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Actualités of Wednesday, 1 March 2023

Source: L'Oeil du Sahel N°1767

Maroua : Le Principal du Collège Jacques de Bernon accusé d'abus sexuels et autres

Collège Bilingue Jacques de Bernon Collège Bilingue Jacques de Bernon

Des parents ont saisi l'évêque par correspondance pour également dénoncer d'autres déviances des responsables de cet établissement.

Un climat délétère règne au college bilinque Jacques de Bernon (Cbib) de Maroua. Des accusations d'abus sexuels sur les élèves et autres pratiques peu orthodoxes, sont portées contre le Principal de l'établissement, le Père Stephan Modegoan et ses collaborateurs. L'affaire fait grand bruit au sein de la communaute educative et est abondamment relayée sur les réseaux sociaux. De fait, des parents d'élèves son vent debout contre le principal et ses collaborateurs. Plusieurs chefs daccusations sont formulées contre les responsables du collège. Les accusations sont contenues dans une correspondance que des parents reunis au sein dun collectif pour l'amélioration de l'encadrement de l'enseignement et de la formation morale au Cbjb, ont adressé à lévêque du diocèse de Maroua-Mokolo, monseigneur Bruno Ateba Édo.
Datée du 15 février 2023 elle a pour objet : Lettre ouverte des parents sur les deviances des encadreurs et formateurs observées au collège privé bilingue Jacques de Bernon. Dès l'entame de leur correspondance, les parents clarifient leur démarche en précisant qu'elle ne soit pas interprétée comme une guerre ouverte ou un acharnement contre Collège Jacques de Bernon, ni contre
son dirigeant. "Nous voulons qu'elle soit comprise comme un élan de solidarité et une contribution visant d'une part, à améliorer le fonctionnement global du collège qui nous est si cher, et d'autre part, à veiller aux valeurs morales de référence pour nos entants qu'on a toujours reconnus aux institutions confessionnelles en général et celles de l'église catholique en particulier" , indiquent-t-ils.

Quatre principaux griefs sont relevés par les parents. Ils vont de la perte des valeurs morales au collège, au recrutement des élèves, en passant par la dégradation de la qualité des enseignements dispensés, la baisse générale des performances, et l'application du règlement intérieur du collège.
Chaque grief est illustré par des exemples patents. Au sujet de la perte des valeurs morales au collège, les signataires de la lettra dénoncent le harcèlement sexuel. "Plusieurs jeunes filles ont clairement déclaré avoir été victimes d'attouchements sexuels, de harcèlement, ou pis encore, déclarent entretenir des relations sexuelles avec les hauts responsables de collège en
soutane. Consentantes ou non, elles restent des mineures confiées a une structure scolaire catholique pour être éduquées et formées comme des citoyens qui seront utiles à leur pays et non pour être dépravées. Cette pratique est immorale, illégale et va à l'encontre de tous les principes d'encadrement des adolescentes"
, fulminent les parents.


Proximité malsaine

Lesquels fustigent également, la flambée des violences verbales à l'endroit des élèves de la part du Principal, une trop grande proximité entre les encadreurs et les élèves, la multiplication des activités festives n'ayant aucune valeur éducative et le goût prononcé du Principal pour l'argent.
«Tout tourne autour de l'argent. Les parents sont sollicités à la moindre occasion. Un forum WhatsApp, "les amis du père Stéphan", a été créé et des parents identifiés sur le volet pour leur rang social, ont été ajoutes. Ils sont sollicités financièrement» .

S'agissant du recrutement des élèves au collège, il se faisait auparavant par test, mais aujourd'hui, selon les parents, force est de constater «le monnayage honteux des places» qui a pour conséquences les effectifs pléthoriques dans les salles de classe et la montée en puissance de l'indiscipline.

En ce qui concerne la dégradation de la qualité des enseignements dispensés et de la baisse générale des performances, elles résultent du départ de plusieurs enseignants qualifiés et compétents.
Départ dû à « Un climat social délétère, des mésententes permanentes avec le Principal».

Conséquence : le classement du collège dans le palmarès de l'office du baccalauréat du Cameroun (8e rang au niveau national) a dégringolé depuis quelques années. Enfin, quant au règlement intérieur du collège, son «application est hasardeuse», pestent les parents. A titre d'illustration «un enfant qui escalade le mur est appelé à apporter plusieurs sacs de ciment. Un enfant qui cueille une mangue dans le verger du Cbjb doit payer au minimum 500F (classe de sixième) et maximum 3500F (classe de terminale)». Et les parents de s'interroger «Qui punit-on, le parent ou l'élève ?
Quelle leçon doit tirer l'élève de cette sanction ?».

D'après le collectif pour l'amélioration de l'encadrement de l'enseignement et de la formation morale au Cbjb, avant de saisir l'évêque par une lettre, des démarches avaient été entreprises sans succès.
«Chacun de nous a essayé à sa façon, à son niveau, avec les moyens dont il dispose d'attirer l'attention du président de l'Apee et du principal. Mais rien n'a changé. Au contraire, d'année en année, la situation n'a pas arrêté de se dégrader» .
Joint au téléphone, le Principal du collège Jacques de Bernon n'a pas voulu se prononcer sur les accusations formulées à son encontre. Le Père Stéphan Modegoan nous a répondu laconiquement, «Je n'ai aucun commentaire à faire sur ce sujet. Ils ont déposé la correspondance chez l'évêque.
Moi je ne l'ai pas reçu. Mais l'évêque nous a rassemblé. Je m'en tiens à ce qu'on s'est dit avec eux devant l'évêque. Je ne me prononce pas sur les accusations. Ils ont dit ce qu'ils ont dit. Ça va»
.


Réunion tripartite

Après avoir reçu la lettre des parents, l'évêque du diocèse de Maroua-Mokolo a convoqué une réunion tripartite le 23 février 2023 qui s'est tenue à la procure. Y ont pris part, outre Monseigneur Bruno Ateba Edo, six parents, le principal du collège et son collaborateur l'aumônier des élèves, le Père Christian, et le président de l'Apee, le Pr Tchinabi, accompagné de son secrétaire financier, Dr Vandou. De fait, la réunion était une confrontation entre les plaignants et les mis en cause. Selon le compte-rendu de la rencontre dont nous avons obtenu une copie, les échanges ont été par moment tendus. «Le principal à son tour a pris acte des faits et se remet à la diligence de sa hiérarchie (Évêque) sans mots de plus» , peut-on lire dans le rapport. Côté parents, c'est la déception. Au terme de la réunion, l'évêque n'a pris aucune mesure à l'encontre du mis en cause malgré les chefs d'accusations qui pèsent sur lui.
«L'évêque nous a simplement dit de prier pour les prêtres mis en cause. Il faut les accompagner. Nous sommes en période de carême» , a confié sous cape un parent.