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Actualités of Friday, 11 May 2018

Source: Repères n°640

Longévité au pouvoir: le jour où Biya a remis François Hollande à sa place

Les deux chefs d'Etat avaient animé une conférence de presse en juillet 2015 Les deux chefs d'Etat avaient animé une conférence de presse en juillet 2015

Jacques Chirac était jusqu’alors le dernier chef d’Etat français à visiter le Cameroun. Une visite qui remontait à 2001. Nicolas Sarkozy, son successeur, avait la dent particulièrement dure contre certains dirigeants africains, parmi lesquels Paul Biya. Aussi, à maintes reprises, il survole le ciel camerounais, allant chez les voisins, mais évite notre pays.

Après lui François Hollande arrive au pouvoir et décide enfin de faire un détour par Yaoundé, non sans embarquer dans son avion des journalistes ayant visiblement pour mission d’évoquer la longévité de Paul Biya au pouvoir. Le chef d’Etat français a abordé la question quelques heures plus tôt au Bénin. Le 3 juillet 2015, les deux chefs d’Etat sont face aux hommes de médias. La phase des questions est lancée.

Un journaliste français se saisit du micro et précise que sa question est adressée au président camerounais : « Vous êtes au pouvoir depuis 1982, ce qui fait qu’aujourd’hui vous êtes un des présidents les plus anciens de la planète. Vous avez été élu plusieurs fois, vous avez fait plusieurs septennats et effectivement la Constitution camerounaise ne limite pas le nombre de mandats. Il y aura un prochain mandat dans trois ans, je voudrais savoir, déjà dans quel état vous êtes, est-ce que vous imaginez que, encore un mandat serait le bienvenu, est-ce que vous pensez plutôt passer la main et considérer qu’une retraite serait méritée ? Dans quel état d’esprit vous êtes aujourd’hui ? ».

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Paul Biya qui jusque-là note les questions lève la tête, esquisse un sourire en direction de François Hollande, et déclare, après les civilités d’usage : « Je commencerai par dire, ne dure pas au pouvoir qui veut. Mais dure qui peut. » Le président de la République ne s’arrête pas là.

« Je ferai une deuxième observation. C’est que je n’ai pas acquis le pouvoir de manière dictatoriale. J’ai toujours été élu par mon peuple et en ce moment je suis en train de terminer un mandat qui m’a été donné par le peuple et d’ailleurs, il y avait d’autres candidats à cette élection. Je les ai gagnés. C’est pour dire que les élections présidentielles camerounaises de 2018 sont certaines, mais encore lointaines.

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Nous avons le temps de réfléchir et le moment venu, les Camerounais, les amis français et du monde sauront si je suis candidat ou si je prends ma retraite », lâche Paul Biya qui n’a cessé de porter son regard non pas sur le journaliste mais sur François Hollande. Le passage de l’ancien président français à Yaoundé avait pourtant été riche en déclarations, comme l’aveu de la France sur les atrocités commises au Cameroun par les forces françaises lors de la quête de l’indépendance, l’annonce de la déclassification des archives y relatives par Paris – toujours attendue – et le désir de la France de densifier sa coopération avec le Cameroun. Mais de toute cette visite, le fait qui a occulté toutes les déclarations de bonne intention reste sans doute ce fameux coup de gueule : «Ne dure pas au pouvoir qui veut, mais dure qui peut ».