Dieudonné Yebga revendique également la présidence du parti, créant une situation inédite pour l'élection présidentielle de 2025


Le Mouvement pour la Nation et le Développement (MANIDEM) traverse une crise de leadership majeure qui pourrait compromettre l'investiture officielle du Professeur Maurice Kamto pour l'élection présidentielle d'octobre 2025. Alors qu'Anicet Ékanè se présente comme le président légitime du parti, Dieudonné Yebga revendique lui aussi ce titre, créant une situation de bicéphalisme inédite.


Cette dualité au sommet du MANIDEM soulève des questions juridiques complexes. Selon nos informations, Dieudonné Yebga, qui conteste la légitimité d'Anicet Ékanè, pourrait également se porter candidat à la présidentielle, créant ainsi une situation kafkaïenne où un même parti pourrait théoriquement présenter deux candidats.

Pour justifier sa position, le camp d'Anicet Ékanè brandit un document signé par le ministre de l'Administration territoriale Paul Atanga Nji, reconnaissant officiellement Ékanè comme dirigeant du MANIDEM. Cependant, les observateurs rappellent que des situations similaires ont déjà créé des précédents complexes, notamment avec le cas du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) et l'Assemblée générale de Guidiguis qui avait investi Cabral Libii, malgré les contestations ultérieures.


L'un des points cruciaux de cette affaire concerne les modalités légales d'investiture. En effet, la réglementation camerounaise stipule qu'un parti politique ne peut investir le dirigeant d'une autre formation sans démission préalable de ce dernier. Cette règle soulève des interrogations sur la validité de l'investiture du Professeur Maurice Kamto par le MANIDEM.

Plus problématique encore, il semblerait qu'Anicet Ékanè n'ait pas encore transmis au ministère de l'Administration territoriale les procès-verbaux de l'assemblée générale du MANIDEM qui a officiellement désigné Maurice Kamto comme candidat à la présidentielle. Cette carence administrative pourrait fragiliser juridiquement la candidature du leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC).


Selon plusieurs sources, Dieudonné Yebga ne compte pas rester spectateur de cette situation. L'ancien cadre du MANIDEM serait actuellement en train de constituer son propre dossier de candidature à l'élection présidentielle, exploitant les failles juridiques de la situation actuelle.

Cette démarche s'inscrit dans une stratégie plus large de contestation de la légitimité d'Anicet Ékanè et pourrait déboucher sur une bataille juridique complexe devant les instances compétentes.



Cette crise interne au MANIDEM intervient à un moment crucial, à quelques mois seulement de l'élection présidentielle. Les "7 milliards" évoqués dans les cercles politiques - probablement une référence aux coûts de campagne - risquent de se perdre dans des "négociations boiteuses" si la situation n'est pas clarifiée rapidement.

Pour régulariser sa position, Anicet Ékanè devra impérativement transmettre au MINAT les procès-verbaux officiels de l'assemblée générale ou du comité restreint qui a choisi d'investir le "Professeur Yango" (surnom de Maurice Kamto), accompagnés de la liste de présence effective et des signatures des membres du parti.

Cette situation illustre une fois de plus les défis auxquels font face les partis politiques camerounais, pris entre ambitions personnelles et contraintes juridiques, dans un contexte électoral de plus en plus tendu.