Actualités of Tuesday, 2 December 2025

Source: www.camerounweb.com

Marc Brys brise le silence : "Une décision illégale et ridicule"

L'ex-sélectionneur des Lions Indomptables accuse Samuel Eto'o d'avoir profité de sa réélection pour un coup de force


Quelques jours après son limogeage de la tête de la sélection camerounaise, Marc Brys a rompu le silence. Dans des propos rapportés par les médias belges Sporza et DHnet, le technicien belge ne mâche pas ses mots et livre une charge virulente contre Samuel Eto'o, président de la FECAFOOT, qu'il accuse d'avoir orchestré un véritable coup de force.

Marc Brys situe le début de cette offensive contre lui juste après la réélection de Samuel Eto'o à la présidence de la FECAFOOT. Une réélection obtenue avec 85 voix sur 87, dans un scrutin où aucun autre candidat ne s'était présenté face à l'ancienne légende des Lions Indomptables.


« Récemment, le grand président Samuel Eto'o a vu son mandat prolongé de quatre ans. Il n'y avait d'ailleurs pas d'autres candidats », déclare l'ex-sélectionneur avec une pointe d'ironie évidente. Pour lui, cette absence totale d'opposition a donné carte blanche à Eto'o pour mettre en œuvre un plan qu'il aurait préparé de longue date.


Le ton monte lorsque Marc Brys qualifie son limogeage et le remaniement complet du staff. « J'ai le sentiment qu'il a tiré parti de cette situation pour prendre une décision illégale et ridicule », assène-t-il sans détour.

Le technicien belge va plus loin en accusant le président de la FECAFOOT d'avoir procédé à un véritable nettoyage des structures mises en place par le ministère des Sports : « Il a libéré tous les postes au ministère des Sports, y compris ceux du staff de l'équipe nationale, et les a remis à des collaborateurs de son choix. »

"On ne peut pas licencier tout le monde sans raison valable"
Sur le fond juridique, Marc Brys conteste fermement la légalité de la procédure : « Licencier tout le monde me semble très illégal. On ne peut pas faire ça sans raison valable. »

Cette position entre en contradiction frontale avec le communiqué de la FECAFOOT qui avait détaillé pas moins de 11 griefs contre lui, allant du refus d'assister aux réunions fédérales jusqu'au détournement présumé de joueurs. Pour Brys, ces accusations ne constituent manifestement pas des "raisons valables" justifiant son éviction.


Mais c'est sur le timing et les compétences du nouveau staff que Marc Brys porte son attaque la plus sévère. « Juste avant un tournoi important pour notre équipe nationale, il les remplace par des personnes qui ne sont pas préparées. Cela ne se fait nulle part ailleurs dans le monde », dénonce-t-il.

Cette déclaration constitue un camouflet direct pour Martin Ndtoungou Mpile et David Pagou, les deux hommes désormais à la tête des Lions Indomptables. En les qualifiant de "personnes non préparées", Marc Brys remet ouvertement en question leurs compétences à diriger l'équipe nationale à quelques semaines d'une compétition aussi importante que la Coupe d'Afrique des Nations.

Ces déclarations confirment, si besoin était, que la relation entre Marc Brys et Samuel Eto'o n'a jamais fonctionné. Dès sa nomination en avril 2024 par le ministère des Sports camerounais, le technicien belge s'était retrouvé dans une situation intenable, pris entre deux autorités qui refusaient de se reconnaître mutuellement.

Samuel Eto'o n'avait jamais caché son opposition à cette nomination qu'il jugeait imposée et illégitime. De son côté, Marc Brys s'était appuyé sur sa désignation ministérielle pour résister aux pressions de la fédération. Neuf mois plus tard, c'est bien Eto'o qui a eu le dernier mot.

Malgré ce contexte explosif, Marc Brys laisse un bilan sportif correct : une qualification sans défaite pour la CAN 2025 et des performances globalement satisfaisantes lors des éliminatoires. Seule ombre au tableau, l'élimination lors des barrages de qualification pour la Coupe du monde 2026 face à la République Démocratique du Congo.

La FECAFOOT considère d'ailleurs que cette non-qualification mondiale fait partie des conséquences de ses "manquements professionnels". Un argument que Brys conteste implicitement en soulignant que son remplacement intervient "juste avant un tournoi important", suggérant que les résultats sportifs n'étaient pas le véritable problème.

En évoquant le caractère "illégal" de son licenciement, Marc Brys laisse planer le doute sur d'éventuelles suites judiciaires. Le technicien belge dispose-t-il de recours pour contester sa révocation ? Va-t-il saisir les instances du football ou de la justice pour faire valoir ses droits ?
Pour l'instant, aucune action concrète n'a été annoncée, mais le ton employé suggère que Marc Brys n'a pas dit son dernier mot. Le conflit d'autorité initial entre le ministère des Sports (qui l'avait nommé) et la FECAFOOT (qui l'a limogé) pourrait également offrir des arguments juridiques intéressants.

Au-delà du cas Marc Brys, ces déclarations illustrent la mainmise totale de Samuel Eto'o sur le football camerounais. Réélu sans opposition, disposant d'une large majorité au sein de la fédération, l'ancienne star des Lions Indomptables a désormais les mains libres pour imposer sa vision.

Cette concentration des pouvoirs inquiète certains observateurs qui y voient un risque de dérive autoritaire. D'autres, au contraire, estiment que seule une autorité forte peut mettre fin aux ingérences politiques qui ont longtemps parasité le football camerounais.

Quoi qu'il en soit, les mots de Marc Brys et les accusations de la FECAFOOT ne changeront rien à la réalité du terrain : c'est désormais Martin Ndtoungou Mpile et David Pagou qui ont la responsabilité de conduire les Lions Indomptables à la CAN 2025.

Le premier match contre le Gabon, le 21 décembre, sera le premier test pour ce nouveau staff que Marc Brys juge "non préparé". Si le Cameroun décroche un sixième titre continental, les critiques de l'ex-sélectionneur belge seront vite oubliées. En cas d'échec, elles résonneront longtemps comme un avertissement non écouté.