Actualités of Tuesday, 9 September 2025
Source: www.camerounweb.com
Jeune Afrique révèle en exclusivité les dessous du conflit de légitimité qui déchire le Manidem depuis 2017 et comment cette bataille judiciaire a servi de piège fatal à l'opposant Maurice Kamto
Derrière l'éviction spectaculaire de Maurice Kamto de la course présidentielle se cache une guerre juridique méconnue qui déchire le Mouvement pour l'indépendance démocratique du Cameroun (Manidem) depuis huit ans. Jeune Afrique révèle aujourd'hui comment ce conflit de légitimité, savamment instrumentalisé, est devenu l'arme fatale qui a terrassé l'opposant le plus redoutable du régime de Paul Biya.
Selon une enquête exclusive de Jeune Afrique, tout commence en juillet 2017, lors du troisième congrès du Manidem à Yaoundé. Dans l'indifférence générale, deux hommes se disputent âprement le contrôle d'un parti alors considéré comme marginal : Dieudonné Yebga, président officiel depuis 2014, et Anicet Ekane, figure montante aux ambitions affirmées.
Le conflit, initialement cantonné aux arcanes politiques, prend une tournure juridique complexe. Les révélations de Jeune Afrique montrent que Yebga, fort de sa légitimité statutaire, prône une stratégie offensive contre le régime Biya. Ekane, plus pragmatique, privilégie une approche graduelle qui lui permet de gagner progressivement du terrain.
Nos sources exclusives chez Jeune Afrique révèlent qu'en 2018, Ekane remporte une victoire symbolique cruciale : il obtient la reconnaissance officielle du ministère de l'Administration territoriale dirigé par Paul Atanga Nji. Son nom apparaît désormais sur le site officiel comme "président du comité directeur du Manidem".
Jeune Afrique dévoile que cette reconnaissance administrative contenait en germe le piège qui allait se refermer sur Maurice Kamto sept ans plus tard. En effet, la formulation retenue par le ministère - "président du comité directeur" - ne correspond à aucun poste prévu dans les statuts originels du parti.
Cette subtilité juridique, négligée à l'époque, devient l'argument central de Dieudonné Yebga pour contester la légitimité d'Ekane. Selon les révélations exclusives de Jeune Afrique, les avocats de Yebga considèrent que cette reconnaissance administrative est "nulle et sans effet" car elle se fonde sur un poste inexistant.
Pendant des années, cette bataille juridique reste théorique. Ekane multiplie les apparitions publiques, participe aux séminaires d'Elecam, est invité par l'ONU en tant que président du Manidem. Sa légitimité semble acquise. Jeune Afrique révèle que Yebga, retiré dans son village de Nkenglikok, semble avoir renoncé à faire valoir ses droits.
L'enquête exclusive de Jeune Afrique dévoile comment la candidature de Maurice Kamto a réactivé ce conflit endormi. En juillet 2025, quand l'avocat star de l'opposition négocie son ralliement au Manidem d'Ekane, personne ne pense à ce contentieux vieux de huit ans.
Nos investigations menées par Jeune Afrique révèlent que la résurrection soudaine de Yebga ne doit rien au hasard. Des sources proches du dossier, contactées par Jeune Afrique, évoquent l'intervention directe de Paul Atanga Nji, ministre de l'Administration territoriale et spécialiste des "dossiers exhumés".
La stratégie est implacable : réveiller un conflit juridique oublié au moment précis où il peut faire le plus de dégâts. Selon les révélations de Jeune Afrique, l'opération aurait été minutieusement planifiée pour exploiter les failles de la législation sur les partis politiques.
Jeune Afrique révèle en exclusivité les détails troublants de la manipulation du site du ministère de l'Administration territoriale. Dans la nuit du 20 au 21 juillet, quelques heures avant la clôture des candidatures, le nom d'Ekane disparaît mystérieusement de la liste officielle des dirigeants de parti.
Nos sources chez Jeune Afrique confirment que cette modification, présentée comme un "piratage" par l'administration, intervient avec un timing parfait pour légitimer la candidature surprise de Yebga. L'enregistrement téléphonique obtenu par Jeune Afrique montre que cette opération était planifiée et coordonnée.
Un membre du Manidem proche d'Ekane, joint par Jeune Afrique, dénonce : "C'est une manipulation grossière du système informatique de l'État pour justifier un coup politique. Comment peut-on croire au hasard quand tout se déroule avec une précision chirurgicale ?"
L'analyse exclusive de Jeune Afrique met en lumière les failles du système juridique camerounais en matière de gestion des partis politiques. La coexistence de deux légitimités - statutaire pour Yebga, administrative pour Ekane - crée un vide juridique parfaitement exploitable.
Selon les révélations de Jeune Afrique, cette situation de double légitimité n'est pas unique au Manidem. Plusieurs formations politiques camerounaises vivent des situations similaires, créant un arsenal potentiel pour neutraliser des candidatures gênantes.
Le cas du Manidem révèle ainsi comment des conflits internes apparemment bénins peuvent être instrumentalisés des années plus tard. Jeune Afrique a pu constater que cette tactique pourrait faire école dans d'autres contextes électoraux.
Ekane, l'homme qui croyait à sa légitimité
Dans une interview exclusive accordée à Jeune Afrique, Anicet Ekane exprime son amertume face à ce qu'il considère comme une trahison institutionnelle. "Pendant huit ans, j'ai représenté le Manidem dans toutes les instances officielles. L'ONU m'invitait, Elecam me reconnaissait. Comment peut-on m'expliquer aujourd'hui que je n'étais pas légitime ?"
Jeune Afrique révèle que Ekane dispose d'une documentation fournie prouvant sa reconnaissance internationale et nationale comme dirigeant du Manidem. Invitations officielles, correspondances administratives, participations à des forums : tout atteste de sa légitimité de facto.
Cette légitimité d'usage, construite patiemment pendant des années, s'effrite en quelques heures face à la résurrection opportune d'une légitimité statutaire oubliée. Selon nos sources chez Jeune Afrique, Ekane envisage désormais des recours juridiques pour faire valoir ses droits.
L'enquête de Jeune Afrique révèle que l'affaire Manidem illustre parfaitement les méthodes sophistiquées de contrôle politique. Plutôt que d'interdire frontalement une candidature, le pouvoir exploite les contradictions juridiques pour créer une situation d'invalidation "technique".
Cette stratégie présente l'avantage de paraître neutre et légale, tout en étant parfaitement efficace. Jeune Afrique a pu constater que Maurice Kamto, pourtant rompu aux subtilités juridiques, n'avait pas anticipé ce piège pourtant prévisible.
Le conflit du Manidem montre ainsi comment des années de patience politique peuvent aboutir au moment opportun à l'élimination d'un adversaire redoutable. Une leçon que retiendront sans doute les futures ambitions présidentielles au Cameroun.