Actualités of Thursday, 16 October 2025

Source: www.camerounweb.com

Lourdes conséquences : l'édifice qu'il ne fallait surtout pas brûler à Dschang

Image chargée d'histoire Image chargée d'histoire

Les populations ont brûlé beaucoup d'édifices à Dschang. Parmi eux se trouvent des infrastructures sacrées de par l'histoire qui les représente. L'éditeur Benjamin Zebaze revient particulièrement sur l'un d'entre elles. Il a la nostalgie.

Mon cœur saigne, je crois que je vais prendre un ou deux jours de repos en dehors de Facebook. En regardant ces images de la maison du parti de ma ville natale Dschang, j'ai ressenti une terrible blessure : c'est un peu comme si c'était mon père, Simeon Zebaze, qu'on brûlait.

J'ai regardé depuis lors cette photo autour des années 1970 à plusieurs reprises ; on y voit mon père derrière l'inspecteur fédéral (ancêtre du gouverneur) Gilbert Andze Tsoungui, coordonnant la cérémonie marquant la pose de la première pierre de la maison du parti de Dschang.

Homme fort du département de la Menoua en tant que patron du parti UNC et député rural, il était en charge d'assurer la bonne gestion des 800 000 francs CFA de subvention accordée par le parti et les cotisations de tous les travailleurs originaires de la Menoua.

Il fallait voir toute la classe politique locale travailler bénévolement, avec leurs enfants, pour réussir ce projet ; ma mère, présidente des femmes de l'UNC préparer à manger pour les travailleurs tous les midis.

Et vint l'inauguration avec cet hélicoptère du président Ahidjo soulevant de la poussière à l'aérodrome de Dschang ; nous, jeunes élèves du primaire "massacrant" l'hymne national sans rien y comprendre.

Juste devant l'édifice actuel, une tribune sommaire et un Ahidjo assis sur un fauteuil sorti de notre salle de séjour ; la voix de "stentor" qu'on aimait et redoutait en même temps, dominant l'atmosphère.

Et cette cérémonie de clôture dans la nuit... mon père me raconta par la suite un échange entre le chef de l'État et lui, alors qu'il faisait le tour de table pour prononcer un mot aimable envers leurs occupants.

- Ahidjo : Comment allez-vous monsieur le député ?

- Mon père : Bien, seulement, les temps sont durs.

- Ahidjo : Qui est à vos côtés ?

- Mon père : mon petit frère, le pharmacien Panka.

- Ahidjo : Finalement vous voulez quoi Simeon ? Votre cadet est l'unique pharmacien de la Menoua et des Bamboutos...

Puis il s'en alla vers d'autres tables à la stupéfaction de mon père surpris qu'il maitrise ce détail. En ce temps, le pays était tenu : voilà que des irresponsables qui veulent tromper le président de la République actuel en faussant les élections ont provoqué la destruction d'un édifice que tous nos parents de la Menoua ont bâti en faisant couler beaucoup de leur sueur. Que Dieu et nos ancêtres sachent comment les punir très sévèrement.