Actualités of Thursday, 4 September 2025

Source: www.camerounweb.com

"Lock chou" : comment un concept forgé par Patrice Nganang révolutionne la conscience politique bamiléké

Patrice Nganang Patrice Nganang

L'enquête exclusive de Jeune Afrique révèle les mécanismes profonds d'une prise de conscience communautaire sans précédent. Derrière les débats sur la "bamiphobie" se cache une révolution culturelle menée par les intellectuels de la diaspora bamiléké, avec en tête l'écrivain Patrice Nganang et son concept révolutionnaire du "Lock chou".


Les investigations menées par Jeune Afrique dans les cercles intellectuels bamilékés révèlent l'existence d'une stratégie de long terme visant à briser ce que Patrice Nganang appelle le "Lock chou" - littéralement "Tais-toi" en pidgin camerounais. Ce mécanisme d'auto-censure, inculqué aux Bamilékés "dès le berceau" selon les termes de l'écrivain, constitue selon lui l'héritage le plus pervers de la répression coloniale et postcoloniale.



L'enquête exclusive de Jeune Afrique révèle comment cette prise de conscience s'exprime désormais publiquement. La chanteuse Kareyce Fotso, dans des déclarations obtenues par nos équipes, livre un témoignage saisissant : "Moi, j'affirme ma soif de changement. Et je peux vous dire que ma mère m'a toujours dit de me taire. Le nombre de fois que mes oncles m'ont rappelé que je dois faire attention à moi… En tant que bamiléké, on ne me pardonnera pas de parler."
Ces révélations de Jeune Afrique mettent en lumière un phénomène sociologique majeur : la transmission intergénérationnelle de la peur politique au sein des familles bamilékés. "Dans mon pays ? Eh bien non : à ma famille comme à tous ceux qui me répètent ces phrases, je réponds que vous vous tairez sans moi", poursuit l'artiste, incarnant cette nouvelle génération qui refuse l'héritage du silence.


Les sources consultées par Jeune Afrique révèlent que cette rupture du "Lock chou" s'inscrit dans un projet politique plus vaste. Patrice Nganang, depuis son poste d'enseignant à l'université de New York, théorise une "mission dévolue aux jeunes générations de Bamilékés" qu'il appelle explicitement "à se lancer à la conquête du pouvoir politique".


Cette stratégie, dont Jeune Afrique révèle l'existence, dépasse le simple cadre de la revendication ethnique. Elle vise à transformer radicalement le rapport des Bamilékés au pouvoir, en passant d'une logique de soumission héritée des traumatismes historiques à une ambition politique assumée.


L'enquête de Jeune Afrique révèle également les tensions que génère cette nouvelle conscience politique. Des universitaires comme Kareyce Fotso tentent de prendre leurs distances avec le débat ethnique : "Maurice Kamto n'est pas le premier candidat bamiléké à la présidence. Il y en a eu d'autres avant lui. Mais ils n'ont pas eu l'adhésion massive des fils et filles bamiléké, parce qu'on n'adhère pas à une tribu : on adhère à une vision, à un programme."


Cependant, les investigations de Jeune Afrique montrent que cette distinction entre conscience politique et solidarité ethnique reste fragile. La mobilisation actuelle autour du rejet de la candidature Kamto révèle l'existence d'une solidarité communautaire qui transcende les clivages politiques traditionnels, confirmant l'efficacité de la stratégie théorisée par Nganang pour briser définitivement le "Lock chou" bamiléké.