Le déplacement de la sélection camerounaise au Cap-Vert pour affronter les Requins Bleus révèle une fois de plus les dérives du ministère des Sports. Derrière la mission officielle se cache une délégation pléthorique où népotisme et gaspillage des fonds publics semblent primer sur l'efficacité sportive. Enquête sur un système qui transforme chaque déplacement des Lions Indomptables en une coûteuse opération de complaisance.
Praia : Quand le MINSEP transforme la tanière des lions en colonie de vacances
Le ministre des Sports et de l’Éducation physique semble désormais résolument tourné vers la spoliation et la dilapidation des deniers publics, non pas pour l’intérêt du football camerounais, mais pour satisfaire ses propres ambitions et celles de ses proches, collaborateurs, amis et même parents. L’exemple de Praia est une illustration criante de cette dérive.
Quatre employés du MINSEP ont été envoyés en mission officielle au Cap-Vert. Mais pour quoi faire exactement ? Quelle est leur véritable contribution dans la quête de victoire des Lions Indomptables ? Quand on gratte la surface, on découvre une mission qui ressemble davantage à un voyage d’agrément déguisé qu’à un déplacement professionnel.
Certes, on pourrait comprendre la présence de Cyrille Tollo Batoum, représentant du MINSEP, ou encore celle de Sango Léon, directeur des sports de haut niveau. Mais pourquoi faut-il y ajouter deux autres cadres dont la présence est superflue, voire totalement injustifiée ?
• Hervé Mveng, sous-directeur de la préparation et des sportifs de haut niveau, qui fait doublon avec Sango Léon.
• Didier Lobe Keller, chef de service des relations sportives internationales, par ailleurs neveu du ministre Mouelle Kombi, dont la mission ressemble plus à une faveur familiale qu’à une nécessité sportive.
Ces deux responsables n’ont pourtant pas été choisis au hasard. Tout le monde se souvient qu’en avril 2024, le ministre Narcisse Mouelle Kombi les avait illégalement nommés respectivement comme coordonnateur adjoint des sélections nationales et agent de liaison, avant que ces nominations ne soient annulées le 1er octobre de la même année. Praia apparaît donc comme une revanche : ce voyage est une manière de les récompenser et de continuer à imposer leur présence coûte que coûte autour des Lions.
La comparaison avec l’époque de Samuel Eto’o est édifiante. Le président de la FECAFOOT avait pris la décision de réduire drastiquement les délégations pour ne conserver que les personnes utiles au bon fonctionnement de l’équipe nationale. À ce moment-là, seul le représentant du MINSEP accompagnait officiellement la sélection. Résultat : discipline, rationalisation et économies. Mais depuis l’arrivée de Marc Brys, le vieux système a refait surface : il fallait à nouveau remplir les avions, multiplier les réservations d’hôtels et créer des prétextes pour justifier des dépenses injustifiées.
Le plus scandaleux reste le déséquilibre entre le rôle de la FECAFOOT et celui du MINSEP. Pour un simple match préparé par la Fédération, cette dernière se contente d’envoyer deux représentants. Pendant ce temps, le ministère envoie six personnes, sans compter les marabouts et les autres invités « spéciaux ». Voilà la véritable hiérarchie : les fonctionnaires, les courtisans et les charlatans passent avant les principaux concernés, à savoir les joueurs et le staff technique.
Cette situation est une gifle au peuple camerounais qui finance, à travers ses impôts, cette gabegie sans précédent. Praia n’est pas seulement une étape sportive des Lions Indomptables, c’est aussi devenu le symbole d’un système de prédation où l’argent public est détourné au profit d’un clan. Et tant que cette logique perdurera, le football camerounais ne pourra jamais se hisser au niveau qu’il mérite.