui était considéré comme leur porte-étendard.
Le recours que Maurice Kamto s'apprête à déposer devant le Conseil constitutionnel dira si cet isolement est temporaire ou s'il marque définitivement la fin d'une époque dans l'opposition camerounaise. En attendant, les tractations entre les candidats retenus peuvent commencer, et il apparaît déjà que ces discussions se feront sans Maurice Kamto.
L'analyse de Valère Bessala souligne une réalité cruelle de la politique : dans la course au pouvoir, les solidarités d'hier peuvent rapidement s'effacer face aux opportunités d'aujourd'hui. Pour Maurice Kamto, l'épreuve de l'exclusion révèle non seulement les limites de son influence, mais aussi la fragilité des alliances politiques qu'il croyait avoir tissées autour de ses idées de réforme électorale.